L’Opéra royal de Wallonie-Liège inaugure en fanfare sa nouvelle saison avec une nouvelle production de La Traviata de Giusseppe Verdi avec, à la clef, moult costumes, lumières, chorégraphies. Le spectacle, signé Thaddeus Strassberger, est total. Une production éblouissante, qui ne pèche certainement pas par une économie de moyens. Quitte à nous perdre dans le foisonnement de ce qui se passe sur scène…
L’Opéra royal de Wallonie-Liège nous a habitué à des productions pharaoniques de ce genre, et cette mise en scène de Strassberger ne déroge pas à la règle ; faste des costumes, complexité de la machinerie, inventivité des décors : le dispositif est pour le moins spectaculaire et flatte la rétine. On en ressort impressionné, et à raison. Au sein de ce décor, Violetta est la véritable vedette de spectacle dans le spectacle, elle trône au centre du grand escalier et son public se presse dans les galeries pour la contempler. Pour le deuxième acte, en revanche, changement radical : Violetta acte sa retraite du demi-monde mondain dans une banlieue pavillonnaire à l’esthétique résolument fifties. L’héroïne finit par retrouver de façon éphémère les ors et l’ambiance faste du début ; mais quand vient la mort, les lumières sont parties, et elle s’éteint dans les vestiges de sa gloire passée.
L’on n’est guère étonné que l’opéra trouve son véritable souffle à partir du deuxième acte, une fois l’agitation un retombée. Pourtant, le début s’annonçait prometteur : Irina Lungu, qui incarne ici Violetta, est une habituée du rôle : elle tient le haut de l’affiche avec beaucoup de grâce, et ses aigus tombent juste, même si d’aucuns pourraient déceler un certain manque de subtilité. Son partenaire, Dmitry Korchak dans le rôle d’Alfredo, en revanche, pèche parfois par des aigus trop métalliques et semble se perdre au milieu de la masse des costumes, des décors et des choristes. Installée dans le cadre plus apaisé du deuxième acte, la confrontation entre Violetta (Irina Lungu) et Germont père (Simone Piazzola) est particulièrement réussie. Le baryton italien convainc par sa voix et par son jeu scénique, et campe à merveille le rôle du père sévère, mais bienveillant. Ce n’est pas pour rien que son « Di Provenza, il mar, il suol » a été l’un des airs les plus applaudis.
C’est également une réussite pour l’Orchestre de l’Opéra Royal de Wallonie qui s’est taillée, au cours de ces dernières années, notamment sous l’impulsion de feu Mazzonis Di Pralafera, une réputation pour l’opéra italien, réputation qu’elle partage avec son directeur musical Giampaolo Bisanti, lui-même grand spécialiste du genre, ce dont le public n’a pas manqué de relever en lui réservant une standing ovation !
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CRITIQUE, opéra. LIEGE, Opéra royal de Wallonie, 15 septembre 2024. VERDI : La Traviata. I. Lungu, D. Korchak, S. Piazzola… Thaddeus Strassberger/ Giampaolo Bisanti. Photos (c) Jonathan Berger.
VIDEO : Traile de « La Traviata » à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège