samedi 10 mai 2025

Christian Gerhaher, baryton. Récital de lieder: Mozart, Mahler… Bruxelles. Dimanche 26 octobre 2008 à 20h

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Christian Gerhaher
Baryton

Récital de Lieder

Mozart, Beethoven, Mahler, Hass

Bruxelles, La Monnaie
Dimanche 26 octobre 2008
à 20h

Le lied, rien que le lied
En diseur et en sculpteur du mot comme de sa résonance musicale, le baryton Christian Gerhaher, émule de Dietrich Fischer-Dieskau propose sur la scène de La Monnaie de Bruxelles, un (premier) récital de lieder, de Mozart, Beethoven, à Pavel Haas et Mahler. Chez Mahler, l’interprète souligne la double inspiration, populaire et savante, qui éclaire de façon originale les cycles chantés, Kindertotenlieder (1904) et Knaben Wunderhorn… La talent articulé et le souffle habité du chanteur se mettent au diapason d’une écriture extrêmement raffinée, où la conception du compositeur dépasse la simple évocation populaire (y compris quand il met en musique les poèmes liés à l’enfance et au merveilleux, signés Brentano et Von Arnim pour les Wunderhorn. D’ailleurs, de nombreux lieder n’ont rien de faussement simpliste ou de « naïvement populaire »: le travail de Mahler est tel qu’il a métamorphosé complètement la forme. Et même, il va plus loin comme en témoignent le cycle des Lieder eines fahrenden Gesellen dont Mahler a lui-même écrit les poèmes.
Curieusement, le compositeur si moderniste et visionnaire dans sa musique, reste « classique » dans le choix des poètes choisis: écartant d’emblée ses contemporains, pourtant vénérés tels Dehmel ou Rilke, il préfère les purs romantiques que sont Hans Bethge pour Le chant de la terre (Das Lied von der Erde), et surtout Friederich Rückert (1788-1866) pour le cycle qui porte son nom, les fameux Rückertlieder et les Kindertotenlieder (Le chant des enfants morts).

Mahler et les poètes
Pour autant peut-on nier de la part du musicien, une connaissance sûre et intuitive de la poésie comme l’avait à son époque Robert Schumann, véritable amateur de poésie et fin lettré sur le sujet? La question demeure ouverte. Car Les Kindertotenlieder souligne combien le compositeur a éprouvé la profonde gravité du texte, la dépassant même en musique.
Aux côtés de Mahler, Christian Gerhaher a choisi le premier cycle de lieder connu, signé Beethoven en 1816: An die ferne Geliebte dont l’écriture témoigne de l’essor du sentiment (après les déferlements de la passion propre au baroque). Et même Mozart se montre d’un étonnante modernité, grâce à Adelaide ou Abendempfindung. La construction n’est pas cadrée selon les trophes mais suit exactement le rythme de la parole et les accents naturels des mots, déjà « durchkomponiert », ce qui se traduit dans la fluidité de leurs passages émotionnels. Peut-être plus contrastés et diversifiés que chez Beethoven… Au carrefour des sesnsibilités romantiques et postromantiques, les lieder de Pavel Haas (1899-1944) mort dans -le camp de Theresienstadt (6 mois avant la fin de la guerre) mettent en musique des poèmes chinois.
Souci des lieder, et de la cohérence du programme, Christian Gerhaher illustre aujourd’hui l’esprit de la discipline et aussi de l’austérité propre au chambrisme du récital de lieder. Certains artistes et metteurs en scène désirent lui plaquer une dimension théâtrale voire chorégraphique: avec le baryton germanique, rien de tel. Dans le sillon tracé par Dietrich Fischer-Dieskau, l’essence du travail se situe et demeure dans l’intimité et la proximité texte/musique, voix/piano. Rien d’autre: ni danse, ni mise en scène. Le lied reste le lied.

Programme

Ludwig van Beethoven
An die ferne Geliebte (A. Jeitteles), op.98 (1816)
Adelaide (F. von Matthisson), op.46 (1795-1796)

Pavel Haas
Cínské písne (Quatre lieder sur des poèmes chinois), op.4 (1921)

Wolfgang Amadeus Mozart
Lieder …

Gustav Mahler
Lieder aus „Des Knaben Wunderhorn“ (1889-1907)
Kindertotenlieder (F. Rückert) (1901-1904)
Illustration: Christian Gerhaher (DR)

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