jeudi 24 avril 2025

Christoph von Dohnanyi: Strauss, Schumann Paris, Salle Pleyel. Samedi 22 novembre 2008 à 20h

A lire aussi


Christoph von Dohnanyi
Chef d’orchestre

NDR sinfonieorchester
Hambourg

Samedi 22 novembre 2008 à 20h

Paris, salle Pleyel

Richard Strauss

Till Eulenspiegel, op. 28

Métamorphoses
(pour 23 instruments à cordes solistes)

Entracte

Robert Schumann

Symphonie n° 2 en ut majeur, op. 61

Maestro majeur

Christoph von Dohnanyi est né à Berlin le 18
septembre 1929. Ses parents hongrois lui ont transmis un instinct et
une sensibilité musicale exceptionnelles qui se révèle en particulier
chez Richard Strauss. On se souvient à Paris, ses directions mémorables
d’Arabella sur la scène du Châtelet (avec Thomas Hampson et
Karita Mattila). Un récent dvd édité par TDK en mars 2008 confirme
cette affinité spécifique du chef avec l’univers lyrique de Richard
Strauss (lire notre critique de Ariadne auf Naxos par Christoph von Dohnanyi, 1 dvd TDK).
Etudiant en droit, le jeune homme se passionne très tôt pour la musique
en particulier avec son grand père, Ernst von Dohnanyi qui,
compositeur, lui enseigne les rudiments du piano et de la direction
d’orchestre.
Directeur des opéras de Francfort, en 1972 (où il fut assistant de Sir
Georg Solti), Hambourg (1977-1984) et Lübeck, Christoph von Dohnanyi
s’est taillé une solide réputation de directeur musical et conseiller
artistique en dirigeant, l’Orchestre de Cleveland (1984-2002),
l’Orchestre de Paris (1998-2000). Chef principal de l’Orchestre
Philharmonia de Londres (1997-2008), le maestro est aujourd’hui
directeur de l’orchestre symphonique de la NDR (Sinfonieorchester
Norddeutscher Rundfunk). C’est avec cet orchestre, l’une des plus
importantes phalanges radio symphoniques en Allemagne (114 musiciens
permanents) que le chef aborde à Paris, 2 oeuvres clés de Richard Strauss, l’une facétieuse et la seconde crépusculaire, puis la Symphonie n°2 de Robert Schumann.

Fin du monde et facéties

Dohnayi dans Strauss: une équation prometteuse qui a souvent apporté de remarquables réalisations. D’autant que le programme Strauss annoncé à la Salle Pleyel préludant à Schumann, sélectionne deux partitions majeures: la vision postapocalyptique des Métamorphoses (partition composé en 1945 à Garmisch, pour orchestre de 23 cordes), ample prière humaniste composée après la destruction de l’Allemagne après la chute du régime hitlérien. Témoin de la fin du monde, Strauss, anéanti entre autres par le bombardement de l’Opéra de Munich en 1943, qui a vécu aussi la chute de l’Empire (1918), dépeint les ruines d’une civilisation condamnée, sacrifiée sur l’autel de la barbarie la plus abjecte. Sentiment d’anéantissement et de fatalité, l’accablement du musicien qui porte explicitement le deuil de sa ville natale, sait aussi exprimer un chant d’espoir pour les décennies futures, capables de comprendre son message humaniste, crépusculaire et lyrique. Car comme comme le titre seul en donne la clé, il s’agit aussi du constat d’une métamorphose inéluctable, qui laisse certes le témoin impuissant et démuni, mais qui souligne le sillon d’un monde éternel qui va son chemin…

Quel contraste avec le conte musical flamboyant, développé comme un rondeau (son refrain, ses couplets) qui narre les facéties du héros rural Till Eulensgpiegel, véritable paysan contestataire qui vécut en Allemagne du Nord dans la première moitié du XIVè… Strauss à 46 ans, compose ce prodige de vie insolente et délirante en 1895. Partout l’oeuvre pour orchestre virtuose, remporte un immense succès. Car au delà de la carrière de Till, qui meurt pendu, retentit sa facétie mordante et indicible, un rire et une franche gaieté qui a triomphé de la mort.
En lui s’incarne la figure du libertaire provocateur, agent du chaos, c’est l’individu qui ose braver la foule et sa pédanterie collective. Génie de la bravade, Till impose une superbe désormais inoubliable. Il revient à la subtilité de Strauss d’exprimer tout ce qu’a d’admirable et d’insupportable ce héros sans équivalent dans l’imaginaire artistique.

Illustration: Christoph von Dohnanyi, Richard Strauss (DR)

Derniers articles

CRITIQUE événement. COFFRET : BRAHMS / GARDINER. Symphonies n°1 – 4. Royal Concertgebouw Orchestra Amsterdam (2021, 2022, 2023 – 3 cd DG Deutsche Grammophon)

18 ans après les avoir jouées et enregistrées avec l’Orchestre romantique et révolutionnaire (2007), John Eliot Gardiner reprend l’étude...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img