samedi 10 mai 2025

Dmitri Chostakovitch: Symphonie n°9, 1945France Musique, Tribune des critiques, le 19 décembre 2010 à 16h

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Dmitri Chostakovitch
Symphonie n°9
, 1945

France Musique
Dimanche 19 décembre 2010 à 16h
La tribune des critiques de disques

Chostakovitch couvre tout le XXè: siècle d’horreur et de tensions fratricides, dans le pays, hors des frontières; siècle d’effroi et d’inquiétude panique dont il a ressenti très profondément les morsures dans sa chair et son esprit, lui qui fut interdit puis réhabilité d’une certaine façon (toujours ambivalente et trouble) par le régime stalinien. A 36 ans après le scandale de sa Lady Macbeth (si détesté par Staline, 1936), Chostakovitch est sacré génie symphoniste en Russie grâce à sa Symphonie n°7 « Stalingrad » qui célèbre avec un souffle sidérant et une humanité saisissante, la résistance du peuple contre l’armée nazie (1942). Acte musical, acte patriotique et… chef-d’oeuvre artistique indiscutable. Compositeur officiel, Chostakovitch essuie encore des revers quand Khrennikov en 1948 orchestre vis à vis des artistes une nouvelle purge « anti-formaliste ». Le compositeur doit encore et toujours se dissimuler sous un masque de respectabilité soviétique et stalinienne… 15 Quatuors, 15 Symphonies (un défi lancé aux compositeurs classiques et romantiques, tous abonnés aux 9 opus, excepté peut-être Mahler qui laissa… une 10è Symphonie, certes inachevée), Chostakovitch développe un double langage, entre intériorité et déclaration directe, propice à séduire le régime tout en gardant un esprit clairvoyant et une conscience sans tâche.

La Symphonie n°9 de Chostakovitch marque l’évolution de la maturité, créée à Léningrad en 1945 (le 3 novembre), sous la baguette d’Evgueni Mravinski. Composée en août 1945, époque de résolution des guerres en Europe, la partition est la plus courte, la plus légère et curieusement la moins populaire du cycle des 15 Symphonies. 5 mouvements comme la 8è (allegro, moderato, presto, largo, allegretto): son efficacité, sa simplicité auraient là encore suscité la colère de Staline qui voulait une arche solennelle et triomphante. A la place de quoi, la tyran n’eut qu’une… aubade dont les temps forts demeurent surtout l’orientalisme (à la clarinette) du Moderato; les sonneries graves des trombones et le chant solistique du basson du Largo. La réduire à une oeuvre serait évidemment une erreur…

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