vendredi 11 avril 2025

CRITIQUE, concert. BOULOGNE-BILLANCOURT, La Seine Musicale, le 17 novembre 2024. ZELENKA : Miserere / MOZART : Requiem. Collegium vocale 1704, Vaclav Luks (direction)

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Vaclav Luks et son Collegium Vocale 1704 ont donné, ce dimanche, 17 novembre, à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt une version poignante et inoubliable du Requiem de W. A. Mozart précédé d’un non moins intense Miserere de Jan Dismas Zelenka.

 

C’est tout naturellement que l’ensemble pragois a choisi ce programme. Lui aussi pragois, Jan Dismas Zelenka (1679-1745) est un des compositeurs dont le chef Vaclav Luks défend la musique depuis la création de l’ensemble en 2005. Surnommé le « Bach catholique », sa musique poignante est au carrefour entre les traditions françaises et italiennes. Pour ce qui est de Mozart, on ne présente plus les liens qui l’unissent à la capitale tchèque où il a entre autres créé son Don Giovanni.

Le public de la Seine Musicale déjà conquis par Zelenka sous la baguette de Luks l’an dernier (mis en regard avec le Magnificat de Bach) fut tout aussi enthousiaste cette nouvelle fois. La direction exigeante et précise de Vaclav Luks tient un orchestre énergique et précis. Ici, pas de concessions, par d’effets gratuits, pas de manières. L’orchestre démarre en attaquant la corde avec une définition remarquable, tandis que le chœur attaque avec autant de consonne : chaque note tend plus encore l’harmonie que la précédente avec violence. Le résultat est bouleversant. Le chef tient son chœur avec une exigence remarquable sur chaque syllabe et élève ainsi la musique du trop peu connu compositeur tchèque au même rang que celles de Bach ou Mozart, entendu ensuite. Dans le Miserere de Zelenka, nous remarquons le solo d’une soprano du chœur, Tereza Zimkova, avec une voix assurée, pleine et élégante.

Le Requiem de Mozart a profité des mêmes qualités orchestrales, chorales et de direction. Les cordes troquent entre les deux pièces les archets baroques contre les archets classiques, auxquels s’ajoutent clarinettes et trombones historiques. Les solistes sont tous les quatre d’une grande qualité, sans pour autant prendre le dessus sur le chœur et l’orchestre, qui sont les vraies vedettes de la soirée. La Soprano Veronika Rovná présente une très belle ligne et musicalité convaincante mais la voix est un peu trop « devant » et manque de chaleur. La contralto Margherita Maria Sala exprime toute sa délicieuse italianité avec une superbe intensité de discours. Nous l’avions déjà remarquée dans L’Olimpiade de Vivaldi au Théâtre des Champs Elysées la saison dernière. Le ténor polonais Krystian Adam est aussi très à l’aise avec l’interprétation historiquement informée. On apprécie sa douceur qui n’enlève rien à sa verve. Enfin la basse croate Kresimir Strazanac a une voix charmante, pleine et chaleureuse, qui se marie très bien avec celle de son collègue ténor.

 

Ce qui transparaît dans ce concert, c’est le travail de détail et de précision qu’ont pu faire Luks et ses musiciens, travail qui devient trop rare dans les ensembles baroques français obligés de jouer de longs programmes avec seulement deux jours de répétition. La qualité du résultat du concert de ce soir devrait servir de leçon.

 

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CRITIQUE, concert. BOULOGNE-BILLANCOURT, La Seine Musicale, le 17 novembre 2024. ZELENKA : Miserere / MOZART : Requiem. Collegium Vocale 1704, Vaclav Luks (direction). Crédit photo © Droits réservés

 

VIDEO : Vaclav Luks dirige son Collegium Vocale 1704 dans le « Sepulto Domino » de Zelenka

 

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