L’Opéra Comédie de Montpellier, rempli à craquer, a accueilli une enfant du pays (« C’est bon de chanter à la maison ! » s’exprimera t’elle avant d’interpréter son premier bis »…) : la mezzo-soprano Adèle Charvet, ici accompagnée par les musiciens de l’ensemble Le Consort. Le programme, centré sur l’opéra vénitien de l’époque d’Antonio Vivaldi, a transporté le public dans l’univers du Teatro Sant’Angelo, théâtre vénitien aujourd’hui disparu, mais dont l’esprit a été ravivé grâce à des œuvres tirées du CD « Teatro Sant’Angelo » publié chez Alpha Classics (que nous avions chroniqué dans ces colonnes). Vivaldi, figure centrale du concert, était représenté par cinq extraits d’opéras, souvent méconnus – tandis que Théotime Langlois de Swarte (violon) puis Justin Taylor (clavecin), les deux maîtres de cérémonie de la soirée, ont exprimé tour à tout leur enthousiasme pour ces découvertes et leur partage avec le public.
La soirée a débuté avec l’ouverture de L’Olimpiade de Vivaldi, mettant en valeur la sonorité riche et équilibrée de l’ensemble orchestral, dirigé avec précision par Théotime Langlois de Swarte. Les cordes baroques, soutenues par un continuo composé d’un clavecin, d’un théorbe, d’un violoncelle et d’un alto, ont créé une atmosphère envoûtante. Justin Taylor, au clavecin, a capturé avec brio l’énergie caractéristique de Vivaldi. Le programme a ensuite enchaîné avec des airs, dont le poignant « Il mio crudele amor » de Michelangelo Casparini, interprété avec une grâce et une finesse remarquables par Adèle Charvet. Sa voix, d’un registre mezzo chaleureux et raffiné, a su traduire avec naturel et souplesse les émotions complexes de tous ces textes exigeants.
D’autres compositeurs, moins connus mais tout aussi talentueux, comme Giovanni Ristori et Fortunato Chelleri, ont été mis à l’honneur, révélant une rhétorique musicale typique de l’époque vénitienne. La mezzo montpelliéraine, en parfaite harmonie avec les musiciens, a captivé l’auditoire par son interprétation expressive, plongeant dans les excès et les passions de cette musique baroque, avec l’engagement artistique qu’on lui connaît. Le concert s’est achevé en apothéose avec deux extraits d’Andromeda liberata et de La fida ninfa, tous deux nés sous la plume d’Antonio Vivaldi. En bis, Adèle Charvet a interprété avec une profonde émotion « Lascia ch’io pianga » de Haendel, un clin d’œil à l’héritage du Drama in musica italien, avant de reprendre le renversant « Alma opressa« , extrait de La Fida Ninfa précitée.
Ce concert a été une célébration vibrante de l’opéra vénitien, un hommage à son héritage et une invitation à redécouvrir ses joyaux oubliés.
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CRITIQUE, récital lyrique. MONTPELLIER, Opéra Comédie, le 4 mars 2025. « Il Teatro Sant’Angelo ». Ensemble Le Consort, Adèle CHARVET (mezzo). Crédit photo © OONM