mercredi 23 avril 2025

Daniel Harding, Chef d’orchestre. « Lune de Miel »Mezzo, les 24 et 25 septembre 2007

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Daniel Harding
, chef d’orchestre.
« Lune de miel »


Mezzo
Le 24 septembre 2007 à 20h45
Le 25 septembre 2007 à 13h45

Récemment nommé directeur musical de l’Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise à Stockholm, Daniel Harding, jeune chef anglais de 32 ans, fait valoir sa jeunesse talentueuse dans ce court et très efficace portrait saisi sur le vif. Janvier 2007, Stockholm. Alors qu’il règne au dehors un froid neigeux qui enveloppe la capitale suédoise dans un climat cotonneux, les répétitions menées tambour battant par le jeune maestro britannique chauffent à blanc, instrumentistes de l’Orchestre suédois, choeur de la Radio Suédoise, et solistes dont Christophe Prégardien.
Au programme, Le Paradis et la Péri de Roberts Schumann, drame lyrique auquel le fougueux chef déclare sa flamme. La partition composée en 1843, est créée trois ans plus tard, en 1846.
« On reproche à Schumann de ne pas savoir composer pour la voix et l’orchestre. Il suffit simplement de suivre les indications de la partition. Le résultat est éclatant, l’orchestration ne pose aucun problème. Tout est question d’interprétation », précise le jeune homme au style très british, cheveux courts, lunettes à la Schubert…

Adoubé par Rattle et Abbado

De toute évidence, l’affinité de sa vision avec la féerie sentimentale de l’oeuvre déchirent l’écran. Le réalisateur Arnaud Petitet prend prétexte du parcours de la Péri, qui est dans la mythologie orientale, un ange déchu désireux de se voir ouvrir les portes du Paradis, afin d’évoquer l’itinéraire fulgurant du bouillonnant maestro. Comme la Péri doit mériter et vaincre les obstacles à son ascension purificatrice, Harding doit sa propre situation grâce à deux chefs au renom international qui ont remarqué le déterminisme de son profil: Simon Rattle et Claudio Abbado. Les maîtres d’aujourd’hui gagnent en prestige quand ils savent reconnaître, d’un geste magnanime et éclairé, qui parmi la jeune génération, pourra leur succéder. Au titre des adoubements de prestige, Harding a disposé des meilleures protections: Rattle lui a permis de diriger à 17 ans, révélant le tempérament du presque adolescent. Abbado n’hésite pas à lui confier les rênes du Mahler Chamber Orchestra, dirigé à présent depuis 10 ans.
On sait le peu de crédit obtenu par le candidat à l’excellence de la baguette, spécialement en France, où le cycle de ses opéras de Mozart, présentés à Aix en Provence, n’ont guère convaincu. Maniérisme, effet de manchette, séduction effrénées et certitude un rien hautaine: il y a un peu de tout cela chez ce jeune élu, visiblement doué, mais trop sûr de lui. Visiblement, devant la caméra, la modestie et l’humilité ne sont pas les plus criantes de ses qualités… Qu’importe, charisme et empathie sont nécessaires pour lever la ferveur d’un orchestre et d’un choeur. Indiscutablement, l’autorité du chef, qui explique beaucoup à ses musiciens, (en particulier le déroulement de l’oeuvre et les épreuves auxquelles se heurte la Péri), fait acte d’accomplissement. Gestes à le fois ferme et précis, vision tranchée de la partition (sur les phrasés, le recours au vibrato, qui est sollicité par l’orchestre d’une façon trop systématique car il faut toucher et atteindre, pour l’exprimer, cette naïveté et cette candeur qui se trouvent lovées dans le coeur de la Péri…). Lune de miel, le titre renvoie à cette période heureuse où, à ses débuts, un chef peut tout demander (ou presque) à son orchestre… tombé sous son charme. Séducteur, Harding manipule à souhaits, sans se forcer, et cela marche.
De nombreux extraits des répétitions, avec l’orchestre, avec les solistes, plusieurs explications de l’oeuvre nous éclairent davantage sur ce profil atypique venu du nord (Harding a commencé comme chef à Trondheim, en Norvège, puis Norköping…). Il aime à dire qu’ici, les gens ne s’offusquent pas de « l’inexpérience des jeunes pourvu qu’ils aient du talent » … A contrario de ce que se passe dans le milieu musical français, verrouillé et conservateur. Autre pays, autres usages. Saluons ce micro-portrait, au montage impeccable qui nous dévoile un peu de la personnalité (assez glaçante il est vrai d’un premier abord) du chef, et qui surtout nous familiarise avec l’univers symphonique de Schumann au génie aussi démesuré et irrésistible qu’il est injustement méconnu.

Crédit photographique
Daniel Harding (DR)

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