lundi 12 mai 2025

Compte-rendu critique, opéra. Liège. Opéra Royal de Wallonie, 28 octobre 2017. Bellini : Norma. Patricia Ciofi… Zanetti / DG Raimondi

A lire aussi

ciofi patriciaCompte-rendu critique, opéra. Liège. Opéra Royal de Wallonie, 28 octobre 2017. Vincenzo Bellini : Norma. Patrizia Ciofi, José Maria Lo Monaco, Gregory Kunde, Andrea Concetti. Massimo Zanetti, direction musicale. Davide Garattini Raimondi, mise en scène. Artiste fidèle entre toutes à l’Opéra Royal de Wallonie, Patrizia Ciofi a choisi la maison liégeoise, où elle se sent comme chez elle, pour se lancer dans un pari un peu fou : aborder pour la première fois le rôle des rôles, celui de la Norma de Bellini. Un défi ambitieux, osé, voire même périlleux sinon dangereux. La soprano italienne devra-t-elle persévérer dans cet emploi qui dépasse ses moyens naturels ? Rien n’est moins sûr. Mais a-t-elle eu raison de tenter l’aventure ? Nous avons envie d’écrire que oui.

Le défi de Ciofi

Bien entendu, la largeur, l’autorité et le grave qu’exigent l’écriture du rôle n’y sont pas tout à fait, et la haine comme la vengeance de cette druidesse à la féminité fragile n’ont rien de vraiment menaçant ; mais la tendresse maternelle, l’ardeur amoureuse portée jusqu’au sacrifice, ces aspects du personnage sont ceux vers lesquels l’art de la musicienne et de l’interprète tend comme une évidence. Une progression inattendue et inédite, qui s’achève en apothéose par une scène finale bouleversante d’humanité et de sincérité, en grande artiste.
A ses côtés, l’Adalgisa sensible et élégante de José Maria Lo Monaco unit avec une complicité évidente sa voix ambrée de mezzo à celle, plus légère mais parfaitement complémentaire, de sa partenaire. Leurs duos font ainsi partie des plus beaux moments de la soirée, rendant justice à l’affection contenue dans la musique imaginée par Bellini.
Face à ces deux femmes rivales bien malgré elles, Gregory Kunde rend pour la première fois crédible la passion qui les anime pour le général romain. Dès son entrée en scène, magnétique et solaire, le ténor américain impose un idéal réunissant les qualités a priori contradictoires requises par l’écriture du rôle : autorité indiscutable, délicatesse du phrasé, vaillance électrisante, souplesse belcantiste notamment dans des reprises variées avec beaucoup de goût, ainsi qu’un aigu d’une puissance et d’un mordant qui laissent pantois. Plus encore, on ressent une irrépressible sympathie pour cet homme involontairement épris de deux cœurs à la fois, et le chanteur rend terriblement palpable la renaissance de son amour pour Norma, tant et si bien que la scène finale apparait d’une justesse totale. Rien moins que le plus grand Pollione de notre époque.
Efficace grâce à une émission claire mais manquant parfois d’impact, l’Oroveso d’Andrea Concetti se révèle crédible en père et chef de clan dépassé par les évènements. Plus effacés, la Clotilde de Réjane Soldano et le Flavio de Zeno Popescu assurent néanmoins avec les honneurs leur partie. Le chœur de la maison remplit honorablement sa tâche, mais avec un enthousiasme modéré.
La mise en scène de Davide Garattini Raimondi ne raconte pas autre chose que l’histoire contée par le livret, mais avec peu d’imagination autre que celle de séparer la scène en deux espaces distincts, l’espace public en haut, la sphère privée en bas. Une belle idée mais desservie par des rochers de carton-pâte et des costumes aux couleurs mal appareillées. Seule idée forte, la dernière : alors que le bûcher s’élève, on voit Adalgisa revêtir le manteau de druidesse et s’emparer de la faucille sacrée, reprenant le pouvoir laissé vacant.
A la tête d’un orchestre en belle forme, Massimo Zanetti dirige avec conviction une partition qu’il connait bien, contrastant les climats sans jamais mettre en danger les chanteurs.
Une belle soirée pour un pari risqué mais remporté finalement avec élégance par Patrizia Ciofi et salué par une belle ovation de la part d’un public touché par la franchise de l’artiste.

____________________

Liège. Opéra Royal de Wallonie, 28 octobre 2017. Vincenzo Bellini : Norma. Livret de Felice Romani d’après Alexandre Soumet. Avec Norma : Patrizia Ciofi ; Adalgisa : José Maria Lo Monaco ; Pollione : Gregory Kunde ; Oroveso : Andrea Concetti ; Clotilde : Réjane Soldano ; Flavio : Zeno Popescu. Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie ; Chef de chœur : Pierre Iodice. Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie. Direction musicale : Massimo Zanetti. Mise en scène : Davide Garattini Raimondi ; Costumes : Giada Masi ; Décors et lumières : Paolo Vitale ; Chorégraphie : Barbara Palumbo

Derniers articles

BROUILLON – PARIS, SAINTE-CHAPELLE. / 6ème Festival CLAVIERS / RÉSONANCES, du 1er au 30 juin 2025, de Ellington à Bach

Chaque année, au cœur du Paris historique, sur l’île de la Cité, le Festival Résonances met les claviers à...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img