mercredi 23 avril 2025

Festival International Toulouse les orgues 2008 Du 3 au 19 octobre 2008

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Orgues rayonnantes

Le cru 2008 s’annonce particulièrement équilibré et riche (près de 80 concerts programmés!) : il confirme la vocation patrimoniale d’un festival idéalement implanté dans sa ville, dévoilant chaque année la valeur de ses orgues, intra-extra muros, proposant des concerts d’orgue et aussi, autour de l’orgue.

Le coup d’envoi est donné par l’un des spectacles produits par l’Académie baroque d’Ambronay édition 2008 (créé à Ambronay le 26 septembre précédent): Trionfi Sacri, ceux vénitiens de Gabrielli et aussi de Monteverdi (extraits de la messe In illo tempore de 1610), fresque flamboyante de la dévotion à Venise, portée par les 40 chanteurs et instrumentistes académiciens, dirigés par Jean Tubéry (Cathédrale Saint-Etienne, vendredi 3 octobre 2008 à 20h30. Concert d’ouverture).


Lyre organisée et estaminet lyrique

Tout en soulignant l’irremplaçable palette sonore de l’instrument, grâce à la diversité des orgues de la ville (Cathédrale Saint-Etienne, Eglise-musée des Augustins, Saint-Pierre des Chartreux, Chapelle Sainte-Anne, Eglise du Gesu, Sainte Marie Madeleine, Notre-Dame la Daurade, Notre-Dame de la Dalbade, Temple du Salin, Notre-Dame du Taur…) la programmation multiplie les passerelles et les métissages de timbres. Orgue central certes, mais aussi orgue mêlé et même métissé. Ainsi, la présence des instruments « périphériques », insolites est réalisée grâce au concert de l’Ensemble baroque de Limoges qui présentera son travail autour de la « lyre organisée » (sujet d’un cd édité en 2007): fusion de l’orgue et de la vielle à roue, instrument surprenant pour lequel a composé Joseph Haydn pour le Roi de Naples (divertimenti per baryton, programe « Dé-lyres organisées », le 10 octobre à 20h30, Auditorium Saint-Pierre des Cuisines). Le 11 octobre, à 20h30, le Quatuor Barbaroque (comprenant tympanon, orgue mécanique, bandonéon), et Henri Demarquette (violoncelliste invité) jouent les oeuvres de Haendel, Schubert, Piazzola, Haydn… ; plus tard, un estaminet lyrique est même reconstitué (même date, à partir de 22h45, à l’auditorium Saint-Pierre de Cuisines: l’excellent baryton Arnaud Marzorati, ailleurs caractère familier des opéras de Lully avec le Poème Harmonique, y dévoile son nouveau programme dédié au café chantant de Pierre-Jean Béranger, empereur des chansonniers, mort en 1857, et à son interprète Joseph Darcier… dont Berlioz admira la verve délirante au service du mot (avec Benjamin Righetti, piano, et Yves Rechsteiner, harmonium. Le disque de ce programme immanquable est édité en septembre 2008 chez Alpha).

Puget, facteurs toulousains

Au sein d’une programmation foisonnante, mentionnons entre autres, le 10 ème Concours international d’orgue Xavier Darasse (demi finales les 2 et 3 octobre; finales, les 7 puis 8), l’hommage à Jean Boyer en une journée dédiée (le 4 octobre), le ciné concert qui offrira à l’organiste allemand Wolfgang Seifen d’improviser (orgue de la Basilique Saint-Sernin) sur un film mythique, par ses colorations expressionnistes et fantastiques: le Faust de F. W. Murnau (1926). Point d’orgue avec le volet consacré à la dynastie des facteurs locaux, les Puget, pairs mais à Toulouse, des Cavaillé-Coll, deux familles qui ont indiscutablement dominé la facture au XIX ème siècle: celle de l’orgue-orchestre. Théodore Puget, père et fils fabrique dans la cité toulousaine, jusqu’en 1960, près de 350 instruments. Le festival offre 10 rendez-vous autour des Puget, avec conférences de Jean-Claude Guidarini (les 17 et 18 octobre et improvisations sur l’orgue Puget de Notre-Dame de la Dalbade (le 18 octobre). A la médiathèque José Cabanis, une exposition explicite l’ensemble de l’oeuvre des Puget, et les qualités de leur facture (« Puget, une dynastie de facteurs d’orgues à Toulouse« , du 29 septembre au 19 octobre 2008. Entrée libre).

Finalement les travaux n’étant pas achevés pour le festival, l’inauguration de l’orgue de Notre-Dame de la Dalbade, prévue le 19 octobre, est reportée. Construit en 1888 par Eugène Puget, second directeur de la manufacture toulousaine, il s’agit d’un grand orgue dont la restauration était attendue depuis plusieurs années. Partie remise… (tous les concerts du 19 sont donc annulés. Consulter le site du Festival ci après mentionné). Les amateurs ne manqueront pas le concert de musique française, « au tournant du XXème siècle » (Guilmant, Dubois, Fauré, Bernard), à Seysses, le 16 octobre, ni l’hommage à Olivier Messiaen (extraits de l’Ascension, la Nativité, Corps Glorieux, le 18 octobre à 20h30, à Saint-Sernin).

Offre Jeune Public


Le festival sait diversifier son offre musicale, il a même su tisser à partir de l’orgue des actions vers tous les publics, vers les plus jeunes (1 lecture musicale: l’orgue des couleurs, les 8 et 11 octobre, et 1 spectacle en création destiné aux enfants à partir de 6 ans: Mange-moi, les 15 puis 18 octobre), mais aussi, auprès des habitants de la périphérie toulousaine dont les églises abritent souvent un joyau musical (4 journées en région: Tarn, le 9 octobre; Quercy et Périgord, les 13 et 14; enfin, Gers et Haute-Garonne, le 16 octobre). A tous ceux qui ne connaissent qu’imparfaitement l’orgue, ou qui continuent de lui attribuer une image monumentale ou poussiéreuse, Toulouse les orgues est un festival vivant, riche en promesses et en découvertes, étonnant. Destiné à tous ceux que la sonorité enveloppante de l’orgue captive ou saisit, le festival est aussi un moment unique de contemplation architecturale. Inutile de séparer l’instrument et son espace. L’orgue appartient au monument qui l’abrite. Cette implantation spécifique n’est pas sans lui assurer un charme toujours opérant, celui de faire chanter la pierre. Festival incontournable.

Tous les programmes, les horaires, les temps forts et l’ensemble de l’offre musicale sur le site du festival international Toulouse les orgues


Illustrations: Scène du Faust de Murnau, 1926 (DR), Portrait de Maurice Puget (1844-1960) (DR)

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