mardi 22 avril 2025

CRITIQUE CD. RAVEL L’ALCHIMISTE. Concerto pour piano en sol (M83), Ma Mère l’Oye (M60), Le Tombeau de Couperin (M68a), Pavane pour un Infante défunte (M19) – Orchestre de chambre Nouvelle Aquitaine. Jean-François Heisser (1 cd Mirare)

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Superbe réalisation qui vient à poings nommés célébrer les 150 ans de Maurice Ravel ce 7 mars 2025 ! L’élégance onirique avec laquelle le pianiste et chef d’orchestre Jean-François Heisser aborde les univers oniriques et magiques du sorcier Ravel relève d’un prodige rare… ce n’est pas tant l’intelligence des détails, la clarté et la mesure des alliages de timbres, tous d’un fini et d’un naturel …miraculeux, que la compréhension intuitive et idéalement ciselée dont sont capables chef et instrumentistes, qui captive de bout en bout. Éloquence de l’intime, surgissement de l’ineffable, souffle onirique, respirations secrètes, intimisme et humour aussi… Ce Ravel est infiniment suggestif, porteur de mondes invisibles, aussi raffinés que furtifs.

 

Le Concerto pour piano joué, dirigé par JF Heisser court, aérien, fluide, scintillant, avec un Adagio assai suspendu, dont la caresse intime plonge dans l’insouciance enchantée de l’enfance… Les 5 Pièces enfantines de Ma Mère L’Oye font résonner la même sensibilité délicate où c’est bien la pure poésie qui se déploie, colorant à chaque tableau, d’infinis prodiges poétiques ; les seuls instruments en sont les solistes enivrés, grâce aussi à une prise de son particulièrement parfaite : détaillée, qui respire et enveloppe. La Belle, Poucet,… tissent un hommage juste aux anciens, dans ce regard néo antique, néo baroque (Perrault et Couperin y sont célébrés avec une exquise drôlerie) que Ravel sublime par sa propre sensibilité à la fois incisive et transparente. Laideronne et le jardin sont des prodiges de scintillement orchestral : une leçon de symphonisme ravélien, grâce à la subtilité enivrée des musiciens de l’OCNA / Orchestre de chambre Nouvelle Aquitaine, véritable forge enchantée.

Même agilité nostalgique dès le début du Tombeau de Couperin, où la vivacité de l’évocation saisit par son intensité idéalement millimétrée (les bois sont d’une espièglerie jubilatoire… cf secret et souplesse de la Forlane). Ce sens de la broderie scintillante, la respiration des cordes, l’enveloppe des accents collectifs, l’intelligence là encore des détails et des équilibres entre pupitres sont superlatifs. La Pavane offre un autre suprême degré dans l’art indicible de la nostalgie musicale : l’Orchestre plonge dans un passé évocatoire, puissant et filigrané (exactement comme la parure du Menuet du Tombeau précédent) : il en déduit la texture d’un songe hypnotique. Si Ravel est un alchimiste, Jean-François Heisser s’y révèle aussi magicien, aussi inspiré que fut prestidigitateur le compositeur lui-même.

 

L’album compose le plus bel hommage à l’art ravélien : raffiné mais touchant… jamais sophistiqué et toujours bouleversant de sincérité. Certainement la réalisation que nous attendions pour l’anniversaire Ravel : un programme superlatif, opportun pour les 150 ans de Ravel en mars 2025. Le cd porte bien son titre : « RAVEL L’ALCHIMISTE ».

 

 

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CRITIQUE CD. RAVEL L’ALCHIMISTE. Concerto pour piano en sol (M83), Ma Mère l’Oye (M60), Le Tombeau de Couperin (M68a), Pavane pour un Infante défunte (M19) – Orchestre de chambre Nouvelle Aquitaine. Jean-François Heisser, piano et direction (enregistré en déc 2020 et janv 20201 au TAP de Poitiers). CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2025 – 1 cd MIRARE (MIR582) – Plus d’infos sur le site de l’éditeur MIRARE : https://www.mirare.fr/albums/ravel-lalchimiste/
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