mercredi 23 avril 2025

Compte rendu, concert. Le Puy en Velay, Théâtre, le 31 mars 2017. Rameau, CPE Bach, Dauvergne,… Orchestre d’Auvergne. Bruno Procopio, direction

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procopio-bruno-concert-orchestre-lamoureux-jobim-milhaud-neukommCompte rendu, concert. Le Puy en Velay, Théâtre, le 31 mars 2017. Rameau, CPE Bach, Dauvergne,… Orchestre d’Auvergne. Bruno Procopio, direction. Bruno Procopio a la quarantaine florissante : une autorité libre et généreuse, une acuité dans le geste qui allie précision et fluidité. Pilotant pour la seconde fois et dans le même programme, les cordes virtuoses de l’Orchestre d’Auvergne, le jeune maestro transatlantique (VOIR notre portrait vidéo de Bruno Procopio, maestro transatlantique, de Rio à Paris), réussit là encore l’équation instruments modernes et partitions Baroques et préromantiques ; avec une constance inspirée, le jeune maestro conduit une collection de pièces puissamment caractérisées, de Rameau (qu’il connaît comme personne) à Mozart, sans omettre le second fils Bach, CPE Carl Philipp Emanuel, et compositeur local, – suiveur de Rameau et injustement célébré y compris dans son territoire : l’immense autant que méconnu, Antoine Dauvergne.

L’ECOLE DU DEPASSEMENT… Les défis du programme engagent tout l’orchestre, qui sur instruments modernes, résout toutes les problématiques, techniques, sonores, esthétiques propre aux Baroques du XVIIIè, française et germaniques. L’agilité et la précision, l’écoute collective surtout pour les unissons (redoutablement virtuoses chez CPE, aux côtés de ses ruptures rythmiques et harmoniques) offrent aux instrumentistes auvergnats regroupés autour du clavecin sur lequel joue et dirige Bruno Procopio, une nouvelle expérience dans leur déjà riche histoire musicale. La phalange basée à Clermont-Ferrand, habituellement dirigée par la catalan Roberto Forés Veses, affirme depuis plusieurs années, une audace sûre qui a su conquérir l’enthousiasme des publics sur le territoire comme à l’international (tournée au Brésil en avril 2016, par exemple) : ce sont des tempéraments et partenaires, d’une complicité explicite, qui aiment visiblement le jeu collectif, et (re)découvrent sous la direction du jeune chef invité, Bruno Procopio, les spécificité du langage baroque, celui incroyablement original et raffiné de Rameau ; celui plus dramatique encore et très caractérisé du préromantique Carl Philipp Emanuel Bach ; celui enfin aussi volubile et profond de Mozart. Quelle pertinence de jouer les Symphonies de CPE puis le Divertimento du Salzbourgeois; les musiciens nous font revivre l’évolution du langage orchestral à la fin du XVIIIè : de ce classicisme «  Empfindsamkeit » (sensibilité), ciselé par CPE, au préromantisme mozartien, tel qu’il s’impose par sa profondeur et l’infini des phrasés, creusés jusqu’à dévoiler le tréfonds de l’âme ; et soudain, dans cette éloquence dramatique parfois électrique, s’insinue une profondeur et une gravité qui n’appartiennent qu’au divin Wolfgang. A la motricité éloquente, les musiciens ajoutent l’élégance et la finesse.

BRUNO PROCOPIO : maestro transatlantique !Toujours soucieux des équilibres entre pupitres, Bruno Procopio ce soir, pense l’orchestre comme une formidable opéra instrumental dans un espace intime, à l’affût de l’arête expressive comme du souffle collectif ; le maestro sculpte le son que filent les cordes ardentes de l’Orchestre d’Auvergne ; dans l’acoustique sèche et très analytique du superbe Théâtre du Puy en Velay, chef et instrumentistes atteignent des prodiges de vitalité chambriste ; une leçon d’incisivité palpitante où l’orchestre vibre et résonne comme un seul cœur. Le détail et l’allant, la clarté et l’émotion, écartant froideur et démonstration, la complicité du chef claveciniste et des cordes se révèlent déterminants dans les deux premières Symphonies de CPE Bach ; d’autant qu’auparavant, les seules cordes ont su relever les défis de la Suite de Castor et Pollux de Rameau (désormais le cheval de bataille des programmes orchestraux défendus par Bruno Procopio), dessinant avec une finesse nostalgique pleine d’élégance, l’arche chorégraphique de la Chaconne finale, sans bois ni vents (un défi quand on sait la science de la couleur chez le Dijonais).
Orfèvre du timbre, dans un spectre où seules pourtant règne l’empire des cordes, Bruno Procopio affirme toujours une énergie nuancée, à l’écoute des mille accents contenus dans chaque partition. Habile concepteur, grâce à une sélection d’oeuvres qui se font résonance – permettant à l’enfant du terroir, Antoine Dauvergne de retrouver sa brillance originelle et sa vitalité et dramatique et chorégraphique, le jeune maestro franco-brésilien sait électriser le bouillonnant collectif. Il saisit tout ce que lui offre les instrumentistes de l’Orchestre Dauvergne, polissant chaque nuance, détaillant chaque arête expressive, en un feu d’artifice riche en panache, en contrastes, en élégance. Remarquable programme, d’une irrésistible tension.

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Compte rendu, concert. Le Puy en Velay, Théâtre, le 31 mars 2017. Concert de musique baroque XVIIIè, française et germanique : Rameau, CPE Bach, Dauvergne, Mozart. Orchestre d’Auvergne. Bruno Procopio, direction.

LIRE aussi notre présentation du concert Rameau, CPE BACH, Dauvergne et Mozart par Bruno Procopio et l’Orchestre d’Auvergne

CD, lire aussi notre critique complète du cd Sérénade de Tchaikovsky par l’Orchestre D’Auvergne (Roberto Forés Veses, direction).

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