Entretien avec
Marco Guidarini
directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Nice
Depuis 2001, Marco Guidarini dirige l’Orchestre Philharmonique de Nice. La nouvelle saison 2007/2007 renouvelle les chantiers amorcés, dans la diversité et l’ouverture. Elle inaugure aussi un cycle d’enregistrements discographiques consacrés à la musique française. Porté par l’énergie de son directeur musical qui avoue être prêt pour Bruckner et Wagner, tout en poursuivant son intégrale Mahler, l’Orchestre Philharmonique de Nice souffle en 2007/2008, ses 60 ans. Entretien avec Marco Guidarini.
Quels sont les temps forts de la nouvelle saison 2007/2008 de l’Orchestre Philharmonique de Nice?
Je suis fier d’annoncer la parution, dès le mois de septembre, de l’enregistrement de « Paysage », mon premier enregistrement avec cet orchestre depuis ma nomination en tant que directeur musical. Il comprend plusieurs pages symphoniques méconnues, dont la Suite Algérienne de Saint-Saëns ou Impressions d’Italie de Gustave Charpentier et marque le début d’un cycle d’enregistrements avec le label belge, Talent Records. Nous donnerons d’ailleurs les Scènes Alsaciennes de Massenet, également incluses dans ce premier album, les 12 et 13 octobre 2007, à l’Opéra de Nice, avant de reprendre le programme, à Nuremberg (théâtre national de Nuremberg, le 19 octobre), ville avec laquelle Nice entretient un jumelage historique. C’est Alain Planès qui sera le pianiste de ce concert et interprètera le Concerto en sol de Ravel. Un beau lancement de saison.
Chaque année l’OPN s’entoure de chefs et d’interprètes d’excellence, à plus forte raison en 2007/2008, puisque l’Orchestre fête les 60 ans de son existence. Soixante ans qui témoignent de son enracinement dans la région et qui soulignent le travail réalisé avec la complicité de trois générations de spectateurs ! L’évènement que crée toujours la Neuvième symphonie de Beethoven, jouée les 14 et 15 décembre 2007, est donc de mise !
2007/2008 est ainsi une saison anniversaire, festive, dans laquelle le piano français est à l’honneur, et au cours de laquelle l’orchestre s’entourera d’invités tels Alain Planes, déjà cité, Jean-Bernard Pommier (10 mai 2008), Philippe Bianconi (1er et 2 février 2008) qui viendra interpréter le Concerto pour piano n°3 de Prokofiev, sous la direction de Marc Soustrot. Natalia Gutman s’illustrera, les 14 et 15 mars 2008, dans le Concerto pour violoncelle n°1 de Chostakovitch… Le chef Guennadi Rojdestvenski et la pianiste Elena Postnikova seront également parmi nous le 2 avril 2008, dans le cadre du Printemps des Arts de Monte-Carlo. Enfin, notre concert de clôture nous permettra de poursuivre le cycle que nous avons dédié aux Symphonies de Gustav Mahler avec la Symphonie n°9 : encore un grand moment !
Le Printemps des Arts, le Festival Manca, sont des rendez-vous que nous manquerons pas non plus cette saison. Nous y ajoutons, avec beaucoup de plaisir, celui que fixe le Festival « Les musiques », à Marseille, le 24 avril 2008, à notre ensemble Apostrophe. Cet ensemble reprend sa saison de musique contemporaine de plus belle : toujours un portrait découverte d’un jeune compositeur, après Régis Campo, en mai dernier, Apostrophe fera honneur à Raphaël Cendo, jeune compositeur français à peine âgé de 32 ans ! C’est notre mission !
Le nouvel auditorium du Conservatoire de Nice ouvrira aussi ses portes à Apostrophe, mais avant à Alain Planès, dans le cadre de la saison de musique de chambre du Philharmonique qui se poursuit, par ailleurs, au musée Marc Chagall et au Théâtre de la Photographie. Je suis vraiment heureux que cette saison anniversaire soit justement faite de collaborations renouvelées mais aussi de nouveaux rapprochements!
Comment caractériser le son de l’Orchestre Philharmonique de Nice?
Je connais bien à présent l’Orchestre : j’inaugure en septembre 2007, ma sixième saison à la tête de cette formation… Ses musiciens sont familiers des grandes œuvres symphoniques des XIX ème et XX ème siècles. L’activité de l’ensemble Apostrophe a largement contribué à affiner le niveau de la grande formation. Proche des orchestres germaniques, je dirais que le Philharmonique de Nice a une sonorité large, profonde mais aussi spécifiquement souple qui lui permet de réussir l’accompagnement de la ligne de chant dans les règles de l’art. En résumé, je mettrais en avant sa souplesse et sa sensualité : deux qualités complémentaires.
Vous dirigez également dans la fosse de l’Opéra de Nice. En octobre, vous donnerez notamment Rigoletto, de Verdi, que vous avez dirigé de nombreuses fois et qui je crois vous tient particulièrement à cœur…
En effet ! L’ouvrage forme avec La Traviata et Le Trouvère, la fameuse trilogie de Verdi. C’est de mon point de vue, l’œuvre la plus moderne des trois, qui annonce en de nombreux aspects, les compositeurs les plus récents de la scène lyrique. C’est une partition saisissante du point de vue psychologique, dense, noire, profonde, qui plonge dans l’inconscient des individus et, de ce fait, annonce les compositeurs du début du XX ème siècle. Songez : à la fin de l’acte III, quand Gilda se sacrifie, la musique verse dans le tragique le plus violent !
Quels sont vos projets pour les années qui viennent?
Poursuivre notre collection de disques avec le label Talents Records ! Après « Paysage », nous avons déjà envisagé les compositeurs des albums suivants. Le prochain volume sera très probablement consacré à Edouard Lalo. Une collaboration que nous espérons pérenniser ! Alors même que « Paysage » paraîtra, l’Orchestre sera de nouveau, sous ma direction, en plein enregistrement d’un coffret regroupant l’intégrale des 7 Concertos pour pianos et deux divertimenti de John Field, pour le label italien Brillant Classics. En soliste, le pianiste italien Paulo Restani. L’enregistrement aura lieu dans le nouveau et très fonctionnel bâtiment du Conservatoire Régional de Nice, dont je remercie le directeur, André Peyregne de nous accueillir. J’aimerais beaucoup compléter notre cycle des Symphonies de Mahler et aborder la Huitième Symphonie, même si la partition exige des effectifs très importants. Je souhaiterai aussi explorer les Symphonies de Bruckner… Et tout cela nous mène naturellement à Wagner pour lequel je me sens aujourd’hui totalement prêt.
Visitez le site de l’Orchestre Philharmonique de Nice
Crédit photographique
Marco Guidarini (DR)