mercredi 23 avril 2025

COMPTE RENDU, OPERA. ROCHEFORT, Th de la Coupe d’or. Le 27 avril 2018. RAVEL : L’ENFNAT ET LES SORTILEGES. Surot / Dhénin.

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COMPTE RENDU, OPERA. ROCHEFORT, Th de la Coupe d’or. Le 27 avril 2018. RAVEL : L’ENFNAT ET LES SORTILEGES. Surot / Dhénin. Les méandres sablonneux de la Charente baignent de leur cours nourricier les terres vertes du Rochefortais. La ville célèbre des « Demoiselles » aux belles maisons de ville en pierre de taille respire l’appel du large qui fit la gloire de ses fosses et de sa Corderie Royale. Si bien la ville de Rochefort respire encore cette ambiance festive du film de Jacques Demy, peu de gens connaissent le magnifique Théâtre de la Coupe d’Or, salle à l’Italienne aux échos magnifiques de la vie florissante de la cité maritime.

 
 

Le temps béni de l’enfance

 
 

Rochefort est aussi le siège d’une des compagnies les plus investies dans l’animation territoriale et un ferme engagement dans la redécouverte du répertoire. La Compagnie Winterreise, fondée et brillamment dirigée par le metteur en scène Olivier Dhénin s’est très tôt engagé dans la transmission de l’art lyrique auprès des plus jeunes. Avec une audace scénographique et de répertoire unique, Olivier Dhénin a exploré les œuvres les plus belles allant de la Petite Marchande d’allumettes du Danois August Enna à L’Enfant et les Sortilèges de Ravel. Le principe de ses productions est d’initier les enfants à la pratique de l’art lyrique et de les rendre protagonistes de ses productions. Dans cet Enfant éponyme, nous avons saisi la profondeur de sa démarche artistique.

 
 

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Olivier Dhénin a véritablement réinventé un classique de l’opéra avec cette production. En confiant le rôle-titre à Siméon Petrov, jeune maîtrisien à l’Orchestre de Paris, il dévoile la véritable couleur emplie d’innocente candeur de la partition ravélienne. Les mots de Colette prennent un tout autre sens quand ils sont chantés par une voix d’enfant, on saisit à la fois l’insouciance et les peurs de l’enfance et on ressent au fond de nous le souvenir de ces émotions. De même confronter un enfant aux autres rôles interprétés par des adultes, même jeunes, confère toute la puissance du rapport de forces de la narration, l’enfant face à un monde parfois incompréhensible et souvent effrayant, notamment lorsque les objets et les animaux s’animent.

Louons notamment la mise en scène du jardin, simulé par un rideau de fils et de fleurs accrochées comme autant de bouquets de floraisons sauvages. On se représente le jardin comme le lieu de tous les mystères et des toutes les rencontres. Pour citer Barbara: « le jardin où nos cris d’enfants jaillissaient comme source claire… » (l’Enfance), le jardin est le lieu de l’enfance libre et aussi déterminée par la rencontre du danger et de la nature.

Cette nature a été évoquée par Olivier Dhénin avec une subtilité sublime. Avec des costumes parfaitement en accord avec l’intemporalité de l’argument et d’une grande élégance.

Le plateau vocal réunit les étoiles montantes du chant Français. Tous incarnent avec un mimétisme surprenant les bêtes et les objets. Nous sommes transportés par les qualités vocales de chaque soliste et surtout la parfaite prosodie!

Yete Queiroz à la voix chaleureuse et au timbre puissant et rond nous ravit, avis aux lecteurs, c’est un talent à suivre absolument!

Nous sommes ravis d’entendre Aimery Lefèvre dans Ravel, sa voix riche et généreuse nous comble et nous souhaitons l’entendre partout, c’est un des meilleurs barytons Français de sa génération.

Dans les rôles épigones du Feu et de la Princesse, Anne-Marine Suire assure ces deux parties vocalement exigeantes avec panache malgré un timbre quelque peu voilé.

Parmi la belle palette d’interprètes, l’on a remarqué le Mezzo agile et suave d’Alexia Macbeth, son jeu ajouté à la beauté de son timbre.

Nous remarquons aussi la belle voix aux ombres veloutées de Thibault de Damas.

Mentionnons aussi parmi ce plateau vocal très équilibré : le joli timbre de Bastien Rimondi en inénarrable Arithmétique et tendre Rainette. Aussi Juliette Raffin-Gay aux belles couleurs.

En fosse si la réduction de l’orchestre à la quintessence peut laisser place à une certaine perplexité en voyant les musiciens en fosse, c’est ce format même qui démontre que la partition de Ravel, même en réduction, opère les mêmes ensorcèlements.

Les musiciens sont d’un niveau tel, que l’on a l’impression d’entendre tout un orchestre. Louons enfin la direction raffinée, précise et polychrome de Martin Surot, très grand talent à suivre absolument!

C’est alors que l’on répondrait bien aux thuriféraires sédentaires du centralisme lyrique, d’ouvrir une carte de France et voir qu’entre Paris et Rochefort, le voyage assure des belles découvertes. Nous saluons ici le soutien indéfectible des autorités municipales à ce genre de projet, le courage et l’enthousiasme de la Mairie de Rochefort démontre encore combien, il est important de reconnaître l’engagement sincère des villes auprès de la création artistique.

Vivement les prochaines productions d’Olivier Dhénin et Winterreise à Rochefort, puissent ses sortilèges nous embarquer encore et toujours dans la nef de l’émerveillement.

 
 

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Compte-rendu, opéra. THEATRE DE LA COUPE D’OR – ROCHEFORT
Vendredi 27 Avril 2018 à 20H30

Maurice Ravel
L’ENFANT ET LES SORTILEGES

L’Enfant – Siméon Petrov (Maîtrise de l’Orchestre de Paris)
La Princesse/Le Feu/ Le Rossignol – Anne-Marine Suire
La Théière, L’Arithmétique, La Rainette – Bastien Rimondi
Maman, La Tasse Chinoise, La Libellule – Yete Queiroz
La Bergère, Un Pâtre, La Chatte, L’Ecureuil – Alexia Macbeth
L’Horloge comtoise, Le Chat – Aimery Lefèvre
Une Pastourelle, La Chauve-Souris, La Chouette – Juliette Raffin-Gay
Le Fauteuil, L’Arbre – Thibault de Damas

Maîtrise et Choeur d’Enfants des Collèges Edouard Grimaud et Pierre Loti de Rochefort et Jean Monnet de Saint-Agnant.

Piano – Michaël Guido
Flûte – Corentin Garac
Violoncelle – Matthieu Lecoq

Direction Musicale – Martin Surot

Mise en scène, dramaturgie, scènographie et costumes – Olivier Dhénin & Cie Winterreise

 
 

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