jeudi 4 juillet 2024

CRITIQUE LIVRE événement. Emmanuel Reibel : Du métronome au gramophone (Fayard)

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Comment la musique et les compositeurs ont-ils évolué à l’ère de l’industrie ? En préambule au rythme du métronome qui impose la mécanisation du temps… l’auteur sait évoquer et expliquer à l’inverse la notion de « rubato » ou comment dérober du temps contre l’égalisation du jeu… A travers un travail critique sur les nombreux articles de presse d’époque (entre autres), il s’agit de comprendre qu’à l’époque des expos universelles, du théâtrophone et du fauteuil d’orchestre, remodelé en « chaise électrique » (!), jamais l’opposition art / mécanique n’a autant inspiré les débats, voire radicalisé les postures.

 

 

L’artiste à l’heure industrielle

 « Le compositeur et le mécanicien », « 138 à la blanche », » la discipline temporelle de l’âge industriel », … voilà autant d’entrées pour saisir la période décisive, de la fin XIXè au début du XXè, avant 1914, où l’accélération des avancées techniques influencent considérablement l’art musical et sa réception, les pratiques, la consommation…  L’auteur plante le décor et analyse les avancées de la technologie utilisée par compositeurs et musiciens ; c’est ainsi une profonde (r)évolution des arts du spectacle et de la scène, avec par exemple, à la fin des années 1840, l’avancée des effets visuels au théâtre, grâce à l’utilisation de l’électricité. 

Le lever du soleil dans Le Prophète de Meyerbeer (1849, fin du IIIè acte) dut avoir le même impact dans les esprits qu’aujourd’hui la féerie fantastique des blockbusters au cinéma. A travers ces effets spectaculaires, c’est en réalité un discours esthétique qui se manifeste, en particulier par la voix (et les écrits) de Wagner, lequel fustige la dilution de l’art musical au seul profit de l’artifice et de l’impressionnant.

Que privilégier le visuel ou la cohérence du drame musical ? Le sens et la poésie ou la machinerie bruyante ? Wagner dans Opéra et Drame (1851) synthétise la polémique : il milite pour la fusion des deux ; pas d’effet s’il ne sert pas la puissance de l’action. On comprend mieux dès lors comment la pertinence de la pensée wagnérienne appliquée à l’opéra, ait pu marquer les spectateurs et les créateurs en Europe ; son sens de la synthèse et de la fusion s’opposant nettement au spectaculaire « clinquant » d’un Meyerbeer et même d’un Berlioz dont il rejette le fracas et la dispersion, de la Symphonie Fantastique par exemple. Pourtant Wagner lui-même employa mais à dessein et de façon raisonnée (ou fumeuse), la vapeur grâce à 2 grosses centrales sous la scène de Bayreuth devenu le temple de l’opéra moderne… 

 

 

 

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CRITIQUE LIVRE événement. Emmanuel Reibel : Du métronome au gramophone (Fayard) – CLIC de CLASSIQUENEWS février 2023

Plus d’infos sur le site de l’éditeur FAYARD : https://www.fayard.fr/musique/du-metronome-au-gramophone-9782213722252

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