Claudio Monteverdi,
Il ritorno d’ulisse in patria
Bruxelles. La Monnaie,
les 11, 12 et 13 mai 2007
Philippe Pierlot, direction
Kentridge, mise en scène
Contrairement à Orfeo, opéra de jeunesse, créé en 1607, voilà 400 ans (!), qui jette les fondements de l’histoire de l’opéra, Le retour d’Ulysse dans sa patrie, est une partition de dernière maturité qui porte les derniers feux de l’inspiration du plus grand génie lyrique. Représenté à Venise en 1641, avant Le couronnement de Poppée (1642) dont la genèse et l’étude de la partition a relevé une oeuvre collective où le vieux maître de plus de 70 ans (!) compose entouré de ses disciples, Cesti, Cavalli, Ferrari, Ulysse offre déjà une vision désenchantée de la condition humaine: doutes, trahisons, épreuves, terreur aussi assaillent le pauvre héros, de retour de Troie. La route vers le foyer conjugal est dure et difficile à recouvrer, et l’homme pourtant méritant, reste le jeu du caprices des Dieux. Des dieux intransigeants et cruels, sauf peut-être Minerve qui assure tout au long de son périple, faveur et protection.
Heureux qui comme Ulysse… savent voyager, et s’éloigner, pour mieux apprécier la chaleur de l’âtre tant espéré…
Ensembles et solos, ariosos et duos, amples récitatifs, airs comiques et bouffons, sérieux, larmoyants, tendres ou tragiques, la partition recèle des trésors d’inventions qui affirment le talent du vieux maître. L’opéra vénitien connaît avec Monteverdi son âge d’or: libre et créatif, il associe comme la vie, l’amer et l’insouciant, le cynisme et la grâce, la pastorale et l’action héroïque… avant que plusieurs réformes lyriques sous le coup des Napolitains, ne viennent séparer genre seria et veine buffa.
Illustration
Ulysse et les argonautes, mosaïque tunisienne (DR)