Somptueux programme idéalement adapté aux attentes que suscite la période de Noël. Aux côtés de la crèche laissée éclairée le temps du concert, les instrumentistes de La Fenice savent déployer les qualités habituelles de l’ensemble fondé par Jean Tubéry, il y a plus de 30 ans à présent. Pérennité exemplaire qui s’est maintenue coûte que coûte du fait d’une intégrité musicale infaillible. Le temps et l’expérience s’accordent ici et composent un cycle à la fois dense et exaltant.
De tubes baroques, Jean Tubéry fait un continuum pastoral d’une éloquente douceur, contrastée aussi car pas d’essor baroque sans nerf ni passion. Il en découle donc ce conte musical de la Nativité à travers l’Europe baroque… Mais le chef ajoute ce supplément d’âme et de profondeur, cette soie ductile qui renforce encore la cohérence sonore du groupe. Jouant les parties des flûtes, du cornet à bouquin, le chef veille à la clarté et la souplesse du geste comme à la justesse et la profondeur des intentions.
Corelli gagne un surcroît d’assise poétique grâce aux textes courts qui rappellent l’enjeu dramatique de chaque séquence. Mais renforcée et élucidée, la trame narrative se trouve aussi doublée d’une somptueuse énergie collective, le chef flûtiste entouré des cordes et du double continuo [orgue et clavecin] pour une nuit de Noël parmi les mieux enivrées qui soient. Même enjeu à la fois narratif voire descriptif dans l’hiver, extrait saisissant et bien affirmé des Quatre Saisons de Vivaldi, grâce au violon lui aussi flexible et naturellement expressif du leader Matthieu Camilleri.
Ouvrant cette soirée chamarrée, avec deux chansons de Ballard, réjouissant et clair dans l’exaltant Rejoyce du Messie de Haendel, le ténor Olivier Coiffet ne manque ni d’aplomb ni d’adresse, d’autant plus justes dans les extraits finaux de l’oratorio de Noël de JS Bach : voix fraîche et puissante, vivace et même alerte malgré les redoutables mélismes enchaînés, mais un terrain familier pour celui qui aime plus que tout, chanter la partie de l’Évangéliste des Passions.
Jean Tubéry dont on sait l’exigence musicale dans la conception des programmes, n’hésite pas à oser en bis, un extrait de Bach dont la partie pour flûte est remplacée par son instrument fétiche, le cornet à bouquin ; instrument roi de la Cita lagunaire… Sa rondeur et sa tendresse vénitienne enchantent comme un dernier salut complice. Comme l’emblème aussi de cette soirée, comme de l’ensemble instrumental, plus engagé que jamais.
L’enchaînement associant l’espoir à la joie, mais aussi la tendresse émerveillée des bergers ne pouvait mieux célébrer le temps de Noël, ce temps béni où le Miracle de l’Enfant Sauveur nous est promis.
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CRITIQUE, concert. Marcq en Baroeul, le 14 décembre 2023. CORELLI, JS BACH, HAENDEL, BALLARD,… Musique pour le Messie – Un conte musical de la Nativité à travers l’Europe baroque – Ensemble La Fenice a venire – Jean Tubéry. Photo © studio CLASSIQUENEWS.TV 2023
Ensemble La Fenice aVenire
Olivier Coiffet : ténor
Matthieu Camilleri, Anaëlle Blanc-Verdin : violons
Sandrine Dupé, Clara Mühlethaler : altos
Jean-Baptiste Valfré : violoncelle
Ershad Vaeztehrani : contrebasse
Mathieu Valfré, Adam Slimani : clavecin & orgue positif
Jean Tubéry : flûtes à bec, cornet & direction
