samedi 10 mai 2025

Concours International de Musique de ChambreLe trio avec piano. Lyon, du 18 au 22 avril 2011

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Concours International de Musique de Chambre

Le trio avec piano. Lyon, du 18 au 22 avril 2011

C’est la 7e édition du « CIMCL » pour Concours International de Musique de Chambre de Lyon qui a pris place internationale, et se consacre cette année au Trio avec piano. Le public est invité aux épreuves, dont les partitions imposées font large place à la musique française XIXe-XXe. Concerts d’ouverture et de coda, classes de maître (Menahem Pressler, membre du jury, doit assurer l’une d’entre elles), et aussi un Colloque de l’Université Lyon-2 marquent cette nouvelle session qui fera « émerger » de jeunes ensembles, qui sont 25 sur « la ligne de départ ».


Il ne faut jurer de rien

Le trio avec piano, ou « il ne faut jurer de rien »… C’est le sous-titre que pourrait inspirer une déclaration très péremptoire d’un certain Piotr Illich Tchaïkovski : « Mes organes auditifs sont faits de telle sorte qu’ils n’admettent aucune combinaison avec violon ou violoncelle. Les timbres différents de ces instruments se combattent et c’est, je vous l’assure, une véritable torture que d’écouter un trio ou une sonate de piano avec violon ou violoncelle. » Et puis parfois vient « la mort qui toujours gagne » : le pianiste Nicolas Rubinstein – avec qui les relations n’avaient pas toujours été sans nuages – disparaît brutalement, et Tchaïkovski décide de passer outre ses « tortures auditives », il compose un « Trio à la mémoire d’un grand artiste », qui célèbre l’amitié indestructible, et il met en scène instrumentale Rubinstein l’immense pianiste, et deux autres, qui peut-être sont Piotr Illich soi-même et l’Egérie absente-présente , baronne Von Meck. D’ailleurs peu importe la répartition en filigrane des rôles, seuls comptent le geste de passer outre et le génie qui se manifeste. Car le Trio op 50, « aussi long » que la Symphonie Pathétique, s’articule de façon complètement originale – Pezzo elegiaco puis Tema con variazioni -, et ses deux mouvements sont l’une des plus belles œuvres du romantisme finissant, véritable dialogue avec beauté, mémoire et mort.


D’illustres aînés pour la jeune génération

Les instances du Concours International de Musique de Chambre (le 7e d’une série inaugurée à Lyon en 2004) ont sûrement en arrière-plan cet op 50 dont les auditeurs des Musicades se souviennent qu’en répétition publique le violoncelliste Alain Meunier avait dit « des Russes ne peuvent le jouer qu’en pleurant »… Et même s’il ne figure pour l’instant pas dans les « épreuves imposées », rien n’interdit de songer que les candidats arrivés en finale pourront le choisir. Sur les 25 trios inscrits, 2 ne sont-ils pas du pays de Tchaïkovski ? En tout cas, voici au printemps 4 jours voués à la musique de chambre et qui désormais s’inscrivent dans le paysage français, avec leurs « 24 heures d’épreuves publiques, leurs 2 concerts-événements, leur colloque, leurs classes de maître » et d’autres manifestations intra-muros ou hors les murs. 7 ans plus tôt, comme le souligne le corniste (O.N.L.) Gérard Nicod, Patron de ce Concours, on avait inauguré la formule avec ce même groupement instrumental : « et les lauréats du 1er concours –Trio di Parma – sont désormais au jury, passant ainsi la main à la jeune génération »… . Jury prestigieux, puisqu’à côté du violoncelliste Enrico Bronzi (Trio di Parma), de Pierre Korzilius (Nuits Romantiques d’Aix les Bains), de membres des Trios Altenberg, de Jerusalem et Wanderer, siégeront les aînés glorieux, le violoniste Joseph Silverstein et le pianiste Menahem Pressler (Beaux Arts Trio)… Joël Nicod souligne aussi les liens nouveaux du Concours avec le Palazetto Bru Zane de Venise, le Centre de Musique Romantique qui inscrit les œuvres françaises dans les reflets aquatiques de la Cité sur l’Eau… Auprès des « jeunes », le Concours passe bien, en France et à l’étranger : sur les 25 de 2011, 10 viennent de l’hexagone (7 du CNSM Paris, 3 de Lyon), 4 d’Allemagne, 3 d’Espagne, 2 de Hollande, de Russie, des Etats Unis, 1 d’Angleterre et de Suisse. Les nationalités dans le Trio voient évidemment dominer la France (30), mais Russes, Coréens, Espagnols, Américains sont en nombre significatif, et on rencontre un Japonais et un Ouzbèque…Les lauréats n’auront pas seulement la gloire de 7 nominations (financièrement dotées), et se verront proposer des engagements professionnels à Venise, Leverkusen et en de très nombreux festivals et saisons en France.


