jeudi 24 avril 2025

Concerts et opéras Grétry Versailles, Paris. Du 17 octobre au 21 novembre 2009

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Versailles et Paris vivent en octobre et novembre 2009 au diapason de Grétry. Génie pour les planches, et ce dans tous les genres (tragédies, opéras-comiques, ballets pantomimes, ballets héroïques…), le compositeur mort en 1813 ressuscite. Outre l’amuseur de la Reine à Versailles, il s’agit aussi de réhabiliter le génie d’une nouvelle scène, néo classique et déjà romantique, fièvreuse, audacieuse, associant grandeur et poésie; contemporaine de Gluck, préludant à l’éloquence de Berlioz…
Les compositeurs de transition redeviennent à la mode. Le cas de Grétry, mort en 1813, jouant au crépuscule de l’Ancien Régime et qui annonce déjà l’aube romantique est un cas d’école qui devrait faire des émules et inaugurer de prochains filons de redécouvertes. Le Château de Versailles et Paris accueillent à partir de cet automne (octobre et novembre 2009) de somptueuses nouvelles grandes journées dédiées au compositeur français, bien oublié depuis l’époque où il était le favori (avec Salieri, Sacchini Gluck) de l’écervelée Marie-Antoinette en son domaine de Trianon… De Versailles à Paris, les facettes d’un talent doué pour le théâtre se précise: auteur tragique (Andromaque), pour l’opéra comique (l’Amant jaloux), génie du ballet pantomime (la Belle et la Bête), inspirateur indiscutable dans le genre du ballet héroïque (Céphale & Procris). Et vous, quel Grétry préférerez-vous?

Celui qui s’est notamment illustré sur la scène dans les genres de l’opéra comique et du ballet héroïque mérite assurément cette exploration qui sonne comme une réhabilitation officielle… premiers rvs versaillais les 10 et 17 octobre 2009.

Pleins feux sur un compositeur prolixe dans tous les genres, au sein d’une époque où les arts de la scène évolue (grâce à la pantomime et ses perspectives expressives et dramatiques originales: naissance d’un nouveau ballet plus libre et inventif que le strictement décoratif ballet d’agrément…), où les genres se diversifient et surprennent par leur nouveauté (quatuors, symphonies, sonates, concertos…), où de nouveaux instruments permettent de nouveaux paysages sonores (harpes et pianoforte): Grétry participe à ce mouvement moteur des idées et des goûts de Paris à Versailles. Pendant le règne de Louis XV, c’est Paris qui donne le ton: Versailles suit l’internationalisation du goût qu’incarne parfaitement ensuite (au début des années 1770), les deux compositeurs préférés de la jeune Reine de France, Marie-Antoinette: d’un côté la tragédie sévère mais morale de Gluck, réformateur de l’opéra français (qui annonce Spontini et Berlioz); de l’autre, la détente qui n’empêche pas l’expressivité (du larmoyant à la badinerie mordante) propre à l’opéra-comique associant chant et dialogues parlés.

4 temps forts Grétry
Versailles, Paris. Du 17 octobre au 21 novembre 2009

Parmi les surprises attendues de ces rvs Grétry, notons le spectacle pantomime La Belle et la bête d’après Zémir et Azor (sur un livret de Marmontel, 1771), à Versailles (Théâtre Montansier, le 17 octobre 2009 à 21h). L’idée est d’adapter pour l’art chorégraphique l’opéra Zémir et Azor qui est la source musicale de ce projet. A l’époque de Marie-Antoinette, le chorégraphe Noverre, en 1776, revient de Stutgart et de Vienne où il a renouvelé le ballet grâce à l’invention de la pantomime: un art nouveau de la danse où toute une action est exprimée par le corps sans chant… le nouveau genre qui met en avant l’art dramatique des solistes, est évidemment soutenu par les danseuses adulées telle Mlle Guimard. Le spectacle reprend comme à l’époque la trame de l’opéra originel Zémir et Azor de Grétry pour en faire un ballet pantomime.

Ne manquez surtout pas l’opéra tragique Andromaque de 1780, d’après Racine (Andromaque, 1667), « recréé » au TCE à Paris, le 18 octobre 2009 à 17h. Certes Grétry fut ce compositeur fleuri et badin, aux ariettes à vocalises à l’insouciance versaillaise si appréciée de la Reine… mais il sut aussi se renouveler totalement en particulier à la veille de la Révolution, et juste avant la chute de l’Ancien Régime, grâce à des oeuvres plus ambitieuses et tendues, dans la veine de Méhul et de Cherubini (Guillaume Tell, Denys le Tyran, Pierre le Grand…). Andromaque, composée en 1778 témoigne de cette dernière main, soucieuse de grandeur héroïque mais palpitante déjà sous le feu d’un sentiment purement romantique: l’orchestre y peint le paysage le plus audacieux, d’une orchestration psychologique inouïe annonçant Berlioz. En somme, l’exaltation des passions baroques mais filtrées sous l’exigence d’un Gluck, à la façon d’un claire et simple frise dorique.

Autre temps forts Grétry de ce second semestre 2009, l’opéra-comique L’Amant-Jaloux (livret de Thomas d’Hèle, 1778), partition de demi caractère dont la pétillance annonce le Mozart des Noces! Le compositeur salzbourgeois fut certainement frappé par l’oeuvre de Grétry en 1778 lors de son second voyage en France… L’ouvrage tient l’affiche du nouvel opéra flambant neuf au sein du château de Versailles, les 10, 13 et 15 novembre 2009. L’entreprise vaut d’être mentionnée car outre l’inscription d’un nouveau genre au sein des recherches musicales à Versailles, il s’agit aussi de recréer les décors de l’époque avec les machineries du XVIIIème siècle. Grétry y aborde un livret proche de Beaumarchais.

Le 21 novembre 2009 à l’Opéra Royal, redécouverte du ballet héroïque, Céphale & Procris, dont le genre renoue avec les grandes oeuvres de circonstance de Rameau sous le règne de Louis XV. Composé en 1773 pour le mariage du Comte d’Artois, frère du Roi, le ballet a été créé à l’Opéra de Versailles (comme Sabinus de Gossec ou Ernelinde de Philidor). Pour le faste et la dignité du lieu, pour l’exceptionnel de l’événement, Grétry réinvente le ballet de cour avec audace là encore et originalité (choeurs ambitieux, drame annonçant Orphée de Gluck, orchestre foisonnant, expressifs, suractif même… notion confirmée par son Andromaque plus tardive… Le Céphale et Procris de Grétry incarne avec les oeuvres de Leclair et de Mondonville la dernière esthétique nationale avant l’arrivée à Versailles de Gluck.

Illustrations: André Ernest Modest Grétry (DR)

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