jeudi 24 avril 2025

Concert Maurice Ohana. Jean-Claude Pennetier, piano. Lyon, Cnsmd. Vendredi 30 novembre 2007 à 20h30

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Maurice Ohana
Soirée

Lyon, CNMSD, Salle Varèse
Vendredi 30 novembre 2007 à 20h30

Conférence par Emmanuel Ducreux et Jean-Claude Pennetier,
Concert par les élèves du CNSMD. Entrée libre


Il est important que le message créatif de Maurice Ohana soit transmis aux jeunes générations de musiciens et par elles : la soirée consacrée au compositeur du Llanto, de Silenciaire et des Préludes par le CNSMD de Lyon permet d’aborder la grande partition pour piano avec Jean-Claude Pennetier, qui en fut le créateur en 1974.

Ohana le méditerranéen
Libre de toute attache autre que consentie, mûrement réfléchie et intégrée dans la vie : ainsi aurait-on pu définir Maurice Ohana (1913-1992), ainsi apparaît-il désormais, puisque voici 15 ans que cette voix ne nous parvient plus directement, « en vie » comme on dit, and « live » en franglais. Dans le paysage hexagonal, et bien sûr au-delà par le rayonnement universel des œuvres, il faisait penser par son indépendance d’esprit à Henri Dutilleux, de 3 ans son cadet et lui encore toujours parmi nous. Maurice Ohana le méditerranéen, certainement : né au Maroc, de « fondation » andalouse » par sa mère, irrésistiblement attiré par le monde africain du nord-ouest ( la culture berbère, notamment), il était pourtant « monté à Paris », après un 1er cursus musical en Catalogne . D’ailleurs n’ayant pas d’emblée choisi entre architecture et musique (bien que concertiste dès l’âge de 11 ans !), puis attiré par la composition – études à la Schola Cantorum -, et puis le tragique européen en dispose autrement : il s’engage dans les armées de Libération sous uniforme…britannique. C’est seulement en 1944 que, revenu à Paris, il peut vraiment commencer son parcours d’écriture musicale, par une Sonate Monodique. Son Llanto por Ignacio Sanchez Meijas le révèle en 1950 à un large public, en affirmant sa filiation avec Lorca, Falla et le cante jondo, et cela se prolongera dans les Cantigas de 1953. Soleil, brûlure, netteté, rythmique africaine des percussions, références à Albeniz du côté sud mais aussi et constamment à Debussy du côté nord, M.Ohana ne refusera que l’écriture sérielle –dont il aura dénoncé sans « précaution inutile » certaines tendances…dictatoriales -, et du coup sera « en marge » de l’avant-garde officielle. Ses recherches dans les ambiguïtés des micro-intervalles et spécialement du tiers de ton, dans les complexités premières des rythmes africains, et plus tard avec l’insertion électro-acoustique, n’en font pourtant pas un compositeur « passéiste ». Au sein d’une œuvre d’ailleurs resserrée, en tout cas sans prolixité, brilleront un Tombeau pour Debussy, les Cris, l’Anneau du Tamarit encore Lorca), l’opéra « La Célestine »(toujours l’Espagne populaire enracinée au coeur), une Messe, le Silenciaire, Syllabaire pour Phèdre, Les Trois Contes de l’honorable fleur(cette fois, la Chine et le Japon)…

12 est bien la moitié de 24
Pianiste, c’est à son instrument « initial » que M.Ohana aura consacré des partitions essentielles, dont l’importance aujourd’hui ne peut qu’apparaître en pleine lumière dans une histoire de la musique au XXe. Et ses 24 Préludes, de 1973, font date dans l’écriture pianistique européenne. La relation à Chopin puis à Debussy est évidente dans la culture et l’invention jaillissante. L’inspiration relie ces pièces au monde des origines non-savantes et pourtant si remplies de science rythmique ou harmonique : le jazz, la polyphonie percussive africaine, le chant espagnol populaire…. Aussi est-il important que le créateur en concert puis au disque de ces Préludes soit (ré)invité par le CNSM pour montrer les liens du compositeur avec l’histoire musicale du XIXe, du XXe et du hors-temps. Jean Claude Pennetier, sans interpréter à nouveau en concert l’ensemble de la partition, donnera lors d’une conférence de Emmanuel Ducreux (lui-même compositeur, et enseignant au CNSM de Lyon), tous les exemples musicaux qui éclaireront le parcours des Préludes. Mais c’est 12 (tiens, la moitié de 24 Préludes) élèves des classes de piano et percussions qui joueront la 2nde moitié des Préludes, la presque moitié des 12 Etudes et 3 Caprices, lors du concert. Cette transmission des principes et des pratiques est évidemment dans l’esprit Ohanien, car si le compositeur n’a jamais enseigné la composition en « institutionnel », il a influencé les écritures de Félix Ibarrondo, Ton-That-Tiêt, Guy Reibel, André Bon, et Edith Canat-de-Chizy, qui en compagnie de François Porcile, lui a consacré un livre qui fait autorité (ed. Fayard, 2005). Tout cela permettra de mieux réfléchir sur les préceptes de la liberté debussyste sur le vent et la mer ( « voir se lever le jour est plus utile que d’entendre la Symphonie Pastorale »). Ohana lui-même n’écrivait-il pas à son tour : « Les grandes leçons de musique, je les ai reçues de la mer, du vent, de la pluie sur les arbres et de la lumière » ?

Soirée Maurice Ohana (1913-1992) : 12 Préludes pour piano, Etudes, Caprices. Conférence par Emmanuel Ducreux, avec la participation de Jean-Claude Pennetier. Concert par 12 étudiants de piano et de percussions. Lyon, Cnsmd, salle Varèse, 18h30 et 20h30. Vendredi 30 novembre 2007. Information et réservation (entrée libre) Tél.: 04 72 19 26 26 ou www.cnsmd-lyon.fr. Le site de Maurice Ohana

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