Des septuors inégalement connus

On sait que le cadre du Trio piano-violon-violoncelle a ouvert l’inspiration du classicisme et surtout du romantisme, puis de « la modernité » : Haydn, Mozart, Beethoven, Schubert (l’immense 2e Trio), Schumann (les 3), Mendelssohn, Brahms, Dvorak et Ravel (chef d’œuvre en sa musique de chambre)…Dans les épreuves (éliminatoire, demi-finale et finale), Mozart (K 498), Beethoven (op 1, 11, 70), Ravel figurent donc, mais on est allé demander aux Français fin XIXe ou XXe des partitions moins connues : Georges Pfeiffer (1835-1908),Alphonse Duvernoy (1842-1907), Cécile Chaminade (dont on réduisit longtemps le talent à ses Mélodies un peu romance de salon), et pour la période actuelle, Olivier Greif mort en 2000, à 50 ans, dont l’œuvre inspirée par le sacré hindou et fortement métaphysique est désormais reconnue comme très importante. Le public , évidemment admis à toutes les épreuves (au CNSM pour le « 1er tour », à la Salle Molière pour demi-finale et finale), mais aussi aux classes de maître (CNSM pour M.Pressler et E.Bronzi ; Conservatoire Régional pour R.Pidoux, C.C.Schuster et R.Shiloah), se verra offrir un Concert d’ouverture, par des musiciens de l’Orchestre d’Opéra : le Septuor op.20 de Beethoven (qui ne prisait pas fort cette œuvre très appréciée en son temps et qu’il jugeait trop facile, et nous maintenant ?), et un autre Septuor, d’Adolphe Blanc, quasi- découverte à propos d’un compositeur qui fut au XIXe (1828-1885) « au croisement du classicisme maintenu et d’un romantisme assagi ». Et la coda sera donnée par les lauréats, en un autre concert dont on ne peut donc dire par avance le programme, et que présentera le très médiatique Frédéric Lodéon.


Un colloque très argumenté

Comme à chaque session, l’Université Lyon-2 est très présente, assurant en un nouveau Colloque la part de réflexion musicologique et esthétique, et dont les Actes seront ultérieurement publiés aux Publications du département Musique et Musicologie de Lyon-2. Toute la journée du jeudi 21, on pourra donc suivre les échanges, communications, rencontres et débats autour de spécialistes de Lyon-2 (Isabelle Bretaudeau, Jean-Marc Warsawski, Denis Le Touzé, Anne Pénesco, Muriel Joubert) ou d’autres « patries » universitaires (Benoît Menu, Brigitte François-Sappey, Hervé Audéon, Jean Gribenski). La direction scientifique et éditoriale en est assurée par Gérard Streletski. On doit également à cet enseignant de Lyon-2 la récente mise en œuvre et direction d’un concert de l’Ensemble Orchestral Lyon 2 ( c’était le 29 mars, au théâtre des Ateliers) où ont été jouées des créations d’étudiants en musicologie, et une partition importante du non moins jeune Bertrand Plé, Les Mondes Disparus. Autre preuve – cette fois donnée par les étudiants des Conservatoires lyonnais – qu’on sait « sortir du cocon » : le Stage « du cours à la scène » est « couronné » par des concerts donnés en structure hospitalière (Saint Joseph-Saint Luc), « ouvrant l’hôpital sur la vie normale et allégeant le poids et la solitude des patients ou de leurs soignants ». Et puis des « Rencontres Pro » permettront de faire le point sur les perspectives et trajectoires des ensembles musicaux », histoire de faire mieux connaître « la vraie vie » pour des jeunes instrumentistes en devenir public…

Lyon, 7e Concours International de musique de chambre : le trio avec piano. Du lundi 18 au vendredi 22 avril 2011. Concert d’ouverture, lundi 18, 20h30. Concert des Lauréats, vendredi 22, 20h. Epreuves éliminatoires, mardi 19, 14h à 22h, mercredi 20, CNSMD . Demi-finale : jeudi 21, 14h à 22h, Salle Molière. Finale : vendredi 22, 9h30 à 17h, Salle Molière. Classes de maître, CNSMD et CRR. Colloque : jeudi 21, salle Witkowski (Salle Molière). Concerts publics, mardi 19, mercredi 20, jeudi 21 18h : Hôpital Saint Joseph-Saint Luc. Rencontres professionnelles, mardi 19, 10h à 12h30 : Les Subsistances. Information et réservation : T. 04 72 41 83 30 ; www.cimcl.fr

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