C’est un concert “maritime” que proposait à son public l’Orchestre national des pays de la Loire, en mettant en miroir trois ouvrages ayant trait à l’univers aquatique : le choeur “Mer calme et voyage heureux » de Ludwig van Beethoven, la célébrissime “Mer” de Claude Debussy et la plus rare “Petite sirène” d’Alexander von Zemlinsky.
La soirée a cependant débuté par un discours de deux syndicalistes de l’ONPL, dénonçant le désengagement de la Région en matière culturel, avec un budget 2025 revu drastiquement à la baisse… Puis la musique reprit ses droits, sous la gestuelle toujours aussi aérienne et souple du directeur musical de la phalange ligérienne, Sascha Goetzel, avec d’abord la Cantate de Beethoven écrite en 1814 sur deux poèmes de Goethe : “Meerestille und Glücklich Farht”. Cette pièce met immédiatement en exergue la justesse d’intention du fringant chef autrichien, autant que la qualité d’exécution de la formation symphonique et du chœur. Préparé par sa chef attitrée Valérie Fayet, ce dernier développe d’abord en douceur le premier Lied du grand dramaturge allemand, pour se dynamiser ensuite dans la seconde partie, Allegro vivace. Après cette relative rareté, La Mer (1905) de Debussy ramène l’audience angevine vers des rivages plus connus. Les solistes s’y avèrent excellents, tandis que les tutti se montrent impressionnants, notamment du côté des cordes. La vision de Goetzel s’avère globalement assez spectaculaire, laissant par exemple les trombones éclater à la fin de la première des trois esquisses (“De l’aube à midi sur la mer”). Les deuxième (“Jeux de vagues”) et troisième (“Dialogue du vent et de la mer”) sont tout aussi réussies, en raison de leur caractère fiévreux et emporté.
Après la pause, quelle belle découverte que cette “Petite sirène” (“Die Seejungfrau”) du compatriote du chef, le génial Alexander von Zemlinsky. Composée en 1903, la partition rappelle les poèmes symphoniques de Liszt par sa musique à programme, inspirée d’Andersen, tout en faisant appel à une orchestration beaucoup plus foisonnante et imposante. La même fougue remarquée dans Debussy porte également l’interprétation de Sascha Goetzel, les épisodes les plus descriptifs, comme l’évocation de la tempête, prenant beaucoup de relief. Le chef ainsi avec les tempi, ralentissant dans les passages lents, admirablement apaisés, pour mieux surprendre dans les tutti embrasés qui surviennent tels d’irrésistibles soubresauts de pulsation rythmique. On se répète, une bien belle découverte !
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CRITIQUE, concert. ANGERS, Palais des Congrès, le 27 mars 2025. BEETHOVEN / DEBUSSY / ZEMLINSKY. Orchestre National des Pays de la Loire, Sascha Goetzel (direction). Crédit photographique © Sébastien Gaudard