La 4e édition du Concours international Les étoiles du piano
confirme l’importance de la compétition installée désormais à Roubaix en particulier au Conservatoire. Cette année est marquée par deux éléments forts : le très haut niveau moyen des candidats et la présence de l’Orchestre de Picardie qui en permettant de jouer les concertos avec orchestre lors de la finale disputée par les 5 finalistes, confère une dimension exceptionnelle, d’autant plus formatrice pour les jeunes candidats pianistes.
Dès lors l’ambiance lors de la Finale du 17 novembre dernier, était électrique et au regard des 5 candidats en lice, passionnante à suivre. Malheureusement nous n’avons pas pu assister à la performance des deux premiers candidats. Programmés dans l’après midi dès 13h30, les 3 finalistes suivants ont pu déployer l’étendue de leurs capacités, autant techniques qu’interprétatives. Car à implication égale (et réelles) ce sont bien des interprètes que jury et publics attendent et souhaitent récompenser.
13h30 – l’artiste la plus âgée, Salomé JORDANIA (Géorgie, 27 ans) joue le Concerto n°2 de Chopin. En phase avec les instrumentistes superbement dirigés par le jeune Simon Proust, très engagé, la pianiste fait valoir la solidité de son métier, avec un toucher interprétatif délié et des qualités d’intériorité sans emphase, de pudeur, très séduisantes. Comme porté par un orchestre nerveux, le piano recherche le cantabile ; la soliste cultivant toujours un jeu très caressant – le second mouvement convainc par sa suspension maîtrisée ; une conception naturelle et sobre, des qualités de couleurs qui alliées à l’évidente maturité de la pianiste, confirment cette délicatesse et cette élégance qui séduisent. Les variations et cadences du Finale, tract probable, sont moins assumées, un rien scolaires ; mais c’est la juvénilité et l’éclat joyeux sans emphase qui se révèlent très réussis.
14h30 – Place au seul français encore en lice : Rodolphe MENGUY (26 ans) pour le Concerto n°23 de Mozart. Lui aussi fait montre d’une étonnante sureté, une belle cohérence dans chaque séquence ; le premier mouvement sonne faible cependant par des duretés et des accents secs, trop littéraux et linéaires. Alors, la sensibilité de l’interprète se révèle totalement dans l’Adagio, au rayonnement crépusculaire assumé, à la fois souverain et tendre, exprimant la conscience de la mort grâce à un jeu d’une finesse saisissante, à la fois sobre et profonde. L’orchestre, tout en délicatesse fraternelle, s’accorde idéalement à ce toucher de rêve et l’on (re)découvre l’élégance de l’orchestration ; la sincérité de l’écriture mozartienne, en particulier dans le jeu du dialogue entre le clavier et le basson… Moment suspendu, – sorte de miracle que chacun espère sans trop y croire lors d’un concours, mais qui se réalise alors bel et bien, à Roubaix. Les spectateurs restent silencieux comme saisis par cette sensibilité toute en complicité, ce jeu captivant entre le soliste et l’orchestre. Le 3è et dernier mouvement dévoile une maîtrise à présent infaillible, avec l’esprit du jeu, un naturel précis jusqu’à la fin.
15h30 – Quelle différence de tempérament avec la performance du russe Vladimir Skomorokhov (24 ans) dans un Concerto en la mineur de Robert Schumann, asséné avec brutalité, et pour seule nuance, la surenchère de décibels ; à tel point que le piano réussit à couvrir l’orchestre tant le pianiste martèle et rudoie, comme gagné par une frénésie et l’envie d’en découdre dans l’excès. Tout est expédié et caricatural dans une mise en place souvent confuse et brouillonne.
A l’issue de la Finale, le Jury se réunit pour délibérer et classer par ordre de mérite les 5 pianistes concurrents. Le palmarès nous donne raison, distinguant et la finesse intérieure de Rodolphe Manguy chez Mozart (2ème Prix de cette édition 2023) ; puis le sens de la nuance et de la clarté de sa consœur géorgienne chez Chopin (4ème Prix). Les deux pianistes du matin ont été tout aussi convaincants : le Canadien Carter Johnson (27 ans) décrochant le 1er Prix, et le Taïwanais Kuan-Wei Chen (23 ans) le 3è Prix. LIRE ici notre dépêche proclamant le palmarès du 4è Concours international Les Étoiles du piano 2023 : https://www.classiquenews.com/roubaix-4e-concours-international-les-etoiles-du-piano-palmares-2023-carter-johnson-1er-prix-canada-rodolphe-menguy-2e-prix/
Il faut compter désormais avec le Concours Les Étoiles du piano à Roubaix. La compétition n’est pas seulement un révélateur de talents, c’est aussi un accélérateur de carrière : les lauréats richement dotés (le 1er Prix obtient 20 000 euros ; le 2è, 15 000 euros ; le 3è, 5 000 euros,…) obtiennent ensuite des engagements, opportunité professionnelle qui les inscrivent davantage dans le métier et le circuit des concerts. On suivra désormais chaque tempérament ainsi révélé, sans omettre la 5ème édition des Étoiles du piano; rendez-vous incontournable pour chaque amateur de piano.
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CRITIQUE, 4e Concours Les Étoiles du piano, ROUBAIX, le 17 novembre 2023 (Finale).
approfondir
ENTRETIEN avec DELPHINE DUBREUIL et VLADIMIR SOULTANOV à propos du Concours international Les Étoiles du piano à Roubaix, 4e édition 2023 : https://www.classiquenews.com/entretien-avec-delphine-dubreuil-et-vladimir-soultanov-a-porpos-du-concours-international-les-etoiles-du-piano-a-roubaix-4e-edition-2023/
Présentation ROUBAIX. CONCOURS Les étoiles du piano des Hauts de France – 4ème édition : 13 – 18 nov 2023 : https://www.classiquenews.com/roubaix-concours-les-etoiles-du-piano-des-hauts-de-france-4eme-edition-13-17-nov-2023/
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