vendredi 18 avril 2025

COFFRET CD événement. KIRI TE KANAWA : a celebration – Complete recital recordings for Decca and Philips (23 cd DECCA classics)

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23 cd brossent ici le portrait musical de la soprano vedette de l’écurie Decca (entre autres, en particulier à l’époque où le label s’était fait une spécialité en étant l’éditeur des plus grandes voix lyriques), star incontestée de l’opéra, du récital et aussi de programmes mixtes, « cross over » : la néo-zélandaise, d’origine maori, Kiri te Kanawa (née en 1944) ; son style aristocratique, la finesse et l’intelligence des nuances, son legato souverain, la tendresse comme l’éclat du timbre font de la cantatrice un must absolu en matière de chant mozartien.

 

 

A la sensualité très raffinée du timbre se mêle aussi un élégance so british que les 600 millions de téléspectateurs ont pu mesuré et apprécié lors de sa prestation éblouissante pour les noces du Prince Charles et de Diana en 1981. Les 23 enregistrements, à l’origine pour Philips, Decca et DG, confirment évidemment l’inégalable et légendaire mozartienne : ainsi le cd 1 d’airs de concert sous la conduite du chef György Fischer en 1980 ; mais aussi le cd d’Arias avec Jeffrey Tate 7 ans plus tard (1987) où la soprano ose avec la même maîtrise des personnages qu’elle n’a pas chantés sur la scène lyrique : Donna Anna de Don Giovanni – quand elle chante plutôt sur les planches Elvira ; surtout Konstanze de L’Enlèvement au sérail et les coloratoure redoutables de l’air déterminé « Martern aller Arten » , d’un aplomb engagé confondant et de fait très convaincant.

MOZARTIENNE LÉGENDAIRE… Deux autres cd mozartiens avec Colin Davis complètent la collection des airs lyriques (dont la Comtesse des Noces de Figaro, un rôle qu’elle chanta à Covent Garden dès 1971, et qu’elle incarne avec la profondeur et la grâce des plus grandes mozartiennes ; mais aussi Pamina dans La Flûte enchantée, 1982) ; surtout celui plus ancien, enregistré en 1971, et dédié aux airs sacrés avec l’orchestre et les choeurs du LSO dans les Vêpres du confesseur KV 339 (Laudate Dominum suspendu, angélique) et dont l’Exsultate, jubilate KV 165 reste un accomplissement anthologique.

Le coffret souligne ensuite l’autre compositeur que la diva a servi avec un art accompli de la profondeur et de l’extrême raffinement : Haendel. C’est d’ailleurs son air « « Let the Bright Seraphim » qu’elle chanta pour le mariage princier précédemment évoqué. Avec Christopher Hogwood (et son Academy of Ancient Music), en 1992, la diva convainc dans un programme composé pour elle (cd6), un pasticcio signé Marshall Pynkoski (« The Sorceress », dont le film a conforté le grand succès, révélant l’ampleur du tempérament dramatique de la diva, en divinité magicienne humaine et fantasque à la fois, d’une indiscutable présence).

On oubliera son incursion chez Richard Strauss : les lieder gravés en 1990 avec Solti puis avec les Wiener Philharmoniker (Quatre derniers) laissent réservés par leur distanciation émotionnelle qui peut s’apparenter à de l’exquise froideur.


Plus convaincants les Chants d’Auvergne de Canteloube (avec Jeffrey Tate, 1981-1982) sont en revanche indiscutables, son legato infini produisant l’effet d’un enivrement constant, auquel la dignité du style confère une noblesse ciselée (pourtant étranger à toute accentuation dialectique ou rustique). Ce n’est pas que la diva ne s’intéresse pas au texte, mais sa diction aristocratique et son style princier l’écarte de toute compromission vernaculaire…C’est le constat que suscitent les Nuits d’été de Berlioz (avec l’Orchestre de Paris et leur chef de l’heure,Daniel Barenboim) ou les Mélodies populaires grecques de Ravel (avec Roger Vignoles au piano).

REINE DU CROSS OVER… En complément Decca ajoute ses deux incursion dans le massif mahlérien pour la 4ème Symphonie (l’une avec Ozawa, l’autre avec Solti) ; complétant la palette lyrique, Verdi et Strauss se révèlent défendus avec un engagement mémorable : ainsi sa Desdémone chez Verdi, son Arabella ou sa Comtesse de Capriccio chez Richard Strauss … Enfin volet où la diva sut briller avec un feu égal, celui des programmes aux genres mêlés ou cross-over dont les plus réussis, révèlent une maestrià au geste communicatif : ainsi le programme réalisé avec le Mormon Tabernacle Choir (« Songs of Inspiration », avec l’Utah Symphony Orchestra et Julius Rudel, 1989) ; l’album « Christmas with Kiri », avec le Philharmonia et Carl Davis (1985); au même titre que les albums associant jazz et du musical (dont celui avec André Previn au piano), affichant une intensité lumineuse qui profite aussi au West side story de et dirigé par Bernstein, version opératique si réussie validé par l’auteur lui-même et à laquelle apportent leur immense vitalité José Carreras et Tatiana Troyanos… Même engouement face à la réussite de My Fair Lady, accomplissement londonien au style irrésistible entre swing et élégance grâce au chef expert de ce répertoire (John Mauceri), où Kiri / Eliza profite de la complicité exquise des comédiens, Jeremy Irons et John Gielgud.

 

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CRITIQUE Coffret CD événement. « Kiri Te Kanawa, A celebration ». Decca, 23 cd. PLUS D’INFOS : https://www.deccaclassics.com/en/catalogue/products/a-celebration-kiri-te-kanawa-13364
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