jeudi 24 avril 2025

Exposition Louis La Caze, collectionneurParis, Musée du Louvre. Jusqu’au 9 juillet 2007

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Exposition
La Collection La Caze
Paris, Musée du Louvre,
Jusqu’au 9 juillet 2007

Un collectionneur avisé

La Caze fut non seulement le plus avisé des collectionneurs parisiens du XIX ème siècle, mais aussi un révélateur: il est l’un des rares amateurs de peintures du XVIII ème siècle français, mais aussi des maîtres espagnols, italiens et surtout nordiques du XVII ème siècle, se délectant en particulier des maîtres coloristes, capables par la seule maîtrise de la couleur et d’une touche libérée, d’exprimer l’ineffable. Ainsi, sa collection compte Rembrandt, Watteau, Chardin (jusqu’à 14 toiles! dont le fameux Bénédicité), Largillierre, Fragonard…
Certains furent jaloux de son intuition et de son génie de l’achat: les Frères Goncourt ne manquèrent pas de le portraiturer en forçant ses défauts, en réduisant l’éclat de ses affaires, plus improvisées et chanceuses que vraiment calculées. Balzac en revanche lui rend hommage en citant dans Le Cousin Pons, l’admirable collection de tableaux qu’il avait réunis, et certains avancent que le collectionneur servit de modèle pour le personnage imaginé par l’écrivain. Balzac s’inspira surtout de la parcimonie scrupuleuse avec laquelle La Caze avait constitué sa collection, sans payer des sommes aussi extravagantes que le fit Lord Hertford, autre riche amateur, qui fut son contemporain à Paris. De son vivant, La Caze fut une légende, autant estimée que critiquée, dont les chefs d’oeuvre entrèrent au Louvre, permettant au musée de posséder entre autres, ses premiers Watteau…

Watteau, Fragonard, Chardin

L’amateur avisé fut aussi un homme ouvert et généreux qui accueillait les artistes et les curieux dans son « musée ». D’où venait la fascination des visiteurs? De la qualité des toiles regroupées. Les fleurons en étaient La Bethsabée de Rembrandt, le grand Gilles de Watteau, plusieurs Chardin, des Fragonard dont la Cascatelle de Tivoli et les « portraits de fantaisie » parmi les plus virtuoses… (L’Abbé de Saint-Non et l’Inspiration). Mais, emblématiques de son goût, ses salons offraient aussi la contemplation de nombreuses toiles du baroque espagnol dont Murillo et surtout, le Pied-bot de Ribeira… Le XVII ème fut en effet un siècle adulé comme en témoignent encore les nombreux italiens présents dans sa collection: Lanfranco ou Giordano dont le cycle des Philosophes..., la Bethsabée de Rembrandt…

Peintre amateur

L’homme est connu. Il a laissé de lui un autoportrait (daté de 1843, à l’âge de 45 ans), un peu sévère mais profond qui laisse le visage aimable d’un honnête amateur, peintre à ses heures, pinceaux et palette en mains que le Louvre possède aujourd’hui, avec les tableaux qu’il a légués. Louis La Caze (1798-1869), médecin de profession, disait avoir suivi l’atelier de Girodet. Il a certainement « traversé » l’atelier du Maître, mais en amateur, pas en premier disciple. Il est intéressant de noter que l’apprenti dessinateur qui imite le métier pictural léché, illusionniste, au faire émaillé d’une habileté estimable (comme sa copie de Psyché et l’Amour d’après Gérard, conservée également au Louvre, en témoigne), se soit passionné comme collectionneur, pour la facture lyrique, les coups de brosse visibles et l’exubérance de la couleur, comme l’atteste son admiration pour Fragonard par exemple. La Caze aimait les empâtements, les effets de matière, cette douce et ennivrante « tartouillade » comme il l’a dit lui-même dans ses écrits. A sa mort, le 11 octobre 1869, La Caze léguait ses quelques 583 tableaux au musée du Louvre, alors Musée Impérial.

De nombreux tableaux « musicaux »

La Caze nous offre de nombreux tableaux ayant pour sujet des portraits de musiciens ou en rapport avec un symbolisme musical: Portrait d’homme en Apollon, ou Portrait de Famille de Largillierre, où la fille du peintre parâit en chanteuse, partition à la main; La Finette de Watteau ou bien encore le portrait du chanteur Pierre Jelyotte (1713-1797), célèbre créateur des rôles de Zoroastre, de Pygmalion, surtout du personnage travesti de Platée de Rameau par Charles Coypel ! En plus de pratiquer l’art du dessin et de la couleur, La Caze était doué d’un goût sûr et d’une curiosité élargie. Nous lui devons de pouvoir admirer aujourd’hui, au Louvre, quelques uns des tableaux de musique les plus poétiques qui soient.

Catalogue de l’Exposition « La Collection La Caze » (Hazan, 287 pages).
Louis La Caze fut bien l’un des meilleurs connaisseurs de la peinture ancienne des XVII et XVIII ème siècles. Le beau métier flamand (Rubens, Jordaens, Van Dyck) mais aussi l’école Hollandaise avec Rembrandt, forment le noyau de sa collection et l’amorce d’un enemble qui s’étendra logiquement vers les peintres français, italiens, et même espagnols. L’amateur apprécie la pâte, le dessin de la brosse visible à la surface de la toile, les belles couleurs… autant de critères qui attestent d’un goût sûr, devenu exemplaire et même essentiel dans l’histoire du musée du Louvre. En 1869, le legs La Caze permet aux cimaises du musée Impérial d’accueillir ses superbes Chardin, Fragonard, Largillierre, ses Watteau et un Rembrandt de première qualité. Une page importante dans l’enrichissement de ses collections est tournée. Articles, inventaire, évocation de la Salle La Caze précisent le visage de cet homme attachant, promoteur des écoles anciennes.
Exposition à voir d’urgence, jusqu’au 9 juillet 2007 à Paris, musée du Louvre. Découvrez sur le site du Musée du Louvre, un aperçu de la collection remarquable constituée par Louis La Caze, jusqu’à sa mort en 1869. Après Paris, l’exposition « La collection La Caze » est présentée au musée des Beaux-Arts de Pau (du 20 septembre au 10 décembre 2007), puis à Londres (Wallace Collection, du 14 février au 18 mai 2008).

Illustrations

Louis La Caze, autoportrait
Coypel, portrait du Chanteur Jelyotte
Watteau, La Finette

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