Compte-rendu critique, opéra. Sanxay. Théâtre gallo-romain, le 14 août 2019. Giuseppe Verdi : Aida. Elena Guseva, Irakli Kakhidze, Olesya Petrova, Vitaly Bilyy, In-Sung Sim. Valerio Galli, direction musicale. Jean-Christophe Mast, mise en scène – Vingt ans déjà que, dans un coin de France dépourvu de théâtre lyrique, les Soirées Lyriques de Sanxay proposent chaque été une œuvre du grand répertoire dans les ruines du Théâtre Antique, lieu magique à l’acoustique bluffante.
Vingt ans que Christophe Blugeon soigne amoureusement chaque édition et parvient, grâce à sa passion et son enthousiasme communicatif, à faire venir à lui des chanteurs a priori inaccessibles, réunissant ainsi des distributions dignes des plus grandes scènes internationales. Là aussi, on se dit que la magie n’est pas étrangère à ce petit miracle renouvelé chaque année. Par notre envoyé spécial Narcisso Fiordaliso.
VERDI à SANXAY
Les larmes d’Aida
Afin de fêter dignement ce 20ème anniversaire, le choix s’est porté sur l’un des titres de Verdi les plus chers au coeur du public poitevin : Aida. Scénographie impressionnante, plateau de premier ordre, direction musicale au cordeau, tous les éléments ont été réunis pour une soirée d’exception.
Le metteur en scène Jean-Chiristophe Mast a imaginé des décors simples mais très évocateurs, convoquant parfois même un brin de magie, notamment lorsque Radamès, proclamé chef des armées, plonge ses mains dans deux immenses jarres, dont elles ressortent couvertes d’or. On se souviendra en outre longtemps de cette immense colonne centrale qui pivote lors du second tableau de l’acte I pour révéler une immense statue du dieu Ptah, invoqué souvent au cours de l’ouvrage.
Un soin particulier a été apporté aux costumes, traditionnels et superbes jusque dans les plus petits détails. La direction d’acteurs est à l’avenant : simple mais juste, et parfaitement lisible, en fait idéale pour un public qui (re)découvre l’oeuvre.
Preuve supplémentaire de l’attention dont la distribution a bénéficié, la qualité des seconds rôles. Grande Prêtresse inoubliable, tant par son chant que par le costume extraordinaire qu’elle revêt et qui lui confère une importance peu courante, Sophie Marin-Degor marque les esprits et les oreilles. Emotion encore en réentendant Luca Lombardo, qui se fait plus rare sur nos scènes et qui fut parmi les premiers à prêter son secours au festival lors de sa création, dans le court rôle du Messager où, en quelques phrases, il peut encore faire valoir son timbre si personnel et reconnaissable entre tous.
Aux côtés du Roi imposant de Nika Guliashvili, la basse coréenne Im-Sung In prête son beau timbre et son autorité à la prestance de Ramfis. Mordant mais capable de nuances insidieuses, Vitaly Bilyy croque un Amonasro plein de morgue et de haine, tandis que la solidité et la vaillance du ténor géorgien Irakli Kakhidze fait merveille dans Radames.
Aussi opposées que complémentaires, les deux femmes s’affrontent avec éclat : à l’ampleur généreuse et au grave inflexible de l’Amneris tellurique d’Olesya Petrova répondent la douceur et le velours de l’Aida tendre d’Elena Guseva.
A la tête d’un chœur très investi et d’un orchestre chauffé à blanc, le chef italien Valerio Galli dompte avec brio les difficultés du plein air et propose une direction pleine de nuances, au service des chanteurs.
INTERRUPTION…
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. Sanxay. Théâtre gallo-romain, 14 août 2019. Giuseppe Verdi : Aida. Livret d’Antonio Ghislanzoni. Avec Aida : Elena Guseva ; Radames : Irakli Kakhidze ; Amneris : Olesya Petrova ; Amonasaro : Vitaly Bilyy ; Ramfis : In-Sung Sim ; Le Roi : Nika Guliashvili ; La Grande Prêtresse : Sophie Marin-Degor ; Le Messager : Luca Lombardo. Choeur des Soirées Lyriques de Sanxay ; Chef de choeur : Stefano Visconti. Orchestre des Soirées Lyriques de Sanxay. Direction musicale : Valerio Galli. Mise en scène : Jean-Christophe Mast ; Scénographie : Jérôme Bourdin ; Lumières : Pascal Noël ; Chorégraphie : Laurence Fanon / photos : AIDA / Sanxay 2019 © David Tavan.