jeudi 4 juillet 2024

CRITIQUE, opéra. LISBONNE, Auditorium de la Fondation Gulbenkian, le 19 octobre 2023. JEAN-PHILIPPE RAMEAU : Les Indes galantes (Version de concert). S. Junker, J. Roset, M. Vidal, E. Crossley-Mercer. Chœur et Orchestre de la Fondation Gulbenkian / Leonardo Garcia Alarcon.

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Aux côtés du magnifique Teatro de Sao Carlos, l’Opéra de Lisbonne (dont nous rendions compte en mars dernier d’une très belle production de Lucia di Lammermoor), l’Auditorium de la Fondation Gulbenkian est l’autre salle majeure pour la musique classique à Lisbonne (bien qu’il en existe une troisième, l’Auditorium du Centre Culturel de Belém, siège de l’Orchestre Métropolitain de Lisbonne). D’une capacité de 1200 places, avec son fond de scène en verre qui permet de contempler les arbres centenaires du parc dans lequel il a été construit, il offre une riche et très variée programmation musicale, et est bien sûr le lieu “historique” des fameux Chœur et Orchestre de la Fondation Gulbenkian. A l’aise dans tous les répertoires, du baroque à la musique contemporaine, c’est dans ce premier répertoire que nous avons eu la chance de les entendre : il faut dire qu’ils étaient dirigés par l’un des meilleurs chefs baroques du moment, le chef suisso-argentin Leonardo Garcia Alarcon. Quant à l’ouvrage mis à l’affiche (donné en version de concert), c’était l’un des fleurons du XVIIIe français : Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau, ici défendues par la fine-fleur du chant baroque francophone, avec comme solistes les sopranos Sophie Junker et Julie Roset, le ténor Mathias Vidal et le baryton-basse Edwyn Crossley Mercer.

 

Dans un répertoire où il n’a guère de rival (si ce n’est peut-être Reinoud van Mechelen), Mathias Vidal fait montre de sa science du chant comme de son matériau vocal toujours aussi percutant, avec un timbre d’un solide métal et une diction incisive au service d’une expression toujours juste. De son côté, Edwyn Crossley-Mercer n’en réussit pas moins une fort convaincante incarnation d’Huascar, sans jamais avoir besoin de forcer le trait ou l’émission. A la fois puissant et nuancé, son grand-prêtre du Soleil n’appelle aucun reproche. Quant aux deux sopranos en lice, elles rivalisent de fraîcheur et de présence. La plus “aiguës” des deux, la jeune soprano française Julie Roset, éblouit par ce mélange de lumière  et de grâce dont bénéficie les personnages de Hébé ou Zima. Sa consoeur belge Sophie Junker, au timbre un peu plus corsé, rayonne enfin de sensualité et de charme, en Emilie comme en Fatime. Surtitrée bien évidemment en portugais, nul besoin pour nous du texte originel, tant la diction de chacun est à ce point limpide, magnifiant toute la fantaisie du livret de Louis Fuzelier.

Mais la plus grande satisfaction de la soirée vient de la grâce d’une phalange – dont on admire la précision autant que les nuances et le raffinement des timbres – et surtout d’un chef éminemment à son affaire dans Rameau, avec sa direction habituellement scrupuleuse et charpentée à la fois, attentive aux chanteurs et chaleureuse, vraie modèle de pulsation et de délicatesse mêlée. 

Le lecteur s’étonnera-t-il qu’une standing ovation vienne récompenser l’ensemble des acteurs de cette superbe soirée ramiste ?

 

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CRITIQUE, opéra. LISBONNE, Auditorium de la Fondation Gulbenkian, le 19 octobre 2023. JEAN-PHILIPPE RAMEAU : Les Indes galantes (Version de concert). S. Junker, J. Roset, M. Vidal, E. Crossley-Mercer. Chœur et Orchestre de la Fondation Gulbenkian / Leonardo Garcia Alarcon (direction). Photos © Emmanuel Andrieu

 

VIDEO : Leonardo Garcia Alarcon raconte “Les Indes galantes” de Rameau

 

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