Félix Mendelssohn
Elias, opus 70
France Musique
Jeudi 4 septembre 2008 à 20h
Concert donné le 1er janvier 2008 à la Philharmonie de Berlin
Fusionner Bach et Haendel
Composé en 1846, après Saint Paul (Paulus, 1836), Elias évoque les aventures du prophète de l’Ancien Testament, précurseur du Messie. Créé au Festival de Birmingham qui en était aussi le commanditaire, l’oratorio montre l’assimilation du genre porté à son sommet au XVIII ème siècle avec Haendel, par Mendelssohn. D’après les lettres adressées à son frère, Mendelssohn fut même surpris par les délires enthousiastes que son Elias suscita auprès du public et des critiques. L’oeuvre témoigne de l’engouement londonien pour la scène oratorienne à l’époque victorienne. Un style jugé fleuri et kitch ensuite, par les critiques postérieurs trop heureux de jeter aux orties une esthétique « dépassée », arbitrairement remontés contre l’oeuvre de Mendelssohn dont ils reprochaient l’usage solennel et boursouflé du style baroque de Haendel. De fait pour la création d’Elias, pas moins de 125 instrumentistes et de 270 chanteurs furent nécessaires.
Musique Haendelssohnienne
Pourtant, l’invention mélodique, le raffinement préservé des options de timbres (duo hautbois-soprano en particulier), impose le génie d’un compositeur qui ne sacrifie jamais l’intensité expressive sur l’autel de la facilité et du « simplement joli ». L’un des grands moments dramatiques reste l’annonce de la pluie par un enfant, à une foule terrifiée… le tableau égale les meilleures réalisations lyriques contemporaines. A Haendel, Mendelssohn mêle aussi des formes héritées de Bach, son modèle en matière de composition sacrée (fugues, chorals…). Et l’on sait avec quel soin, le jeune compositeur romantique écrivait chacune de ses fugues, conscient de ne pas sombrer dans la répétition ni la mollesse, par respect pour son maître baroque. Au demeurant, Mendelssohn tente une synthèse personnelle et originale entre la forme Haendelienne et l’héritage de Bach, fusion in fine réussie mais qui suscita la formule mi critique mi admirative de Wagner, certainement jaloux du don de son « confrère », parlant d’esthétique « haendelssohnienne ».
Concert donné le 1er janvier 2008 à la Philharmonie de Berlin
Félix Mendelssohn: Elias op.70, oratorio
Marlis Petersen et Ines Villanueva : sopranos
Gerhild Romberger : contralto
Steve Davislim : ténor
Yorck Felix Speer : baryton-basse
Choeur de Chambre RIAS
Académie de Musique Ancienne de Berlin
Direction : Hans-Christoph Rademann
Illustration: Felix Mendelssohn (DR)