jeudi 24 avril 2025

Deux siècles de musique à Versailles Arte, dimanche 11 octobre 2009 à 9h45

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Deux siècles
de musique
à Versailles


Arte, dimanche 11 octobre 2009 à 9h45

Superbes photos sur les jardins depuis le parterre aux pieds des façades, vues du ciel et des terrasses, théorie des statues ponctuées de buis taillés… raffinement du décor intérieur et des couloirs et galeries tapissés de marbres… ce documentaire qui traverse deux siècles de musique à Versailles est un voyage onirique sans équivalent. Le patrimoine dont il est question, l’un des châteaux les plus visités dans le monde, renaît grâce au rythmes magiciens de la divine musique.
Et si Versailles depuis son origine, sous la volonté d’un roi artiste, Louis XIV, lui-même danseur, guitariste, amateur de ballets puis d’opéras, n’était en définitive qu’un temple monarchique dédié à la musique? Le film donne la mesure des musiques composées pour le lieu, depuis Louis XIII jusqu’à Louis XVI.
C’est François 1er qui institue les 3 corps de musique lié à la Cour de France: L’Ecurie composée des violons, hautbois, flûtes, cromornes et musettes pour le plein air et les déplacements du Souverain. La Chapelle pour les musiques des messes (jusqu’à 3 par jour pour le Roi la Reine et les princes), réputée dans toute l’Europe pour ses choeurs, ses flûtes, ses hautbois…, enfin la Chambre regroupe les musiciens pour les concerts d’intérieur, des appartements, des petits salons et aussi pour le théâtre et l’opéra.
En définitive, voici l’histoire du goût musical des Bourbons, de Louis XIII qui fut avant Louis XIV, un roi musicien, luthiste et chanteur… jusqu’à Louis XVI qui quitte le palais en 1789.

Versailles, musiques des rois de France

Si Louis XIV à partir des années 1660 réorganise la musique en en faisant un acte politique, propre à servir son faste et sa propagande, les arts versaillais sous son règne connaissent un essor unique. Danseur, chanteur, compositeur de ballets et d’opéras, l’italien Lully offre au roi, un opéra national qui avant Wagner, est un spectacle total, associant danse, chant soliste et choeur, divertissement musical et action tragique…
Le film met en lumière la subtile relation de la France et de l’Italie: c’est Lully qui bâtit à la demande du Roi, l’opéra français, puis Marie-Antoinette qui goûte peu les opéras de Lully et de Rameau, applaudit à Paris les Italiens Piccini et Sachini, tout en imposant son favori, Gluck, qui fut son professeur de musique à Vienne…
Chronologique, le docu met en avant la part respective de chaque souverain dans l’éclosion des tendances artistiques: faste et solennité mais aussi tendresse et nostalgie pour les musiques de Louis XIV… et quand vient l’heure de Louis XV, roi à 5 ans, Versailles connaît tout d’abord 7 ans de silence et de repli. Car tout se passe à Paris. Le nouveau souverain aime plus la chasse que la musique.

Sous la règne de Louis XV, la musique est une affaire de femmes: c’est sa maîtresse en titre, La Pompadour qui favorise les musiciens dont surtout Jean-Philippe Rameau, son style est sans égal alors. A partir de 1733, avec la « révélation » de son premier opéra « Hipollyte et Aricie », le compositeur devient le nouveau Lully.: il règne sans égal sur la scène théâtrale jusqu’au début des années 1770.. La Reine aime aussi les musiciens. Et ce sont ses filles, Mesdames, qui instrumentistes virtuoses, jouent tous les grands compositeurs vénérés alors, français et étrangers, Corelli et Vivaldi entre autres, assurant à Versailles la place des modernes étrangers dans le goût de la Cour. Mozart fait la visite avec son père, ébloui par exemple par les choeurs de la Chapelle: pour madame Victoire, le jeune compositeur dédie sa Sonate pour clavecin et violon en ré majeur… (opus 1).

Quand meurt Louis XV (1774), la dauphine Marie-Antoinette qui baille à l’opéra français, sait imposer son compositeur préféré, le chevalier Christoph Willibald Gluck qu’elle applaudit à Paris (contre toute convenance), pour l’opéra Iphigénie en Aulide. Paris comme Versailles sont devenues des villes musicales au goût international. Sous le règne de Louis XVI, le goût s’accélère et la vie des concerts se modifie. La France occupe la première place en Europe: en 1778, Mozart se voit offrir le poste d’organiste pour la Chapelle! Mais le compositeur refuse car il ne souhaite pas s’enterrer dans la ville des rois: tout se passe à Paris, c’est la ville des triomphes de Gluck, lequel réforme l’opéra français.
Les salles s’ouvrent au public de plus en plus nombreux. Les concerts de musique symphonique se multiplient, dans la vénération des oeuvres de Haydn, père de la symphonie, ou dans celle de Gossec qui fournit les premières symphonies françaises.

En 1789, les souverains quittent leur résidence sous la pression du peuple. Concierge du château, le dernier compositeur des rois doit se reconvertir… aux hymnes révolutionnaires. Ainsi la page est tournée. Et si le Versailles des souverains a cessé de vivre, la musique qui a rythmé la vie du temple monarchique continue aujourd’hui de nous enchanter. Ce film, véritable fresque musicale à travers les règnes, témoigne en définitive de la continuité du goût musical et de la vitalité quasi ininterrompue, de Louis XIII à Louis XVI, de l’activité artistique à Versailles.

Le film s’appuie sur la participation des plus grands interprètes baroques et classiques avec point d’orgue, l’intervention de la soprano Véronique Gens, tour à tour, interprète articulée et combien subtile chez Lully (Amadis: « toi qui dans ce tombeau… reçois le sang de ma fureur… »), « Mes yeux fermez-vous à jamais » (Campra), « Quels doux concerts… » (Rameau, Hippolyte et Aricie), sans omettre l’ineffaçable air de Castor et Pollux: « tristes apprêts » dont l’éclat funèbre saisit l’âme. Programme incontournable.

Deux siècles de musique à Versailles. Réalisation : Olivier Simonnet. Coproduction : ARTE France, Camera
Lucida productions, CMBV, Etablissement public du musée et du domaine
national de
Versailles. (2007, 1h25mn)

Un voyage dans l’univers de la musique des 17e et 18e siècles en
compagnie de l’orchestre des Talens Lyriques dirigé par Christophe
Rousset, ainsi que de la soprano Véronique Gens, réunis pour un concert de musique lyrique et orchestrale dans la somptueuse galerie des Glaces du Château de Versailles.

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