mercredi 16 avril 2025

CRITIQUE, opéra. TOULOUSE, Théâtre du Capitole, le 21 février (et jusqu’au 2 mars) 2025. HAENDEL : Giulio Cesare. R. Naggar-Tremblay, C. Pavone, N. Wanderer… Damiano Michieletto / Christophe Rousset

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

Vendredi soir, le Théâtre du Capitole a accueilli la première de Giulio Cesare en Egypte de Georg Friedrich Haendel, sous la direction de Christophe Rousset à la tête de ses Talens Lyriques. Dès son entrée dans la fosse, ce dernier a été chaleureusement acclamé par un manifeste public conquis d’avance. Les saluts finaux ont été marqués par un enthousiasme débordant, notamment envers les interprètes Key’mon Murrah (Sesto) et Claudia Pavone (Cléopâtre), mais aussi envers la production confiée au trublion italien Damiano Michieletto, déjà présentée à Paris (TCE) et Montpellier (Opéra Comédie), maisons coproductrices du spectacle. 

 

Depuis que l’œuvre de Haendel est régulièrement jouée, il semble presque obligatoire d’y intégrer une dose d’humour et de gags. Des metteurs en scène comme Nicholas Hytner, Peter Sellars ou Laurent Pelly ont tous opté pour cette approche, avec des résultats variés. Damiano Michieletto, lui, a pris un chemin différent. Sa vision de Giulio Cesare est sombre et introspective, explorant les thèmes de la mort et de la destinée. Le spectacle s’ouvre sur un César hanté par la perspective de son assassinat, symbolisé par un réseau de fils rouges évoquant des traînées de sang ou ceux de son funeste destin. Cette atmosphère oppressante rappelle parfois les œuvres dramatiques de Poussin, où violence et fatalité sont omniprésentes. Michieletto insiste sur la dimension allégorique de l’opéra, avec des apparitions régulières de trois Parques (trois femmes nues se déplaçant à pas lents, le dos voûté), figures mythologiques du destin, et l’ombre de Pompée qui plane sur l’action. L’histoire est transposée au milieu du XXe siècle, avec quelques références à l’Égypte antique. Le metteur en scène a choisit de mettre en avant la gravité du récit, laissant peu de place à l’humour ou à la légèreté.

Musicalement, la soirée a été un grand succès. Christophe Rousset, à la tête de son ensemble remarquable, dirigé avec une précision et une sensibilité remarquables, encourageant les chanteurs à embellir leurs airs avec des ornementations audacieuses. La mezzo canadienne Rose Naggar-Tremblay, dans le rôle-titre, a été ovationnée pour sa performance vocale et scénique, incarnant un César à la fois puissant et vulnérable. La soprano italienne Claudia Pavone, en Cléopâtre, a impressionné par sa virtuosité, naviguant avec aisance entre les suraigus et les notes graves, tout en donnant une profondeur inattendue à son personnage.

Grand triomphateur de la soirée à l’applaudimètre, le contre-ténor étasunien Key’mon Murrah dans le rôle de Sesto, a su traduire avec expressivité la douleur et la colère du fils de Pompée, avec des aigus retentissants et des graves sonores, tandis que la mezzo géorgienne Irina Sherazadishvili (pour Elizabeth DeShong initialement annoncée) a offert une interprétation poignante de Cornelia, débarrassée des clichés comiques souvent associés à ce rôle. Le contre-ténor allemand Nils Wanderer en Ptolémée, et la basse catalane Joan Martin-Royo, en Achilla, ont également marqué les esprits par leur présence scénique et leur engagement vocal. Citons également William Shelton en Nireno et Adrien Fournaison en Curio, qui ont également rendu justice à leur partie respective. 

Une belle soirée haendélienne au Théâtre du Capitole !

 

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CRITIQUE, opéra. TOULOUSE, Théâtre du Capitole, le 21 février (et jusqu’au 2 mars) 2025. HAENDEL : Giulio Cesare. R. Naggar-Tremblay, C. Pavone, N. Wanderer… Damiano Michieletto / Christophe Rousset. Crédit photo © Mirco Magliocca

 

 

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