mercredi 23 avril 2025

Dimitri Chostakovitch, Symphonie n°13 ‘Babi Yar »France musique, le 28 septembre à 20h

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Cantate en plusieurs mouvements ou symphonie pour soliste ? Comme l’opus qui suit (Symphonie n°14), Chostakovitch organise sa Symphonie n°13 en associant instruments et voix. L’œuvre n’a de disparate ou d’éclectique, en apparence, que ses options formelles. L’unité en est assurée par le prétexte littéraire : la symphonie suit le cycle de cinq poèmes d’Evguenei Evtouchenko : « Babi Yar », « l’Humour », « Au magasin », « les terreurs » et « la Carrière ». Le poète né en 1933, s’est fait connaître dès 1957, en dénonçant au nom de l’idéal révolutionnaire la corruption du système stalinien. Son poème affûté, « Babi Yar », dénonce en 1961, l’antisémitisme du pouvoir. Evtouchenko sera comme Chostakovitch déçu par les nouveaux décisionnaires politiques qui ont succédé au Stalinisme. Le retour à un pouvoir centralisé, à ses dérives conformistes au nom du réalisme socialiste, ne fera qu’aiguiser l’opposition du poète, cependant de moins en moins militant, comme il l’avait été au début des années 60 (quand CHostakovitch s’engage pour sa prose et ses revendications), en organisant des meetings poétiques qui réunissaient plusieurs milliers de personnes.
Au départ, le compositeur ne souhaitait « illustrer » que le premier poème, découvert en 1961. Une première partition sur ce seul poème fut achevée en avril 1962. Puis, Chostakovitch décida de compléter l’œuvre en lui associant les poèmes complémentaires. La partition sur les quatre autres poèmes fut terminée en trois mois.
Et l’auteur put entendre la création de sa Symphonie n°13, intitulée « Babi Yar », le 18 décembre 1962, sous la direction de Kirill Kondrachine (avec le soliste Vitaly Gromadski).

Fiche symphonie
Symphonie n°13, « Babi Yar»
Orchestre : percussions abondantes, comprenant castagnettes, xylophone, célesta, cloches… Contrebasses à 5 cordes.
Commentaires des cinq mouvements : l’adagio initial (1) peint l’horreur. La vision d’un charnier « Babi yar », le ravin des femmes, contenant de nombreux cadavres de juifs soviétiques martyrisés par les nazis. Atmosphère oppressante sur un rythme de marche, sons de cloches. Les courtes vagues chorales constrastent avec les phrases du soliste plus développées. L’allegretto (« l’humour ») (2) est porté par le sarcasme léger et mordant du compositeur : l’humour qui y est célébré, est le plus irrévérencieux, c’est l’apologie de l’insolence contre toute forme d’oppression et d’autorité. L’adagio de « Au magasin » (3) est durablement construit sur un registre doux et songeur. Le quotidien des femmes russes y est évoqué : faire de longues queues devant les magasins. Le largo (« les terreurs ») (4) s’inscrit contre la période de la déstalinisation. Le compositeur, inspiré par la poète y exprime la terreur des temps où « parler à sa propre femme » était une « terreur »… Dans l’allegretto final (« la carrière »)(5), Chostakovitch évoque les hommes de bonne volonté qui par leurs idées, ont pris des risques. Chostakovitch semble inspiré tour à tour par une apparente insouciance puis une profondeur méditative : il se confesse à lui-même, non sans un cynisme terrifiant : « je fais une carrière en ne la faisant pas ».


Prima la musica

Jeudi 28 septembre à 20h

Dimitri Chostakovitch

Symphonie n°13 « Babi Yar »

Sergueï Leiferkus, baryton
Chœur de Radio France
Orchestre national de France,
Direction, Kurt Masur

Crédits photographiques (DR)
Evgueni Evtouchenko, photo
Dimitri Chostakovitch et Kirill Kondrachine,
pendant l’enregistrement en 1962 de la Symphonie n°13.

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