Claude Debussy
Prélude à
l’Après-midi d’un faune,1912
Prima la musica
Vendredi 4 mai 2007 à 20h
Concert donné le 1er avril 2007,
Salle Pleyel à Paris
Programme du concert parisien:
Igor Stravinsky
Symphonie d’instruments à vent
Claude Debussy
La Mer
Prélude à l’après-midi d’un faune
Igor Stravinsky
Le Sacre du printemps
London Symphony Orchestra
Valéry Gergiev, direction
Un berger assis le cul dans l’herbe
« C’est un berger qui joue de la flûte, assis le cul dans l’herbe!« , précise Claude Debussy à un chef qui lui demandait des indications précises pour interpréter le solo de flûte introduisant toute la partition. Simple, sans maniérisme ni affectation, l’interprétation doit favoriser l’impression de transparence et de clarté qui insuffle à l’oeuvre, plutôt courte: dix minutes environ-, sa force expressive.
L’argument en est tiré de Mallarmé dont le cycle poétique, « Prélude, interludes et paraphrase finale pour l’Après-midi d’un faune » (1886) devait dans son projet initial, inspirer au compositeur, un triptyque musical. La réalisation s’en tint à un tableau, lui-même composé d’une succession de climats et d’épisodes divers et caractérisés, unifiés par le « fil conducteur » qui est la mélodie du faune, magistralement énoncé dès le début, dans le solo de flûte précité.
Fidèle à son esthétisme, exprimé dans l’opéra Pelléas et Mélisande (créé en 1902) dont la composition est strictement contemporaine de L’Après-midi (1892-1894), Debussy privilégie la sensation sur la description, la brume émotionnelle et suggestive, à l’analyse précise et détaillée. Pourtant la richesse du matériau sonore, l’exubérance de la texture chromatique, indiquent le travail du musicien impressionniste, proche de Whistler, Monet, Pissaro, ces peintres qui à partir de petites touches de couleurs pures, construisent l’éblouissement, le vertige, la volupté d’un paysage contrasté, en pleine lumière.
Musique et danse ressuscitent l’antiquité primitive
Partition climatique s’il en est, L’Après-midi est une somptueuse expression extatique, celle du jeune faune dont le désir et la langueur voluptueuse se mettent au diapason de la nature. Sa danse est une aspiration à se fondre dans le tout universel, dans l’haleine du monde. Ne faire qu’un avec la divine et primitive nature…
Le Prélude à l’Après-midi d’un faune est aussi la première chorégraphie de Nijinsky (1889-1950). Le jeune danseur fait corps avec le personnage central: sa danse mime les reliefs antiques, en particulier la sculpture grecque archaïque et préclassique. Chaque pas semble ressusciter l’élégance mâle et vigoureuse des éphèbes grecs. Visuelle autant que musicale, l’oeuvre suscita un immense succès et continue d’être jouée, surtout comme page instrumentale. La création a lieu le 19 mai 1912, au théâtre du Châtelet (à Paris), sous la direction du chef d’orchestre français Pierre Monteux.
Illustrations
Nijinsky, en faune (DR)
Arnold Böcklin, Faune flûtiste dans les roseaux(DR)