Elections présidentielles 2007
Candidats à l’élection présidentielle
Quelle culture pour demain?
On le sait la culture n’est pas le sujet phare des Présidentielles 2007. Si chaque candidat se doit de s’exprimer sur la part de la culture à l’école et dans l’éducation des plus jeunes, les fronts sociaux, économiques, militaires, énergétiques sont des chantiers davantage décisifs. Et quand il y est question de musique, les paroles se font absentes, les idées à peine perceptibles.
Quid du cadre juridique, commercial du téléchargement? Qui défend véritablement le principe d’interopérabilité? Les réponses viennent aujourd’hui de Bruxelles. A l’heure où le Louvre se délocalise (opération commerciale ou politique de prestige?), au moment où l’actuel Ministère repense l’organisation de sa direction de la musique, la culture occupe néanmoins fièrement le devant de l’actualité. La voix des intermittents menace aussi. Car beaucoup de sujets n’ont pas trouvé leur solution.
Des changements structurels importants, l’industrie de la musique enregistrée est en passe d’en vivre comme jamais. Il s’agit bien d’une « révolution » technologique et sociale qui est en marche. La question fondamentale est la question de l’accessibilité et de la liberté du consommateur vis-à-vis des offres numériques à venir. Peu à peu le verrou des DRM s’adoucit et le pôle exclusif (iTunes/iPod) lui-même verrouillé par Apple, essuie de sérieuses critiques sur le plan européen. Aucun des candidats ne s’est clairement exprimé sur cette question… qui doit concerner certainement des opérationnels de la question.
A défaut de dispositions et de promesses précises sur la question musique – marché numérique comme marché physique-, nous avons tenté de résumer les déclarations fortes de chacun des candidats à l’élection présidentielle, sur le chapitre général de la culture. Bilan. La présentation de nos articles suit l’ordre alphabétique des noms de chacun des « présidentiables ».
François Bayrou
(UDF)
La culture doit retourner au peuple. Le champion de la nouvelle France sans clivage Droite-Gauche entend promouvoir une culture de peuple et pas une culture de masse. La culture a manqué un tremplin formidable à l’époque de Malraux, elle est devenue un loisir d’initiés, destiné aux cultureux. Le candidat voudrait une éducation populaire et pas seulement une éducation pédagogique. Internet à ce titre pourrait jouer un rôle moteur: des sites où le gratuit et le marchand coexistent, un accès au téléchargement facilité, des internautes heureux de contribuer contre une « contribution générique » à l’univers des échanges. Pour François Bayrou, internet préfigure ce que pourrait être l’humanité de demain.
Marie-Georges Buffet
(Parti Communiste)
La candidate « coco » aime jouer avec les lettres, ce qui aurait des conséquences importantes en matière de chiffres. Pour elle, le budget de la culture serait rehaussé à 1% du PIB et plus seulement 1% du budget… grâce à une réforme fiscale. Il faut rendre la télé à ceux qui la regardent : imaginer les chaînes de demain, dirigées par les salariés, les usagers, les élus pour éviter la domination des télés commerciales où la culture est une donnée marchande… comme les autres.
Jean-Marie Le Pen
(Front national)
Il s’imagine en corsaire et sent des larmes lui monter aux yeux quand il écoute des marches militaires. Pour le Président du FN, l’état doit conserver le patrimoine mais pas interférer pour la création. La gratuité sur Internet n’est pas souhaitable et dans les écoles, le chant, la pratique instrumentale devraient être beaucoup plus soutenus.
Ségolène Royal
(Parti socialiste)
Pour la candidate du parti socialiste, la culture est une donnée fondamentale pour l’épanouissement de l’individu comme elle favorise la cohésion entre les personnes. C’est une « priorité » : « tout se joue à l’école par l’éducation artistique ». En Poitou-Charentes, la Région qu’elle préside, le budget de la culture a été doublé, un animateur culturel a été nommé dans chaque lycée. Il faut décomplexer l’accès à la culture: de nombreux festivals de la Région sont gratuits. L’état doit favoriser l’accès et la démocratisation à la culture, auprès des handicapés, des exclus, des plus démunis. Il faut des musées gratuits. Les Régions doivent de leur côté assurer le soutien aux talents émergents pour que tout ne se passe uniquement à Paris ou en Ile de France. Des régions pépinières d’artistes et de talents? Pourquoi pas…
Sur la question des intermittents, la candidate a promis qu’elle reprendrait les négociations afin d’éviter l’impasse du dispositif imposé en 2003. Il faut ouvrir la culture partout où cela est possible, en confiant aux intermittents des missions de sensibilisation, là où cela est possible. Quand un festival est empêché ou est en grève, c’est toute l’économie d’une région qui en pâtit (hébergement, tourisme, restaurants…). Le spectacle vivant est donc au coeur du développement économique.
Nicolas Sarkozy
(UMP)
Force est de constater que le candidat de l’actuelle Majorité regorge d’idées, de chantiers à relancer, de projets innovants à lancer. Comme pour Ségolène Royal, l’éducation par la culture est un enjeu essentiel pour la France de demain.
La culture est un enjeu majeur. La valorisation du patrimoine favorise le tourisme. L’éducation artistique est le fondement d’une France nouvelle que le candidat de la Droite appelle « démocratie culturelle ». Dernier volet essentiel, de la politique culturelle défendue dans son programme: l’aide à la création. C’est le fondement de l’exception culturelle à la française. Aide à l’art contemporain, au spectacle vivant, au cinéma… La télévision publique doit reprendre le leadership en matière de programmes culturels, ce que fait isolément et de façon exemplaire, Arte. Il faut que tous les enfants aient accès aux grandes oeuvres de l’esprit. Le candidat souhaite une politique éducative de l’excellence. Et sur le plan économique, les ressources de la culture seront aidées grâce aux partenariats et au mécénat.
Dominique Voynet
(Les Verts)
A l’époque où elle était au gouvernement, la canditate des Verts rappelle le peu d’intérêt des acteurs de la politique pour la culture. Réduite au 1% du budget global, la culture intéresse peu ou se concentre sur quelques événements élitistes, bon ton. La vraie question demeure : qu’en est-il de la culture pour tous? Inquiète quant à la liberté de l’info et à l’essor de la création, Dominique Voynet entend supprimer la publicité sur les chaînes publiques et augmenter la redevance. Mais il faut aussi rendre la télé à ceux qui la regardent (et accessoirement à ceux qui la financent) : que des usagers siègent au CSA!
Illustration
Eugène Delacroix, la liberté guidant le peuple. Détail. (Paris, Musée du Louvre)