mercredi 23 avril 2025

Compte-rendu, concert. LYON, Audit. M Ravel, les 7 & 16 juin 2018.« Amadeus » / Britten/Beethoven /Alan Gilbert.  

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

New York PhilharmonicCompte-rendu, concert. Lyon, Auditorium Maurice Ravel, les 7 & 16 juin 2018. Film « Amadeus » de Milos Forman et concert Britten/Beethoven dirigé par Alan Gilbert. La fin de saison s’approche à grands pas et l’Orchestre National de Lyon a tenu à proposer un concert s’inscrivant dans le cadre des célébrations du Centenaire de la Paix organisées par l’ancienne Capitale des Gaules. L’Auditorium Maurice Ravel vient ainsi de mettre à son affiche deux ouvrages qui sont deux vibrants appels à la paix : les rares Chichester Psalms de Leonard Bernstein (dont on fête le centenaire de la naissance) et la grandiose 9ème Symphonie de Ludwig van Beethoven. Souffrant, Leonard Slatkin a dû laisser la baguette au chef américain Alan Gilbert, qui avait déjà dirigé l’ONL in loco en janvier dernier (LIRE ici notre compte rendu de ce concert précédent à Lyon)

« Oh, qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble ! » : ainsi finit, dans un ultime pianissimo, le dernier des trois psaumes que comporte la partition. Côté musique, on perçoit déjà, dans les Chichester Psalms, à la fois les futurs accents de West Side Story mais aussi l’influence de Mahler. Chants sacrés sur une expression profane, à sept ou cinq temps, les trois mouvements peuvent se déployer dans la vastitude de l’Auditorium Maurice Ravel, profitant surtout aux percussions qui donnent ici leur pleine couleur…Ils se font néanmoins voler la vedette par la jeune Tanina Souagen, issue de la Maîtrise de l’Opéra de Lyon, qui tient en haleine l’auditoire par sa voix d’un pur angélisme…

Après l’entracte, les différents intervenants du concert nous offrent une soirée en tout point exceptionnelle. Alan Gilbert d’abord, tendu et concentré, connaissant par cœur sa partition et comme la vivant de l’intérieur, l’ONL ensuite, bien évidemment très à l’aise dans cette salle à l’excellente acoustique, les solistes vocaux (la soprano irlandaise Claudia Boyle, le ténor géorgien Otar Jorjikia, la mezzo lyonnaise Anaïk Morel et la basse britannique Will Thomas), tous remarquables, et enfin les masses chorales conjuguées de l’Ensemble Spirito, du Jeune Chœur symphonique et du Chœur d’oratorio de Lyon (tous trois dirigés par Nicole Corti), qui imposent leur enthousiasme, leur précision et leur exultation. Tous œuvrent en harmonie pour caractériser chacun des quatre mouvements. On retrouve la substantifique moelle des trois premiers mouvements, brillamment résumés au début du Presto conclusif, c’est à dire l’universel Hymne à la joie (« O Freunde ! ») d’après Schiller. Qu’il s’agisse de l’Allegro initial, d’une richesse nostalgique inextinguible, du Molto vivace, magnifique de rythme et de fluidité, ou le profond et répétitif mouvement noté Adagio molto e cantabile-Andante moderato, qui servira de modèle au postromantisme à venir, la phalange Rhône-alpine enchante nos oreilles, et celles d’un public venu en masse (à guichets fermés comme on dit) entendre cette extraordinaire partition. Il leur est réservé, ainsi qu’aux choristes et solistes, les vivats les plus nourris au moment des saluts !

287526AMADEUS… Quelques jours plus tôt, c’est à un concert plus « original » auquel nous avions assisté, un « Ciné-concert » en l’occurrence, mettant en résonance la fameux film Amadeus de Milos Forman avec la phalange lyonnaise (ainsi que le chœur Spirito déjà cité). Avouons que l’expérience – aussi inédite que spectaculaire ! – vaut la peine d’être vécue : tandis que le film se déroule sur écran géant, l’Orchestre National de Lyon (et le chœur Spirito pour les parties avec chœur) joue en direct la bande-son ! Un exercice qui peut cependant paraître parfois frustrant pour le public – comme pour le chef suisse Ludwig Wicki -, car les extraits musicaux du film sont généralement assez courts… On assiste par ailleurs à une belle mise en abime quand on voit parallèlement ce dernier diriger sur la scène, et au même moment Mozart dirigeant son propre orchestre dans le film…Un seul regret, mais apriori trop difficile techniquement parlant, l’absence de solistes vocaux pour les parties chantées, tel pour l’air de la Reine de la Nuit, mais on s’en console devant le défi brillamment relevé (avec quasi aucun décalage entre l’image et le son) par l’ONL, l’excellent chœur Spirito et le chef Ludwig Wicki !

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Compte-rendu, concert. Lyon, Auditorium Maurice Ravel, les 7 & 16 juin 2018. Film « Amadeus » de Milos Forman et concert Britten/Beethoven dirigé par Alan Gilbert.

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