samedi 19 avril 2025

CRITIQUE, récital lyrique. PARIS, Sainte-Chapelle, le 12 avril 2024. Airs de Rossini, Meyerbeer, Bellini et Liszt. MICHAEL SPYRES (baryténor), Mathieu Pordoy (piano).

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Emmanuel Andrieu
Emmanuel Andrieu
Après des études d’histoire de l’art et d’archéologie à l’université de Montpellier, Emmanuel Andrieu a notamment dirigé la boutique Harmonia Mundi dans cette même ville. Aujourd’hui, il collabore avec différents sites internet consacrés à la musique classique, la danse et l’opéra - mais essentiellement avec ClassiqueNews.com dont il est le rédacteur en chef.

 

Après un premier week-end consacré à la musique sacrée, un deuxième où a brillé notamment la star lyrique trinidadienne Jeanine De Bique (nous y étions), le troisième volet du Paris Sainte-Chapelle Paris Festival mettait à son affiche le plus célèbre “baryténor” de notre temps, l’incomparable Michael Spyres, accompagné au piano par Mathieu Pordoy. Si son répertoire s’est désormais étendu jusqu’à Wagner, après sa prise de rôle-titre de Lohengrin à Strasbourg le mois dernier (nous y étions aussi), c’est à ses premières amours que Michael Spyres revient ce soir, c’est-à-dire le bel canto rossinien (mais pas que…).

 

 

Formé à l’école américaine, le métier du chanteur étasunien repose sur de solides bases stylistiques, en particulier dans le contrôle du souffle, compensant la relative “nasalité” de son timbre (qui est affaire de goût…). Mais on admire surtout chez lui la qualité de son italien (aussi parfaite que son français que l’on sait particulièrement châtié), d’une netteté et d’une expressivité sans faille, ainsi qu’un sens des nuances à se pâmer, qui font florès dans les Canzone du cygne de Pesaro ici délivrées (“Beltà crudele” et “Mi lagnero tacendo”) ou celle de Bellini “La Ricordanza”. Plus virtuose, il ébouriffe l’assistance avec l’air final “Cessa di piu resistere” (Il Barbiere di Siviglia), qu’il conclut par un contre-Ré tonitruant. Et, dans l’hymne d’adieu à la vie “Suno funeral” extrait d’Il Crociatto in Egitto de Giacomo Meyerbeer, il émeut l’auditoire très international de la Sainte-Chapelle, avec des trésors d’inflexion de voix et de diminuendi dont il a le secret. Il conclut son récital avec les “Tre sonetti di Petrarca” de Franz Liszt dans lesquels il combine douceur et intensité, en y instillant autant de chaleur que d’intimité et de poésie. Il hypnotise surtout par son sens du legato, la respiration naturelle comme par la rondeur du timbre dans tous les registres, entièrement immergé dans cette musique tantôt dramatique, tantôt méditative. Et en guise de bis, il se lance dans le célèbre “La Danza” de Rossini déchaîné et endiablé qui fait délirer le public. 

Enfin, il serait injuste de passer sous silence la prestation de Mathieu Pordoy, car il s’avère non seulement un accompagnateur précis et enthousiaste, mais il délivre – en solo et avec brio – une pièce peu connue de Rossini (extraite de « Quelques riens pour album »), et qui permet au ténor de se reposer entre deux airs de bravoure. Et pour la petite histoire, ce 12 avril était également l’anniversaire des deux compères, et c’est dans un joyeux brouhaha multi-linguistique que les spectateurs venus en masse et du monde entier ont entonné un « Happy birthday » joyeux et improvisé !

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CRITIQUE, récital lyrique. PARIS, Sainte-Chapelle, le 12 avril 2024. Airs de Rossini, Meyerbeer, Bellini et Liszt.  MICHAEL SPYRES (baryténor), Mathieu Pordoy (piano). Photos (c) Mélanie Florentina.

 

VIDEO : Michael Spyres interprète « Cessa di piu resistere » extrait de « Il Barbiere di Siglia » de Rossini

 

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