samedi 19 avril 2025

CRITIQUE CD événement. ALDO CICCOLINI, piano : RACHMANINOV, Concert pour piano n°3 – Variations sur un thème de Paganini (1 cd Forlane, réédition 1964, 1966)

A lire aussi

Né à Naples en 1925, le pianiste Aldo Ciccolini reçoit au Conservatoire de Parme, la grande leçon de Busoni et de… Liszt. Ce qui lui permet, grâce à ses qualités propres, en 1949 de remporter le Concours Long Thibaud en 1949… à 24 ans. Pour les 10 ans de sa disparition (1er février 2015 à Asnières sur Seine), l’association « les amis d’Aldo Ciccolini » publie chez Forlane la prise live du Concerto pour piano n°3 (qui vient ainsi compléter son enregistrement du n°2 (en 1957, Emi). La passion et l’éloquence que le pianiste déploie rappellent ses défrichements visionnaires chez Liszt, son engagement mémorable pour la musique française dont il fut un ardent défenseur (de Chabrier et Satie à Massenet et Debussy).

 

 

 

Le Concerto n°3 est porté par un compositeur pianiste qui n’a pas hésité à défendre son œuvre en tournée dans le contexte de sa création à New York le 28 nov 1909. Il rejouera ainsi la partition en janvier 1910 sous la direction de… Gustav Mahler.

Aldo Ciccolini y redouble de virtuose facétie, de généreuse expressivité dans l’un des Concertos les plus denses, et les plus ambitieux de Rachma dont il souligne avec malice entre autres, les mille références harmoniques à Wagner… Le soliste caresse avec de superbes respirations l’élan mélodique du premier Allegro (ma non troppo) en particulier quand il est doublé par le cor… sans omettre de marquer avec autorité les points structurants de ce premier mouvement, autant d’appuis pour nourrir la vitalité lyrique et comme éperdu du chant pianistique.
Le mouvement lent (Intermezzo noté adagio, en ré mineur) s’inscrit dans le sillon du mouvement lent du Concerto n°2 : Aldo Ciccolini l’aborde comme une rêverie mitigée, ambivalente à la fois ferme et précise et portée par une humeur évanescente dont l’accord avec les cordes s’avère le plus bel hymne à l’extase ; son entrain est d’autant plus communicatif qu’il est enchaîné au final, amène à l’apothéose conclusive, au caractère libre, rhapsodique, et même hollywoodien.

Composée pour lui-même (et créée en 1934 à Baltimore sous la direction de Leopold Stokowski) comme une fantaisie libre mais passionnément pianistique, la Rhapsodie sur un thème de Paganini développe ce goût premier pour la métamorphose ; à partir du 24è Caprice (1817), Rachmaninov réinvente à sa façon le développement mélodique à travers 24 séquences enchaînées dont la 7è ajoute au thème de départ, le motif du Dies Irae. Le pianiste souligne et décrypte chaque option d’un compositeur facétieux, dramaturge, fin orchestrateur aussi qui sans pause, ne cesse de réécrire constamment le dialogue entre piano et orchestre.

 

 

 

 

_________________________________________

CRITIQUE CD. ALDO CICCOLINI, piano. RACHMANINOV : Concert pour piano n°3, Rhapsodie sur un thème de Paganini. Orchestre de la Radio Télé Luxembourg, Louis de Froment (lives enregistrés en 1964 et 1966) – 1 cd Forlane pour les 10 ans de la disparition d’Aldo Ciccolini.

 

 

 

Derniers articles

CRITIQUE, concert. PERPIGNAN, le 17 avril 2025, Festival de Musique sacrée, concert de clôture. Tallis, Byrd, Allegri, McMillan…Tenebrae Choir, Nigel Short.

Pour sa dernière journée, le Festival de musique sacrée de Perpignan propose une soirée réjouissante dont le déroulement dans...

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img