lundi 21 avril 2025

Cuenca (Espagne). Fondation Antonio Saura, 49ème Semana de musica religiosa, le 1er avril 2010, Jeudi Saint. Jean-Sébastien Bach (1685-1750): oeuvres pour le luth. Andreas Martin, archiluth.

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Plénitude à voce sola

Aux côtés des grandes célébrations collectives, où la doxologie joue l’ampleur et l’exclamation, (comme chaque année, les Passions de Bach ou les fresques oratoriennes de Haendel, interprétés au Teatro Auditorio), le Festival de Cuenca sait aussi préserver des « pauses » plus intimistes où un instrument seul fait chanter sa plénitude.
C’est assurément le cas de ce récital du luthiste Andreas Martin qui dans les salles d’exposition de la fondation Antonio Saura, (le frère du réalisateur Carlos), normalement dédié à la peinture contemporaine, offre un programme Jean-Sébastien pour l’archiluth.

Deux Suites en particulier forment le noyau du concert selon une progression maîtrisée, où au prélude initial (Suite en Sol mineur BWV 995), antichambre préalable où la digitalité se chauffe, les danses qui suivent, libèrent la tension accumulée, créant en une succession de climats de plus en plus euphoriques, l’expression même de la plénitude spirituelle.
La délicatesse et l’art des nuances qui caractérisent le jeu d’Andreas Martin font les délices d’un récital conçu entre méditation et essor chorégraphique, tension et libération. Au calme olympien de la Sarabande, succède le rythme trinaire, libérateur de la Gigue, comme un jaillissement permanent.
Même lecture vive et caractérisée pour la Suite en do mineur BWV 997 dont la Sarabande développe de nombreuses résonances (allant et gravité) avec la Passion selon Saint-Matthieu (qui est programmée le soir même à l’Auditorio, sous la direction de Robert King), comme le précise l’interprète en une courte introduction préalable. Il s’agit précisément d’une citation du choeur final de la Passion (« Wir Setzen uns mit Tränen nieder »).

Même si la présence du luth est attestée pour ses Passions, Bach n’a laissé que peu d’oeuvres originelles pour l’instrument, de plus en plus remplacé à son époque, en particulier entre les années 1710 et 1740, par le violon et le clavecin. D’ailleurs, Bach lui-même touchait-il le luth? Rien de moins sûr en l’état actuel de nos sources.

Ardent défenseur de l’instrument, Andreas Martin s’est fait une quasi spécialité de la transcription des oeuvres de Bach pour le luth ou ici l’archiluth.
De fait, la BWV qui remonte aux années 1727-1731 est une transcription faite par Bach lui-même du violoncelle originel au luth; Bach avait alors une connaissance très précise des ressources musicales de l’instrument grâce à la renommée et aux oeuvres de ses contemporains luthistes, tel Silvius Leopold Weiss ou Johann Kropfgans; quant à la BWV 997, plus ample dans sa forme, elle remonte à la période de Leipzig, autour de 1740.

D’une créativité sans limites, touchant par sa finesse comme par la sonorité très claire de son jeu, Andreas Martin convainc. Voici un Bach exaltant, qui respire et palpite. Cet intimisme rayonnant exalte la ferveur dansante des oeuvres choisies.

Cuenca (Espagne). Fondation Antonio Saura, 49ème Semana de musica religiosa, le 1er avril 2010, Jeudi Saint. Jean-Sébastien Bach (1685-1750): oeuvres pous le luth. Suite en sol mineur BWV 995, Suite en do mineur BWV 997, Prélude en do mineur BWV 999, Fugue en sol mineur BWV 1000. Andreas Martin, archiluth.

Illustrations: Andreas Martin © Santiago Torralba SMRC 2010

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