Charles Gounod,
Mireille, 1864
Radio Classique
Dimanche 19 août 2007 à 21h
Mireille, d’après Frédéric Mistral, affirme, avant Roméo et Juliette
(1867), le génie de Charles Gounod, ses dons de mélodiste et
d’orchestrateur. Ouvrage peu joué et pourtant puissant et original, Mireille
reste l’un des
chefs-d’oeuvre lyriques d’une écriture spécifiquement française,
en dehors des codes italiens et des modèles germaniques, en
particulier wagnérien. Radio Classique tout en diffusant un opéra
provençal, opportun pendant l’été, souligne en Gounod, l’alchimiste qui
sait fondre idéalement la prosodie
française dans le flux musical.
Génie mélodiste et orchestrateur
Gounod, pensionnaire à la Villa Medicis, se lie à Rome avec la soeur de Mendelssohn qui lui révèle les auteurs germaniques. Fortement inspiré par les lieder de Schubert, le musicien français compose ses premières mélodies dès 1842, à 24 ans, léguant avec Berlioz, les premiers éléments fondateurs du genre. Gounod s’impose dès ses premières oeuvres en poète comme en dramaturge, habile dans l’accord ténu du verbe et de la note.
Tenté par les ordres, le compositeur se tourne vers le théâtre et écrit son premier opéra, Sapho en 1851 pour Pauline Viardot. La Nonne sanglante (1854) malgré la défense de Théophile Gaultier, est un échec. Heureusement, Faust donné en 1859 à l’Opéra-Comique est un triomphe. Mireille, d’après l’écrivian provençal, Frédéric Mistral (1830-1914), affirme son don de mélodiste et d’orchestrateur. L’ouvrage injustement méconnu, annonce le génie de Roméo et Juliette (Théâtre Lyrique, 1867) dont les quatre duos d’amour sont des chefs-d’oeuvre absolus d’une écriture lyrique spécifiquement française, en dehors des codes italiens et des modèles germaniques, en particulier wagnérien. Son oeuvre largement méconnue à sa juste valeur, en fait un connaisseur subtil de la dramaturgie (argumentée avec esprit dans son essai « Don Juan de Mozart« ), le père spirituel de Fauré et de Bizet. Mélodiste, Gounod sait fondre idéalement la prosodie française dans le flux musical. Outre la perfection de la déclamation musicale, Gounod réinvente
l’orchestre de l’opéra dont les accents modernistes annoncent Chabrier,
Fauré et Bizet.
Synopsis
Mireille est un opéra en cinq actes, d’après le livret de Carré, lui-même s’inspirant du roman de Frédéric Mistral (Mireio, 1859)
(Acte I): Mireille, fille d’un riche propriétaire, aime le pauvre vannier Vincent. L’église des Saintes-Maries de la Mer est le refuge de leur amour. (Acte II): Le riche bouvier Ourrias demande la main de Mireille, mais celle-ci, fidèle à Vincent, refuse son offre. (Acte III): Ourrias provoque Vincent, le laisse mort. Le jeune homme est recueilli par la sorcière Taven cependant que son agresseur est emporté dans les flots du Rhône par un messager infernal. (Acte IV): Le père de Mireille se lamente. La jeune fille apprenant le sort de son aimé, prie aux Saintes-Marie de la Mer, affronte la traversée du désert de la Crau. (Acte V): éreintée par son calvaire désertique, Mireille meurt dans les bras de Vincent, sauvé par Taven.
Illustration
Charles Gounod (DR)