lundi 21 avril 2025

CRITIQUE, concert. NICE, Théâtre de l’Opéra, le 27 octobre 2023. TCHAÏKOVSKY / RIMSKI-KORSAKOV. Orchestre Philharmonique de Nice, Khatia Buniatishvili (piano), Lionel Bringuier (direction)

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Soirée-événement à l’Opéra Nice Côte d’Azur que la venue de la pianiste géorgienne (hyper-médiatisée) Khatia Buniatishvili, qui s’y produisait pour la première fois. Elle est accueillie en vraie (rock) star dans une salle pleine à craquer, le concert affichant complet depuis longtemps. Et pour Daniele Callegari (“Principal chef invité” de l’institution niçoise), d’abord annoncé comme maître de cérémonie, c’est au final le jeune chef niçois Lionel Bringuier, “Artiste associé” de l’Orchestre Philharmonique de Nice, qui tient la baguette ce soir.

 

 

Soirée-événement à l’Opéra Nice Côte d’Azur que la venue de la pianiste géorgienne Khatia Buniatishvili !

 

 

Arrivant comme à son habitude avec un large sourire (et une robe toute aussi échancrée…), la pianiste remercie le public pour son chaleureux accueil, avant de s’installer sur son tabouret – et l’on sent qu’elle trépigne d’en découdre avec l’opus tchaïkovskien (à moins que ce ne soit de retrouver au plus vite le bébé qu’elle a mis au monde il y a moins de 3 mois !…).  Une impression vite confirmée par l’interprétation proprement stupéfiante qu’elle donne de ce concerto parmi les plus courus du répertoire : l’Allegro initial désarçonne par son tempo d’une incroyable rapidité, la sonorité dure fortement résonnante du piano étant parfois couverte par l’orchestre du fait de la puissance phénoménale de son jeu (qui est l’une de ses caractéristiques…). Dès lors, le combat s’engage entre les deux protagonistes, la pianiste et l’OPN, qui met les auditeurs dans une quasi position de juge et d’arbitre, la lecture choisie par les deux exécutants étant manifestement celle de la virtuosité à tous crins. Mais par bonheur, la tendresse et la sensualité ne sont pour autant pas oubliées, notamment dans le deuxième mouvement, avec des staccati d’accords évanescents aux allures chopinesques typiques de la pianiste également. Puis la virtuosité confondante de la soliste reprend ses droits dans la joute entre orchestre et soliste très démonstrative de l’Allegro conclusif, nimbé d’une slavitude bondissante qui n’est pas sans évoquer certaines pages de la Belle au bois dormant. Une interprétation qui enthousiasme le public à qui la pianiste offre – bien que moins généreuse que de coutume (mais certainement pour les “bonnes” raisons évoquées plus haut…) – deux bis très variés : d’abord une improvisation très virtuose de “La javanaise” de Serge Gainsbourg, pour revenir ensuite à la plus “classique” Rhapsodie hongroise n°2 de Franz Liszt ! 

 

A changement de chef, changement de programme pour ce qui est de la pièce symphonique en deuxième partie de soirée, Lionel Bringuier substituant ainsi la féerique Shéhérazade de Nikolaï Rimski-Korsakov à Une vie de héros de Richard Strauss, pour une soirée devenant ainsi 100 % russe. Et l’on ne regrettera pas le changement de programme tant cette musique est géniale, puissante, tellement bien écrite… et ici parfaitement servie ! Lionel Bringuier dirige avec précision mais laisse jouer ses musiciens, notamment dans les soli très exposés des vents. Après une introduction particulièrement lyrique, orchestre et chef offrent une interprétation passionnée et passionnante de cette musique qui tantôt évoque Wagner (les accords finaux des vents), tantôt annonce Stravinski (par son côté expérimental et foisonnant). Les nombreux contrechants des cordes graves sont parfaitement audibles, tandis que le chant pur et aérien du violon solo de Vera Novakova dialoguant avec l’orchestre est d’une maîtrise totale, y compris dans la très longue tenue finale, que l’on aura rarement entendue aussi réussie. Brava !

 

 

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CRITIQUE, concert. NICE, Théâtre de l’Opéra, le 27 octobre 2023. TCHAÏKOVSKY / RIMSKI-KORSAKOV. Orchestre philharmonique de Nice, Khatia Buniatishvili (piano), Lionel Bringuier (direction). Photos © Emmanuel Andrieu

 

 

 

VIDEO : Khatia Buniatishvili joue le Premier Concerto pour piano de Tchaïkovski à la Philharmonie de Paris

 

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