Evgeny Svetlanov
Chef d’orchestre (1928-2002)
Mère cantatrice
Né à Moscou le 6 septembre 1928, Evgeny Svetlanov doit à ses parents, tous deux membres de la troupe du Bolshoï, ses dispositions artistiques et musicales: sa mère, chante Tatiana dans Eugène Onéguine de Tchaïkovski, mais aussi Butterfly de Puccini. Plus tard, celui qui joua le fils de Cio Cio San sur les planches, dirigera l’opéra de Puccini. Elève au Conservatoire de Moscou, jusqu’en 1955, il reçoit l’enseignement de Gnessine et Chaporine (composition), Heinrich Neuhaus (piano), surtout, comme Evgueni Mravinski, son condisciple, les conseils d’Alexander Gaouk (direction d’orchestre), qui a fondé l’Orchestre Symphonique d’Etat d’Urss depuis 1936. A l’époque de Balakirev ou Rubinstein, l’oeuvre fondatrice de Gaouk restera ancrée dans la mémoire du jeune musicien.
Disciple de Gaouk
Dirigeant ses premiers orchestres pour la radio (1953), Svetlanov intégre l’orcheste du Bolchoï (1955) comme chef assistant, premier chef (1962), chef d’orcheste d’honneur (1999). Les grands opéras du répertoire, signés de Tchaïkovski, Moussorsgski, Rimski-Korsakov, Borodine, comme les ballets lui permettent de perfectionner son art de la baguette. Après une tournée triomphale en Italie (1964), Svetlanov devient directeur musical de l’orchestre symphonique d’Etat d’Urss en 1965. Il y restera 35 ans… jusqu’en 1999.
Chef de l’Orchestre d’Etat d’Urss
A la tête d’une phalange qu’il connaît mieux que quiconque, la maestro entreprend dans la continuité des tournées et concerts, l’enregistrement d’une anthologie discographique de la musique russe, dont on mesure en partie aujourd’hui l’inestimable apport. Aux côtés des auteurs russes, Svetlanov marque aussi une préférence pour Mozart et Mahler et surtout la musique française dont Ravel, Dukas, Debussy. On dénombre pas moins de 3.000 cd correspondant à cette oeuvre de titan, pour laquelle si nécessaire, le chef devenait aussi pianiste. Quoique légendaire et historique, son oeuvre à la tête de l’Orchestre se solde par un renvoi sine die, aussi brutal qu’incompréhensible (1999)… En 1992, il est nommé directeur musical du Residentie Orkest de La Haye (Pays-Bas), puis en 1993 (et jusqu’en 2000), chef principal de l’orchestre de la NHK de Tokyo.
Contemporain de Chostakovitch, Prokofiev, Khatchaturian, Svetlanov compose aussi de la musique mais dans un style plutôt « conservateur ». Sa sensibilité le porte vers la culture populaire, dans une écriture post romantique qui s’inscrit dans la tradition de Miaskovski et de son modèle, Rachmaninov (dont il admire en particulier, les Danses Symphoniques). Architecte des masses, poète capable de couleurs ciselées, amoureux du risque et de l’engagement jusqu’auboutiste, voire extrêmiste, Svetlanov s’éteint le 4 mai 2002, à 73 ans.
Discographie essentielle
Tchaïkovski, Symphonies n°1,3. Orchestre d’Etat de l’Urss. 1 cd BBC. Geste véhément, toujours affûté, sens des rebonds dramatiques, avec en prime une rondeur des bois magistrale: du grand Svetlanov!
Chostakovitch, Symphonie n°8. Orchestre Symphonique de Londres. 1 cd BBC 1979
Palette des extrêmes, sursauts expressionnistes: le LSO est presque méconnaissable sous la baguette charismatique du chef moscovite. Musclée, nerveuse et âpre, parfois violente, la lecture se positionne très honnêtement aux côtés du superlatif Rojdestvenski, et ses audaces délirantes à couper le souffle.
Rachmaninov, Symphonie n°2 (1985). Francesca da Rimini (1968). Orchestre d’Etat de l’Urss. 1 cd Scribendum. Rage féline, sensualité irrépressible, la version de la Symphonie n°2 atteint le miracle interprétatif de l’autre lecture connue, et plus ancienne, celle avec l’orchestre du Bolchoï, de 1964.