dimanche 20 avril 2025

CRITIQUE, concert, PRADES, 28 juillet 2023, Brahms, Orch. du Festival, Capuçon, Hagen, Pierre Bleuse.

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Pierre Bleuse nouveau directeur artistique du Festival Pablo Casals a non seulement un profond respect pour l’un des plus vieux festivals de France et son créateur et une audace indéniable qui fait évoluer les choses. Ainsi la création de l’orchestre du Festival qui ne cesse de progresser. Pour sa 3ème programmation Pierre Bleuse propose pour le concert d’ouverture de diriger deux œuvres emblématiques de Johannes Brahms. L’Orchestre du Festival est constitué de très jeunes musiciens et de quelques anciens. Ce savant mélange intergénérationnel donne fougue et solidité à cet orchestre qui laisse très admiratif et ne va pas sans rappeler le feu qu’obtenait Pablo Casals. L’audace paye et Pierre Bleuse a gagné son pari. L’orchestre sonne admirablement dans la belle acoustique de l’Abbaye saint Michel de Cuxa.

 

 

Concert d’ouverture
Grandiose concert Brahms

 

 

Seules deux contrebasses assurent avec toute la puissance requise cette sensationnelle pulsation grave de la musique symphonique de Brahms sur laquelle tout l’édifice repose. Les deux contrebasses face à face sur la droite semblent ne vouloir faire qu’une et cela sonne admirablement. L’autre exigence de la musique symphonique de Brahms et qui met en difficulté de bons orchestres, est le besoin de violons, à la fois puissants et délicats. Dès les premières mesures, se dévoile un Brahms symphonique de haut vol. Le son est généreux, rond, profond. Les bois sont clairs et les cuivres puissants. La direction de Pierre Bleuse est très charpentée, rendant évidentes toutes les belles structures, tout en phrasant éperdument.
Dans cet écrin romantique confortable, les deux solistes du double concerto n’ont plus qu’à participer à cette fête musicale. Avec un tempérament généreux, la toute jeune violoncelliste Julia Hagen donne le frisson par la beauté de son jeu. C’est rond, chaud, puissant, subtilement phrasé. Voilà une soliste qui va enchanter tous les publics. L’énergie et cette pointe de sensualité qui émanent de son jeu, sont des qualités rares. Renaud Capuçon fidèle à lui-même participe poliment sans trouver la même énergie que le chef et la violoncelliste. Tout auréolé de ses succès, le violoniste hyper présent partout, repart vite vers là où il est attendu. C’est bien le souvenir du violoncelle vibrant et émouvant (le début du deuxième mouvement a été renversant !) de la superbe Julia Hagen qui restera la plus belle découverte de la soirée.

 

 

En 2ème partie, Pierre Bleuse ose proposer la 4ème symphonie de Brahms, celle en mi mineur, si pleine de mélancolie et très exigeante. Dès les premières mesures, à la fois dansantes et tristes, le charme brahmsien opère. Les musiciens de l’Orchestre du festival ont su en deux semaines trouver une cohésion incroyable et Pierre Bleuse a sous sa main une phalange capable de jouer un Brahms généreux et réconfortant. Toute la symphonie verra des solistes de haut vol régaler le public de leurs interventions parfaites. Les cors, la trompette, le hautbois et la flûte sont les plus inouïs.  Les applaudissements entre les mouvements révèlent l’admiration et l’enthousiasme éprouvés par le public ému. Tout est là dans cette interprétation :  structure contrapuntique assumée, larges phrasés, nuances très creusées, silences habités et moments de mystère, envoûtants. Les violons sont hallucinants d’homogénéité pour un orchestre si jeune. Et les violoncelles offrent des moments de grand bonheur.  C’est vraiment une très belle 4ème de Brahms qui nous a été offerte ce soir. L’engagement de tous les musiciens, la générosité de la battue du chef ont créé une osmose particulière. Que de sourires partagés ! La chaconne finale est flamboyante. Les applaudissements fusent ; un bis emblématique est offert, le Chant des oiseaux, composé par Pablo Casals dont l’arrangement hollywoodien et savant, fait merveille et suscite la larme à l’œil à plus d’un.

 

 

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CRITIQUE, concert. Festival Pablo Casals de Prades. Abbaye Saint Michel de Cuxa, le 28 juillet 2023. Johannes Brahms (1833-1897) : Double concerto pour violon et violoncelle op.102 ; Symphonie n°4 en mi mineur op.98 ; Renaud Capuçon, violon, Julia Hagen, violoncelle, Orchestre du Festival de Prades ; Pierre Bleuse, direction. Photos © Hugues Argence

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