L’Orchestre National des Pays de la Loire – et son directeur Guillaume Lamas – ont vu grand pour leur concert d’ouverture de saison, en affichant les grandioses “Carmina Burana” de Carl Orff, sur deux soirées tant à Nantes qu’à Angers. Oui, cet ouvrage se prononce au pluriel, et l’on doit sire “les” Carmina burana ou « Chants de Beuren » – du nom du monastère de Haute-Bavière où ont été retrouvés les manuscrits des poèmes médiévaux sur lesquels Carl Orff composa la musique en 1936.
Crédit photo © Emmanuel Andrieu
L’orchestre ligérien est dirigé par son directeur musical, Sascha Goetzel, avec une vigueur et un aplomb qui mettent particulièrement en valeur le caractère direct et chatoyant de l’orchestration. Le rythme, élément essentiel de la partition, est légitimement appuyé et lancinant. Quant au volume sonore, il est traité par le chef autrichien avec une dynamique très contrastée, passant du susurrement à peine audible des chœurs (conjugués de l’ONPL et Universitaire de Nantes, soutenus par la Maîtrise de la Perverie) à l’exubérance tonitruante des cuivres et des percussions. Les nombreux choristes se tirent avec tous les honneurs des difficultés posées par la prononciation du vieux français, des moyen et haut allemands, mais surtout du latin où les consonnes se détachent clairement. La soprano colorature Lila Dufy possède une voix claire, irréprochable dans l’aigu, et décoche quelques fort jolies notes dans Cour d’amours, tandis que le baryton (breton) Timothé Varon et le ténor navarrais Joaquin Asiain (avec une voix moins belle que son collègue…) se montrent à la hauteur de leur tâche. Le premier est même un peu la vedette de la soirée, car non seulement on ne perd pas une miette des paroles, mais il est à l’aise dans tous les registres, campant avec superbe un abbé aviné (“Ego sum abbas”), puis en négociant parfaitement la tessiture très étendue de “Dies, nox et omnia”.
La soirée avait débuté avec deux “mises en bouche” purement orchestrales, avec la rare “Ouverture festive” de Chostakovitch et la plus courante “Symphonie pour instruments à vents” de Stravinsky (révision de 1947) – dont la réalisation s’avère parfaite, qu’il s’agisse de la rythmique, des harmonies riches et serrées ou du mélange très réussi des timbres. La limpidité et l’évidence solaire de cette pièce fascinante sont ici parfaitement rendues.
A l’issue de la soirée, le public nantais ne boude pas son plaisir et fait un joli triomphe aux plus de 200 artistes réunis sur la vaste scène de la Cité des Congrès !
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CRITIQUE, concert. ANGERS (les 22 & 26), NANTES (les 24 & 25). C. ORFF : Carmina Burana. L. Dufy, J. Asiain, T. Varon, Orchestre National des Pays de la Loire, Chœurs de l’ONPL et Universitaire de Nantes, Sascha Goetzel (direction).
VIDEO : Christian Macelaru dirige les « Carmina Burana » de Carl Orff