mercredi 23 avril 2025

Collection « Classic opera » (Decca, Philips): réédition des opéras de Haendel, Verdi, Korngold

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Collection « Classic opera »

Rééditions lyriques
(Decca, Philips)

En avril et mai 2007, Universal nous gâte. La collection de rééditions, « Classic opéra » nous offre à prix cadeau, bon nombre de productions lyriques des années 1960 à 1990, parmi les plus réussies jamais réalisés, initialement éditées sous label Decca ou Philips. D’autant que, intérêt de cette nouvelle moisson de printemps, les Verdi célébrissimes, du Trouvère à Macbeth, qui sont portés par d’indiscutables lectures, voisinent avec un fleuron de l’enregistrement baroque (Agrippina de Haendel par Gardiner), surtout, un joyau méconnu de l’opéra du XX ème siècle, Le miracle d’Hélène de Korngold, partition fleuve, mi philosophique mi fantastique de 1927. Découverte magistrale! Présentation de notre sélection.

1960/1961

Giuseppe Verdi : Un bal masqué

Enregistrée en juillet 1960 et 1961, à Rome, la ville où l’opéra fut créé le 17 février 1859, la version portée par l’art de la ciselure de l’orfèvre Solti, captive par son sens abrupt des accents, son énergie métallique, son tranchant expressif. Le couple Carlo Bergonzi (Riccardo)/Birgit Nilsson (Amelia) est l’un des plus tendres et des plus racés de la discographie. La magicienne et cartomancienne Ulrica de Giulietta Simionato, a l’ambitus sombre et large, idéal. Pour l’élégance de Riccardo, et la furià de l’Orchestre de l’Academia Santa Cecilia de Rome, pour l’analyse nerveuse de Solti qui restitue la résonnance sulfureuse du drame… Un must!
(2 cd Decca 0 28947 58278 6)

1976

Giuseppe Verdi : Le Trouvère

La version Bonynge a de sérieux atouts. Si la baguette prend son temps, c’est pour mieux planter le décor, et même articuler instrumentalement certains climats. Le plateau luxueux comprend l’épouse du chef, la « Stupenda », Dame Joan Sutherland à l’éclat vocal encore préservé, Pavarotti (Manrico halluciné et brûlant). Même Ingvar Winxell et Nicolai Ghiaurov illuminent de la même manière leurs rôles respectifs, Luna et Ferrando. Quant à Marylin Horne, son Azucena est bouleversante. Une version du Trovatore, aux côtés de celle de Callas/Karajan (Emi), à réévaluer d’urgence. L’édition ajoute bonus appréciables, un article sur la partition en plus du livret, et la musique de ballet composée par Verdi pour la version parisienne de l’oeuvre de 1857, -seconde version de l’oeuvre adoptée par Bonynge-.
(3 cd Decca 0 28947 58281 6).

1984

Giuseppe Verdi: Macbeth

Même si Maria Zampieri n’a ni la classe de Verret, ni le tempérament de Callas, sa Lady Macbeth est exaltée, passionnée, droite comme une colonne dorique mais rugissante comme une lionne en cage. A ses côtés, le vibrato viril, onctueux de Renato Bruson rétablit la mesure humaine et aussi la terreur palpitante sous le masque des meurtriers. Dans la fosse, à la tête du Deutsche oper Berlin, Giuseppe Sinopoli sait capter les micro épisodes et les couleurs crépusculaires qui font de l’opéra créé en 1847 puis réécrit pour la scène parisienne, en 1863, une partition de l’ombre et du remord. Le chef vénitien éblouit par son instinct shakespearien. A noter le Macduff de Neil Shicoff, gorgé d’espérance, de vaillance, de feu… à l’opposé du lugubre Banco de Robert Lloyd. Mais de tous les tempéraments ici associés, c’est peut-être celui de l’orchestre qui tire avec le recul son épingle du jeu. La direction de Sinopoli, nous l’avons dit, est à la fois intérieure et flamboyante. Un immense moment verdien.
(3 cd Philips 0 28947 58393 6).

1992

Erich Wolfgang Korngold: Das Wunder der Heliane

Pour qui aime les éclairs tragiques et l’embrasement symphonique de La femme sans ombre straussienne, la partition la plus ambitieuse et qui valut à son géniteur, une amère déception, trouve dans cette production, une très juste réalisation. La lecture en est de bout en bout captivante.
Créé à Hambourg en 1927, conspué à Vienne en 1929 par les jeunesses nazies, et démonté par la jalousie de Krenek, l’ouvrage véhicule une image illégitime d’opus bâclé, inégal, décevant. Le propre de l’équipe berlinoise dirigée par John Mauceri révèle plus qu’une oeuvre sensible, -féerique, fantastique, à l’orchestration somptueuse et détaillée-: un chef-d’oeuvre oublié qui place la résurrection par l’amour au dessus de toute expérience mortelle. A l’implication du chef, répondent l’intensité ample, la probité vocale des chanteurs; en tête, Anna Tomowa Sintow en grande forme (Heliane)… Le disque remplit pleinement sa mission en nous révélant durablement cet immense héritage musical. A noter, le texte de présentation, lui aussi d’une pertinence féconde. Eblouissant autant qu’inédit. Incontournable. L’un des joyaux de la nouvelle série « Classic Opera ».
(3 cd Decca 0 28947 58271 7).

1996

Georg Friedrich Haendel: Agrippina

Ramiste, berliozien, Gardiner se montre ici haendélien jusqu’au bout de la baguette. Premier grand chef-d’oeuvre lyrique de Haendel, avant ses seria londoniens, Agrippina dévoile l’exubérante inventivité du Saxon, en apprentissage dans la ville de Monteverdi et de Vivaldi. Créé à Venise, le 26 décembre 1709, Agrippina éblouit ici autant par l’individualité exemplaire de tous les personnages que la vitalité nerveuse et dramatique de l’orchestre. Aucun temps mort ni faute de goût, la production tient du miracle. C’est vibrant et palpitant, pulsionnel et émotionnel, âpre aussi et affûté, comme le Haendel que nous aimons! Une gravure indispensable et la référence discographique de l’oeuvre. Le fleuron de vos rayonnages baroqueux, à écouter et réécouter sans modération.
(3 cd Philips 0 28947 58285 4).

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