mardi 22 avril 2025

Festival La Chaise DieuDu 18 au 29 août 2007

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La Chaise-Dieu (43)
41ème Festival
Du 18 au 29 août 2007

Un lieu hautement historique sur les plateaux de la Haute-Loire, une tradition festivalière largement éprouvée, une dominante de musique sacrée ancienne, baroque et classico-romantique qui ne néglige pas les expressions contemporaines : c’est une dizaine de jours pour une quarantaine de concerts, en fin août, à La Chaise-Dieu.

La Casa Dei sur les hauts plateaux

Tradition casadéenne (de la Chaise-Dieu) l’impose : le Festival, 41e édition, l’un des plus anciens de France, n’a pu exister que sur un coup de foudre esthétique et spirituel proposé par le site et l’architecture gothique. Sur le plateau balayé par les vents, l’abbaye fondée au XIe par Robert de Gerlande (Casa Dei, La Demeure de Dieu), augmentée au XIVe d’une superbe cathédrale gothique n’attendait que…le pianiste Giorgy Cziffra pour inaugurer une résurrection musicale. Commencé bien modestement en 1966 par un concert et une restauration d’orgue, le festival s’étendit d’abord à 2 jours de concerts, et à partir de 1975 s’élança, jusqu’à prendre place dans la liste des manifestations européennes les plus renommées : en 2006, une quarantaine de concerts, 25.000 spectateurs. La Chaise-Dieu demeure évidemment orienté vers sa dominante initiale de musique sacrée, après passage de cette notion à la phase des présences privilégiant les interprètes baroqueux, puis en intégrant aux concerts une théâtralisation. A la tête du Festival, Guy Ramona donnait pendant une trentaine d’années les impulsions fondamentales, et n’a cédé que récemment la place à Jean-Michel Mathé, qui reprend les grandes options en renforçant, semble-t-il, les relations avec la modernité. De l’historique, il ressort en tout cas un palmarès significatif d’œuvres créées ou recréées, de Charpentier, Colasse ou Gossec à Praetorius, C.P.E.Bach ou A.Scarlatti, et des inattendus comme la remise en espace d’une Messe pour le sacre de Napoléon Ier. Des présences illustres ont aussi marqué le festival, et entre vingt autres, celles de M.Rostropovitch et de K.Penderecki.

Danse macabre et espérance

Pour 2007, il en ressort un panorama plutôt généraliste à large dimension symphoniste, qui puise désormais moins dans le vivier des orchestres est-européens que dans celui de l’hexagone. Ainsi la 1ère de Mahler (Orchestre Français des Jeunes, J.C.Casadesus), concerto de violon et 7e (O.N.de Lyon, M.Plasson) et Missa Solemnis de Beethoven (O.N.de Lorraine, J.Mercier) répondent à la célébration d’une Russie éternelle (1er de Tchaikovski – A.Volodin-, Alexandre Newski de Prokofiev : O.N. Lorraine, J.Mercier). Au nombre des inoxydables baroques, un Messie de Haendel par Arcys (Pierre Cao). Mais on va aussi dans un jeu moins attendu, et avec des ensembles qui commencent à drainer la foule des mélomanes avertis : Accentus de Laurence Equilbey traduit le discret, admirable et sans désespoir Requiem de Fauré, si opposé en esprit à la panique de Mozart, Berlioz ou Verdi. On ne pourra pas, en écoutant ces interprètes, ne pas porter le regard vers la célèbre Danse Macabre qui fait la gloire casadéenne, et jouir de cette antithèse… quasi-baroque, de même qu’avec l’Anima Eterna de Jos van Immerseel se lançant dans la Danse Macabre (et les Préludes) de Liszt, avant de rutiler dans Shéhérazade de Rimsky-Korsakov.

Baroqueux toujours

Cela étant posé au XIXe, les baroqueux –programmes et interprètes – tiennent bien le haut du pavé. D’autant qu’un cycle de concerts est consacré en 2007 à Purcell : anthems par les William Byrd (G.O’Reilly), odes pour la vie glorieuse et la mort théâtralisée de la Reine Mary (La Fenice de J.Tubéry) encadrant le vrai-faux opéra par excellence, Didon et Enée, mis en espace sonore et visuel (King’s Consort). Du côté de chez les Italiens, retour à une « œuvre-fétiche de la Chaise-Dieu », les Vêpres de Monteverdi par Akademia (F.Lasserre). Les Paladins (J.Corréas) exaltent l’axe Venise-Naples avec Vivaldi et Durante ; la Cappella de Turchini (A.Florio), que le Festival aida à s’imposer en Baroquie, content la Passion de A.Caldara. Les Tchèques (alias les Bohêmiens) sont présents par le XVIIIème de Zelenka et leurs interprètes praguois (Collegium 1704, Vaclav Luks) qui conjuguent aussi Haendel « anglais » ( dont l’ultime oratorio, Jephté, est joué par la Cappella Amsterdam, D.Reus) et le Haendel suédois, Johan Helmich Roman. J.S.Bach dans deux Messes Brèves et un motet, par les « petits jeunes » de Pygmalion (Raphaël Pichon), Mozart (la 38e) associé au moins connu franco-allemand H.J.Rigel (par les non moins jeunes Cercle de l’Harmonie, J.Rhorer).

Un langage consensuel

Modernité, disions-nous ? Ici, on est favorable aux langages actuels qui ne s’écartent pas trop du consensus raisonnable, et selon une bonne pédagogie festivalière, on joint ces œuvres à du classique ou du romantique. En tête, Thierry Escaich, si présent compositeur en résidence à l’ONL de Lyon : claviériste émérite, il improvise à l’orgue, écoute sa Barock Song, est le soliste de son 2e concerto pour orgue, et masterclassise publiquement. Une pièce mystique et probablement sombre de Pascal Dusapin, Umbrae mortis, est jointe au programme d’Accentus. Eric Tanguy est sûrement plus jubilatoire dans Incanto, de même que Régis Campo dans Lumen et Benoît Menu, dans Libera me. Pietr Fiala, chef du Chœur de Brno, fait entendre sa Gratia Musa Tibi. Parmi les aînés, J.Y.Daniel-Lesur met en musique le Cantique des Cantiques, ainsi que Ton de Leeuw avec Car nos vignes sont en fleurs. Et Frédéric Devreese, le musicien préféré d’André Delvaux – tiens, une idée « accompagnatrice » pour d’autres sessions, et dans un cadre « cinéma et musique » : un festival consacré aux œuvres du cinéaste belge (il était aussi pianiste ), l’un de ceux qui dans le 7e art se soucièrent tant du rapport film-partition sonore – pour la suite orchestrale pour Benvenuta…

40 concerts à La Chaise-Dieu (et aussi Le Puy, Ambert, Brioude, Chamalières). Du 18 au 29 août 2007.
Information et réservation: tél.: 04 71 000 116 ou www.chaise-dieu.com

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