jeudi 4 juillet 2024

CRITIQUE, concert. NANTES, Cité des Congrès, le 8 octobre 2023. F. MENDELSSOHN, BEETHOVEN / SCHUMANN. Orchestre National des Pays de la Loire / Marie-Ange Nguci (piano), David Reiland (direction).

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Au sein de la très riche et éclectique saison 2023/2024 de l’Orchestre des Pays de la Loire (ONPL) – dont son directeur général Guillaume Lamas nous avait explicité les lignes de force en interview -, c’est déjà le deuxième concert symphonique que la Cité des congrès de Nantes accueille (avant le Palais des congrès d’Angers le lendemain) – avec comme têtes d’affiche la pianiste albanaise (installée en France en 2011) Marie-Ange Nguci et le chef belge David Reiland, dans un programme entièrement dédié à la musique symphonique allemande du XIXe siècle (Fanny Mendelssohn, Beethoven, Schumann).

 

 

Précisons d’emblée que c’est la phalange “angevine” de l’ONPL que David Reiland dirige ici, la phalange “nantaise” étant de son côté dans la fosse du tout proche Théâtre Graslin pour la “Générale” de Béatrice et Bénédict de Berlioz, car l’Orchestre National des Pays de la Loire ayant ceci de particulier qu’il se divise en fait en deux orchestres, l’un basé à Nantes et l’autre à Angers, et que les deux se réunissent quand l’effectif que nécessitent certaines oeuvres le demande…

Comme tour de chauffe, c’est un ouvrage de la trop rare Fanny Mendelssohn, longtemps restée dans l’ombre de son illustre frère, qui est mis à l’honneur, avec son Ouverture en do, dans laquelle on prend plaisir à entendre un vrai talent pour l’orchestration, tour à tour délicate et puissante. Puis, c’est au tour de la jeune et talentueuse pianiste Marie-Ange Nguci, qui a fait ses armes auprès de Nicholas Angelich dès l’âge de 13 ans au CNSMD de Paris, de se produire dans l’un des monuments de la littérature pianistique : le 3ème Concerto pour piano de Ludwig van Beethoven. Même si certains passages ne sont pas sans conflit ni puissance, la pianiste privilégie cependant la lisibilité, l’équilibre et prend ainsi son temps. La musique se profile avec stabilité et naturel, les lignes sont esquissées avec finesse et élégance, tandis que le moelleux du toucher ainsi que la qualité du legato de l’albanaise terminent de valoriser l’œuvre. Quant à David Reiland, qui dirigeait pas plus tard que la veille (!) son Orchestre National de Metz Grand Est (ONMGE) dans un opéra de Puccini à l’Opéra-Théâtre de Metz, il assure un accompagnement parfaitement réalisé, ordonné et impeccablement dynamique.

 

Mais c’est en seconde partie de soirée, qui donne à entendre la Deuxième Symphonie (1846) de Robert Schumann, que l’on est mieux à même de juger à la fois de la bonne santé de l’ONPL et des qualités du chef belge. Car cette œuvre est difficile à tout point de vue, composée en pleine détresse psychologique du compositeur allemand, qui lui a cependant permis de marquer une victoire temporaire sur la maladie – qui allait finalement l’emporter quelques années plus tard. 

Elle débute par une longue, majestueuse et solennelle introduction cuivrée quasi religieuse. Dans ce premier mouvement Allegro, Reiland maintient une dynamique soutenue et tendue, ponctuée par des timbales quelque peu envahissantes. Puis on savoure la précision de la mise en place dans le dialogue serré entre vents et cordes d’un Scherzo ici particulièrement haletant, et notamment incisif dans les attaques de cordes. Admirablement romantique, l’Adagio fait valoir la beauté et le legato des cordes, comme l’excellence de la petite harmonie (hautbois, clarinettes, flûtes) dans un moment empli de mélancolie et de sérénité conquise de haute lutte… et qui trouve son majestueux aboutissement dans l’allégresse d’un Finale dans lequel la phalange ligérienne brille de mille feux !

 

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CRITIQUE, concert. NANTES, Cité des Congrès, le 8 octobre 2023. F. MENDELSSOHN, BEETHOVEN / SCHUMANN. Orchestre National des Pays de la Loire / Marie-Ange Nguci (piano), David Reiland (direction). Photo © Emmanuel Andrieu

 

VIDEO : Marie-Ange Nguci interprète la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov à la Philharmonie de Paris

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