jeudi 4 juillet 2024

CRITIQUE, concert. GENEVE, Victoria Hall, le 2 décembre 2023. HAENDEL : The Messiah. Gwendoline Blondeel (soprano), Alex Potter (alto), Thomas Hobbs (ténor), Gli Angeli, Stephan MacLeod (basse et direction).

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Après un très beau concert consacré à Mozart et Haydn dans le cadre de leur festival annuel, en juin dernier, Gli Angeli et leur chef Stephan MacLeod mettent cette fois à l’honneur Georg Friedrich Haendel, avec ce qui est peut-être son opus magnus, le sublime oratorio The Messiah. Etalé sur deux jours (une deuxième représentation est prévue ce dimanche 3 décembre à 17h…), le concert se déroule dans le non moins sublime écrin qu’est le Victoria Hall de Genève, à l’extraordinaire acoustique en plus d’être d’un luxe tapageur. 

 Parfois exécuté avec un orchestre – et surtout un chœur – pléthoriques, c’est au contraire une approche chambriste, en quête d’équilibre, que propose ici le chef suisse. On se rapproche ainsi de la première exécution du Messie qui – sous la baguette de Haendel lui-même venu se réfugier à Dublin en 1742 – ne comportait qu’une cinquantaine d’interprètes (seize chanteurs et quarante instrumentistes pour être précis – mais ici encore moins…).

 

Messie chambriste

 

Incontestablement, l’approche de Stephan MacLeod est très musicale, et c’est un véritable bonheur que d’entendre une sonorité aussi chantante et enlevée, dans un ouvrage si galvaudé par tant de versions « musclées » et pesantes. Quant aux solistes, s’ils ne comptent pas parmi les stars du moment (hors Sandrine Piau qui, souffrante, a cependant dû laisser la place à sa collègue belge Gwendoline Blondeel), ils n’en sont pas moins remarquables, et s’avèrent à la hauteur de l’entreprise, vivant et disant l’amour et les souffrances du Christ avec une belle ferveur. Ces derniers interviennent dans de multiples combinaisons de récitatifs et airs aux accompagnements variés qui confèrent tout l’attrait de cet opus.

Le ténor britannique Thomas Hobbs signe ainsi une prestation remarquable tout au long du concert, entamant le cycle d’airs des “Prophéties” par une “Annonciation” interprétée avec joie et bonheur : une très belle présence vocale, assise sur une parfaite maîtrise technique du chant, une excellente conduite de la voix et une grande précision rythmique, le tout marié à une intense sensibilité théâtrale.

Côté féminin, Gwendoline Blondeel contribue à l’excellence de la soirée par une technique vocale impeccable, le timbre présentant un éclat tout spécial, sans jamais sacrifier le texte. Son interprétation du récitatif de “La Nativité” – qui traduit la première manifestation du Christ auprès des bergers – est emplie d’une ferveur lumineuse, et l’on retrouve la même expression pleine de joie dans la description qu’elle donne de “La Résurrection”.

Mais le trésor de la soirée est bien la voix irréelle de pureté du contre-ténor anglais Alex Potter qui, avec son timbre éthéré, fait fondre les cœurs les plus récalcitrants avec un bouleversant « He was despised », le plus bel air de la partition (qui décrit le mépris qu’essuie le Christ). Quant à la basse suisse Stephan MacLeod – qui retourne son pupitre de chef et fait face alors au public dès qu’il doit intervenir comme chanteur -, il impressionne par sa présence tant physique que vocale : le tableau qu’il dresse du “Jugement dernier” – le magnifique “The trumpet shall sound” – fait ainsi parcourir le frisson dans l’échine des auditeurs.

Enfin, le remarquable Chœur – qui comprend les solistes renforcés par huit autres chanteurs -, participe également pleinement à la grandeur de l’édifice. On retiendra en particulier un “And he shall purify” qui parvient à créer une ambiance empreinte d’une douce paix et d’une chaleureuse confiance, mais voilà surtout  longtemps que nous n’avions entendu un “Alleluia!” aussi électrique ! 

Bref, une exécution du Messiah qui “rend meilleur”, comme le souhaitait Haendel…

 

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CRITIQUE, concert. GENEVE, Victoria Hall, le 2 décembre 2023. HAENDEL : The Messiah. Gwendoline Blondeel (soprano), Alex Potter (alto), Thomas Hobbs (ténor), Gli Angeli, Stephan McLeod (basse et direction). Photos (c) Emmanuel Andrieu.

 

VIDEO : Gli Angeli interprètent le « Stabat Mater » de Pergolesi au festival de muique ancienne d’Utrecht

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