mardi 22 avril 2025

Compte-rendu, concert. Montreux et Vevey, les 28 & 29 août 2017. Verdi, Bruch, Tchaïkovski, Mozart. R. Capuçon, L. Viotti, T. Currentzis

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

MONTREUX VEVEY compte rendu review by classiquenews thumbnail_ViottiCompte-rendu, concert. Montreux et Vevey, les 28 & 29 août 2017. Verdi, Bruch, Tchaïkovski, Mozart. R. Capuçon, L. Viotti, T. Currentzis. Depuis soixante-douze ans, le Septembre Musical de Montreux-Vevey est le rendez-vous des mélomanes sur la Riviera vaudoise, et en premier lieu des amateurs d’orchestre. Après le fidèle Royal Philharmonic Orchestra dirigé par l’indétrônable Charles Dutoit, et avant le Russian National Orchestra dirigé par son chef Michael Pletnev, c’est l’European Philharmonic Orchestra of Switzerland qui est dans la fosse du vaste Auditorium Stravinsky à Montreux. A sa tête, une des chefs les plus enthousiasmants de sa génération : Lorenzo Viotti. A 27 ans seulement, le jeune homme originaire de Lausanne a déjà remporté des concours aussi prestigieux que ceux de Cadaquès ou de Salzbourg, et nous avons aussi récemment pu admirer son talent dans le répertoire lyrique puisqu’il dirigeait « Viva La Mamma » de Donizetti à l’Opéra de Lyon en juin dernier.

Sortant des sentiers battus, et clin d’œil à sa patrie d’origine (son père était le grand chef d’orchestre italien Marcello Viotti, disparu aussi brutalement que précocement alors qu’il dirigeait La Fenice de Venise), Viotti offre au public la (rare) musique de ballet du Macbeth de Verdi en guise de tour de chauffe, un morceau plein d’audaces instrumentales qui est généralement coupé lors de l’exécution de l’ouvrage. Après cette mise en bouche, c’est notre violoniste national Renaud Capuçon qui fait son entrée pour interpréter le fameux Concerto pour violon de Max Bruch. Fidèle à sa réputation, c’est à dire avec hardiesse et panache, le soliste fait preuve d’une imagination rafraîchissante et d’une musicalité subtile, notamment dans le magnifique Adagio, qui chante comme jamais. Technique impeccable, sensibilité à fleur de peau, lyrisme ardent, qu’admirer le plus chez le virtuose ? Face à l’enthousiasme du public, il offre en bis un très touchant extrait de l’Orphée et Eurydice de Gluck.

En seconde partie, La 5ème Symphonie de Tchaîkovski permet au chef comme à l’orchestre de démontrer tout leur art. Jouant avec tout son corps, le jeune chef impose un Tchaïkovski puissamment construit qui avance à l’énergie, profitant de la moyenne d’âge de sa phalange dont les membres ne doivent pas dépasser les 25 ans ! Même si la force discursive ne renvoie pas au fatum russe du regretté Svetlanov (que nous avons entendu dans cette pièce), sa direction garde le sens de la progression et de la tension nécessaires à cette partition. L’autre bonne surprise vient de l’orchestre que l’on n’attendait pas à un si haut niveau dans ce cheval de bataille du répertoire : qualité des chefs de pupitres, justesse de style et cohésion d’ensemble renvoient bien à une phalange de rang international. L’énergie qui se dégage du finale (un Allegro vivace vraiment dément !) est tellement communicative que le public applaudit debout, mais Viotti transforme l’exaltation en émotion en donnant, en bis, le bouleversant Intermezzo extrait de Cavalleria Rusticana de Mascagni. Un chef que nous allons continuer à suivre de près…

La veille, nous avons pu assister à une étonnante et déroutante exécution du Requiem de Mozart par le trublion russo-grec Teodor Currentzis à la tête de son ensemble musicAeterna et du Chœur de l’Opéra de Perm (qu’il dirige). Positionnés debout, en robes noires, instrumentistes et choristes alternent les tempi distendus à l’excès (l’ « Hostias ») ou au contraire à un rythme d’enfer (le « Dies Irae »). Ainsi théâtralisé, le Requiem de Mozart semble plus une ode à la vie que destiné au repos des trépassés. Un quatuor d’exception – dont nous détacherons la voix lumineuse et aérienne de la soprano colorature russe Julia Lezhneva – soulève également l’enthousiasme du public. Mais la palme de la soirée revient cependant au formidable chœur de l’Opéra de Perm qui subjugue l’auditoire dans une première partie où il a interprété des pièces sacrées chantées « a capella », dont le sublime – et quasi mystique – « Lux Aeterna » de Gyorgy Ligeti.

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Compte-rendu, concert. Montreux et Vevey, les 28 & 29 août 2017. Verdi, Bruch, Tchaïkovski, Mozart. Renaud Capuçon, Lorenzo Viotti, Teodor Currentzis, European Orchestra of Switzerland, Chœur de l’Opéra de Perm, musicAeterna.

Illustration © Céline Michel

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