Etienne Vatelot,
Sculpteur d’âmes
Le 5 novembre à 5h45
Le 12 novembre à 11h45
Le 15 novembre à 16h50
Réalisation : Yvon Gérault.
Documentaire 2005, 52 mn.
Un bon luthier sait avant tout analyser les sonorités par interprète. Idientifier le style de chacun pour lui conseiller l’instrument adapté à sa sensibilité : savoir conseiller un Guadarini plutôt qu’un Stradivarius, tout est là… Projection du son, rapidité d’émission, le luthier est aussi un expert des instruments historiques ; question du vernis, qu’est ce qui compose l’exceptionnelle qualité d’un Stradivarius?
Etienne Vatelot fêtait le 13 novembre 2005, ses 80 ans. A l’occasion du concert anniversaire organisé à cette date, salle Gaveau à Paris, le film d’Yvon Gérault retrace la carrière du jeune Vatelot, entré en 1942, dans l’atelier de son père, Marcel, luthier. Ainsi la tradition familiale s’est réalisée de père en fils dans l’atelier créé en 1909 : c’est là, à Provins, que Vatelot le père, a formé son fils. Le père accueillait alors Ravel, D’indy, Saint-Saens.
« Le bon sens, c’est le violoniste d’abord, le violon après » affirme Etienne Vatelot. Car l’homme a soigné comme nul autre, dans le respect de l’enseignement paternel, la qualité humaine puis l’instrument. Souvent des Stradivarius. Intime des plus grands artistes, Rostropovitch, Barenboim, … qui louent ses qualités humaines, Etienne Vatelot sait discerner l’âme de chaque instrument et les attentes des musiciens. Ceux en particulier qui recherchent leur instrument propre. Il aura ainsi assurer le passage des Stradivarius, les plus prestigieux, d’un interprète à l’autre. Protection, sonorité, rapport du musicien et de son instrument : autant de questions auxquelles il a apporté une attention particulière.
Ami des musiciens, il a veillé aux bons mariages et favorisé des combinaisons qui se sont révélées profitables : ainsi, Menuhin a cédé à Perlman, son superbe instrument ; et Francescati cède son Strad à Salvatore Accardo grâce à Vatelot qui permet la rencontre des deux artistes à la Ciotat, près de Marseille… Gageure pour le nouveau propriétaire de faire sonner l’instrument et de s’en rendre digne, à l’égal de son prédécesseur. Sonia Wieder-Atherton a aussi trouvé son instrument, un violoncelle Gotfrieler, grâce à Etienne Vatelot.
Témoignages de Patrice Fontanarosa, Olivier Charlier, les membres du Quatuor Psophos, Rostropovitch qui doit au ltuhier d’avoir acquis son violoncelle, (le fameux Duport qui a gardé les traces des éperons de l’empereur Napoléon dans son bois), … tous sont les « patients » du docteur Vatelot qui ausculte, écoute, diagnostique : conseils sur la sonorité, le jeu, l’équilibre des instruments… Docteur Vatelot soigne autant la tenue technique et musicale de l’instrument que le mental du violoniste, violoncelliste ou altiste. En concert, en concours, l’interprète est un grand angoissé que le luthier, médecin de l’âme, accompagne. Contrôle de la tension de l’âme (pas celle de l’artiste, mais l’âme de l’instrument…), expertises multiples… : aujourd’hui, Jean-Jacques Rampal a repris depuis 1998, la direction de l’atelier dont l’activité se concentre dans le respect de ses prédécesseurs : à l’expertise, au réglage de la sonorité, à la restauration.
Le luthier raconte ses rencontres, ce qu’il aime, comme la respiration des instrumentistes : celle d’Oistrak ou de Menuhin, qu’il sait différencier, rien qu’à l’écoute : car, Etienne Vatelot recommande aux jeunes générations d’écouter, d’apprendre à reconnaître les composantes d’une sonorité comparée à une autre : acidité, couleur nasalisée, timbre velouté ou grave… Evocation aussi de la création de l’école professionnelle de Mirecourt, près de Nancy, qui forme depuis 1970, les élèves apprentis de la lutherie française. Sur la scène de Gaveau, lui rendent hommage, Barenboim et Salvatore Accardo, le facétieux Ivry Giltis qui improvise sur la série des notes que donnent les lettres du nom « Etienne vatelot »…
Davantage qu’un concert anniversaire, c’est l’heure de l’émotion et du coeur, partagée par des amis passionnés par la musique. Le film grâce aux témoignages receuillis met l’accent sur l’humain. L’expérience de la musique est une affaire de sensibilité et d’amitié, de transmission et de partage. Bon anniversaire monsieur Vatelot !