mercredi 23 avril 2025

CRITIQUE, opéra. RENNES, le 8 fév 2023. MOZART : Zaïde. Nicolas Simon / L. Vignaud

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Même dans une parure incomplète, l’opéra en allemand du jeune Mozart porte les promesses du génie de Salzbourg. Pourtant Zaïde ressuscite à Rennes dans un semiéclat qui tout en mesurant les qualités de ce singspiel sentimental, s’offre reconditionnné avec ajouts bien discutables. 

En 2008, à Aix, Peter Sellars complétait la partition avec plusieurs emprunts à Thamos (ses chœurs et ses intermèdes brûlants) pour une dénonciation de l’esclavage ; ici Louise Vignaud écrit de nouveaux dialogues en français et imagine une créature délirante (la comédienne Marief Guittier), contrepointinquiétant, témoin ou faire-valoir de l’idylle qui se noue sur l’île du Sultan, entre les chrétiens Zaïde et Gomatz. Dans un monde sous emprise et soumis, la force de l’amour rompt les chaînes de l’esclavage.

En février 2022, dommage que les chanteurs manquent de naturel et de nuances : le chant mozartien, ses défis sublimes indiquent clairement les limites des solistes : Ksenia Proshina offre une Zaïde bien rêche et trop lisse mais le Gomatz de Kaëlig Boché, racé, vif, convainc davantage. 

Les voix graves, Mark Van Arsdale et Niall Anderson, respectivement Soliman et Allazim renforcent chacun le profil des geôliers inflexibles, et l’on songe immanquablement à ce qu’est du reste Zaïde dans le catalogue mozartien : une ébauche qui préfigure le sommet de l’opéra allemand à venir, L’Enlèvement au Sérail, triomphe viennois puis La Flûte enchantée.

Las, comme si la musique du Divin ne suffisait pas, le spectacle joue les prolongements en ajoutant un second ensemble conclusif et aussi un prélude qui finit par diluer et suronementer le motif de  « Ruhe sanft » : l’abus tue le plaisir. C’est absolument le cas ici, tant la musique mozartienne ne supporte aucune « retouche » contemporaine. 

Heureusement, défenseur et orfèvre de la matière originelle, le chef Nicolas Simon déploie des trésors de nuances, révélant cette nervosité émotionnelle, très sturm un drang d’un Mozart qui connaît et sonde les coeurs humains. A part l’adjonction de corps étrangers qui dénaturent Wolfgang, gageons que la production trouvera son rythme de croisière jusqu’en 2025 (Avignon) où elle finira son cours après plusieurs escales à Nantes, Quimper, Besançon, après Rennes. 

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. RENNES, le 8 fév 2023. MOZART : Zaïde. Nicolas Simon / L. Vignaud – A l’affiche jusqu’au 12 février 2023.

A NANTES, du 26 février au 5 mars 2023 (Théâtre Graslin) / QUIMPER, les 15 et 16 mars 2023 (Théâtre de Cornouaille) / Besançon, les 24 et 25 mars (Les 2 Scènes). Plus d’infos ici : https://opera-rennes.fr/fr/evenement/zaide

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