mercredi 23 avril 2025

Compte-rendu, concert. Saintes, le 21 juillet 2018. Wagner/Bruckner. OCE / Kelly God / Philippe Herreweghe.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Compte-rendu, concert. Saintes, Abbaye aux Dames, le 21 juillet 2018. Wagner/Bruckner. Kelly God/ Philippe Herreweghe. C’est un franc succès qu’a rencontré la 47e édition du Festival de Saintes, avec un taux de remplissage de 75 %, qui cette année a traversé la Manche « pour donner voix aux ensembles ou compositeurs britanniques » : on y a ainsi pu entendre des Songs du XVIIe siècle anglais, interprétées par Lucile Richardot et l’Ensemble Correspondances, mais aussi des cantates de jeunesse de Haendel magnifiées par la jeune Deborah Cachet, ou encore un bouquet de mélodies anglaises offert par la soprano Carolyn Sampson et l’Ensemble VOCES8. Mais c’est cependant par un programme germanique que s’est clôturé le festival, avec un concert mélangeant Wagner et Bruckner, Philippe Herreweghe dirigeant son Orchestre des Champs-Elysées.

Par égards aux lieux, c’est une lecture toute chambriste des sublimes Wesendonck Lieder de Richard Wagner que livre le vénérable chef français, une option à laquelle répond idéalement l’expressivité contenue de la magnifique soprano américaine Kelly God, dont la voix s’avère idéale pour les œuvres de l’Echanson de Bayreuth. Dans le premier lied Der Engel, l’intelligence du texte comme l’élégance de ses aigus, emportent complètement l’adhésion. Herreweghe engage ensuite un Stehe still sur lequel la soprano laisse s’exprimer toute la richesse de son timbre de miel, la radiance irisée de sa voix et une impressionnante longueur de souffle. Comment ne pas admirer, enfin, la précision de la diction, qui – dans le dernier des cinq Lieder, le sublime Träume – lui permet une évocation poétique admirable, renforcée par une subtilité des phrasés et des nuances tout simplement ensorcelantes.

 

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Après une pause salutaire pour se remettre de l’émotion suscitée par le chant de la divine God (la bien nomée…), c’est à la monumentale Symphonie N°4 d’Anton Bruckner que s’attaque la formation parisienne, avec une interprétation fort intéressante de la part de Herreweghe. Le premier mouvement paraît assez sec et froid, en carence de la démesure et du souffle des grands espaces, mais néanmoins bien mené, d’une façon naturelle et fluide, et si les appels du cor peuvent sembler un rien prosaïques, ils sont d’une maîtrise sans faille. L’Adagio est encore plus intéressant : le thème est exposé assez crûment, sans fard, mais Herreweghe approfondit progressivement le discours, faisant surgir enfin chaleur et expressivité chez les cordes. L’atmosphère est celle d’une triste parade, un convoi funèbre peut-être, mais dans un ton léger, presque en apesanteur, et dans un tempo relativement preste. Le scherzo est lui aussi pris rapidement, majestueux, d’une puissance communicative, il s’interrompt brusquement pour un trio très élégant, tout en finesse et en transparence. Grande réussite également, un dernier mouvement imposant mais pas pesant, dont la structure complexe est superbement mise en valeur, sans que la tension ne se relâche, et dans lequel le thème du premier mouvement est réexposé dans tout sa puissance… avant une magistrale Coda ! Un tonnerre d’applaudissements vient couronner la soirée, qui se termine par le retour de la soprano, venue chanter à nouveau le dernier des Wesendonck Lieder, pour le plus grand plaisir des mélomanes réunis sous les voutes de la magnifique Abbaye aux Dames de Saintes… Vivement la prochaine édition qui se tiendra du 12 au 20 juillet 2019 !

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Compte-rendu, concert. Saintes, Abbaye aux Dames, le 21 juillet 2018. Wagner/Bruckner. Kelly God/ Philippe Herreweghe.Illustrations : © Séb. Laval / Fest. de Saintes 2018

 

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