lundi 7 avril 2025

CRITIQUE, concert. AVIGNON, Opéra Grand Avignon, le 4 avril 2025. BACH / KAPRALOVA / MENDELSSOHN. Orchestre National Avignon-Provence, Adam laloum (piano), Léo Margue (direction)

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

L’Orchestre National Avignon-Provence – sous la direction énergique et raffinée du jeune chef français Léo Margue (nommé dans la catégorie « Révélation chef d’orchestre » aux Victoires de la musique classique 2024) – a offert une soirée musicale d’une remarquable cohérence, mêlant baroque, romantisme et musique du XXe siècle avec une grâce et une précision captivantes. Au programme : le Concerto pour piano n°1 en ré mineur de Jean-Sébastien Bach, la Partita pour piano et cordes de Vitězslava Kaprálová en première partie, et la Symphonie n°1 en ut mineur, op. 11 de Felix Mendelssohn en seconde partie. Le jeune pianiste français Adam Laloum, connu pour son toucher délicat et son intelligence musicale, était l’invité d’honneur de cette belle soirée symphonique.

 

D’emblée, la phalange provençale et Adam Laloum ont imposé une lecture dynamique et profondément expressive de ce concerto de Bach, originellement écrit pour clavecin mais magnifiquement adapté au piano moderne. Laloum a fait montre d’une articulation cristalline, tout en insufflant une vitalité rythmique qui a évité tout académisme. Son dialogue avec les cordes de l’orchestre fut d’une grande complicité, particulièrement dans l’Adagio, où sa mélancolie poétique s’est élevée au-dessus d’un accompagnement délicat et soutenu. L’Allegro final a emporté l’adhésion par son énergie contagieuse, où la direction précise de Léo Margue a permis un équilibre parfait entre le piano et l’orchestre.

Œuvre bien moins connue que celle de Bach, la Partita (1938) de Kaprálová, compositrice tchèque disparue prématurément, a été une révélation. Léo Margue a su en souligner les contrastes, entre l’âpreté rythmique des mouvements vifs et la mélancolie slave des passages lyriques. Laloum, dans un rôle plus percussif, a joué avec une clarté impressionnante, tandis que les cordes de l’orchestre ont brillé par leur engagement et leur précision dans les changements d’atmosphère. Une œuvre qui mériterait d’être jouée plus souvent, tant son langage, à la fois moderne et accessible, a su toucher le public.

La seconde partie de soirée donnait à entendre la Symphonie n°1 de Mendelssohn, composée à seulement 15 ans mais d’une maturité stupéfiante. Léo Margue a dirigé avec une autorité naturelle, soulignant la fougue juvénile de l’œuvre tout en révélant les subtilités harmoniques. Dès les premières mesures, du Molto Allegro, l’orchestre a déployé une énergie galvanisante, avec des pupitres de cordes d’une grande agilité et des cuivres impeccables. Dans l’Andante, le chant des cordes, soutenu par un legato exemplaire, a apporté une pause méditative d’une grande beauté., tandis que l’Allegro con fuoco final a permis à l’orchestre de conclure en apothéose, dans un tourbillon de notes où chaque section a pu briller, sous la direction précise et inspirée du jeune chef.

Un concert qui restera parmi les temps forts de la saison 24/25 de l’ONAP, tant pour la qualité des interprétations que pour l’audace de sa programmation !

 

 

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CRITIQUE, opéra. AVIGNON, Opéra Grand Avignon, le 4 avril 2025. BACH / KAPRALOVA / MENDELSSOHN. Orchestre National Avignon Provence, Adam laloum (piano), Léo Margue (direction). Crédit photographique © Emmanuel Andrieu

 

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