dimanche 20 avril 2025

CRITIQUE, danse. PARIS. Bastille, le 25 avril 2023. MAURICE BEJART : 3 ballets. L’Oiseau de feu / Chant d’un Compagnon errant / Boléro

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A l’affiche jusqu’au 28 mai, le spectacle regroupe 3 ballets de Maurice Béjart (1927-2007), alors jeune chorégraphe, déjà directeur du Ballet du XXe siècle (à Bruxelles). Et qui signe outre une écriture furieusement accessible et moderne, L’Oiseau de feu de Stravinsky, ballet de 1970 aux rebonds aériens où l’oiseau en rouge – sorte de Phénix révolutionnaire, guide une nuée de créatures en bleu – la partition se veut être un ballet d’oiseau contemporain comme il existe depuis toujours le Lac des cygnes… Béjart fait voler sa nuée de volatiles aux confins du rêve… ; Gustav Mahler pour le duo du Chant du compagnon errant ; enfin surtout, Maurice Ravel et son fabuleux Boléro dont l’urgence se résout en transe.

Pour la constellation chorégraphique conçue par l’astre Béjart, une colonie d’étoiles est annoncée tout au long des représentations jusqu’au 28 mai prochain :  Hugo Marchand, Amandine Albisson, Mathieu Ganio, Alice Renavand, (laquelle ferait ses adieux le 28 mai prochain …)

 

Chez Stravinsky, le plateau fait paraître un Oiseau et un Phénix, Francesco Mura (photo grand format ci dessus – et ci dessous © J Benhamou) et Alexandre Gasse. Tout le travail des bras, singeant les ailes impériales au velouté céleste reste captivant, qu’il s’agisse des tableaux d’ascension ou de tombés. En 1970, c’est l’étoile Michael Denard qui a marqué les esprits (la fabuleux danseur s’est éteint en février dernier). La souplesse des solistes, leur précision expressive captivent, y compris dans le final, moins réussi que ce qui précède.

 

 

En 1971, Béjart récidive, inspiré par les danseurs qui forment le duo du compagnon errant : Rudolf Noureev et Paolo Bortouzzi. Excusez du peu… Le chorégraphe illustre la vision de l’errance solitaire à travers un duo au travail, l’élève et son maître, tout affairés sur la partition de Mahler (sur le même sujet / chant d’un compagnon errant) : « Lieder eines fahrenden Gesellen ». Ce soir, séduit la grâce complice des deux danseurs choisis : Antoine Kirscher et Enzo Saugar. Leur succèderont pour la suite des représentations les non moins attendus Marc Moreau et Germain Louvet (qui a triomphé plus récemment dans Dante du Dante Project de McGregor donné simultanément à Garnier).

 

Apothéose finale, le Boléro de Ravel poursuit en 2023 sa fabuleuse trajectoire depuis sa création en 1961… Plus de 60 ans après (!), la danse y accomplit un prodigieux parcours pour le soliste au centre de la table colossale : soit circa 15 / 16 minutes de danse et de transe, où le corps de ballet masculin est dominé par son bijou central, la danseuse Dorothée Gilbert (à laquelle succèdera Ludmila Pagliero) : plus athlétique qu’élégante, Pagliero mène la transe jusqu’à l’extase finale. Curieux couplage d’un programme qui pouvait contenir un ballet supplémentaire ; car en moins d’1h, la soirée passe trop vite. Mais la fulgurance de Béjart est aussi l’indice d’une écriture géniale sachant se nourrir avec délices des musiques tout aussi fascinantes, qu’il a choisies pour chacun des 3 volets de ce triptyque magique. Magistral.

 

 

 

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CRITIQUE, danse. PARIS. Bastille, le 25 avril 2023. MAURICE BEJART : 3 ballets. L’Oiseau de feu / Chant d’un Compagnon errant / Boléro. Jusqu’au 28 mai 2023, à l’Opéra BASTILLE : infos et billetterie : https://www.operadeparis.fr/saison-22-23/ballet/maurice-bejart

 

 

VIDÉO : extrait du BOLERO par Béjart

 

 

 

VIDEO : Le Boléro de Ravel par Maurice Béjart, un classique indémodable :

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